Pour le politologue, « le clivage géographique, socio-économique, ethnique… est resté identique à ce qu’il était il y a 30 ans. Il y a très peu de changements. Ce qui veut dire qu’il n’y a aucun camp qui a réussi à convaincre l’autre. Mais il ne s’agissait pas de convaincre, justement, puisque les choses sont restées figées. Il faut se rappeler ce qu’a dit Jean-Marie Tjibaou « il faut aller à l’indépendance ensemble », ce à quoi Jacques Lafleur avait répondu : « il faut aller dans la France ensemble ». Le mot important, ce n’est pas ce qui clive les deux. C’est le mot « ensemble ». Il est évident, maintenant, qu’il y a tout un travail à réaliser, pour que ce «ensemble », ce destin commun, devienne plus réel. »
Sémir Al Wardi estime qu’il faudra aux Calédoniens, inventer « un système qui satisfasse toutes les parties ». Mais, prévient-il, « on n’en est pas encore là. On a réussi à mettre en place les valeurs communes, mais sur le plan institutionnel, sur le plan de la culture politique, il y a encore tout un travail à réaliser. Ce n’est pas trop tard pour le faire mais il est bien évident que si on veut dépasser ce clivage, il faut aller beaucoup plus loin dans le destin commun. »
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Mais Sémir Al Wardi souligne : « La Polynésie et la Nouvelle-Calédonie, même si on s’est beaucoup suivi sur les statuts, la configuration de la population, des communautés, n’est pas du tout la même. Ici, les Polynésiens sont grandement majoritaires chez eux, à pratiquement 90%. Ils détiennent le pouvoir politique, les compétences. On n’est pas, ici, sur une division entre communautés. En Calédonie, c’est une situation qui pose problème, et qui demande une reflexion encore plus forte de leur part. Le vivre ensemble est nécessaire en Calédonie. Cela ne se pose pas en Polynésie française. »
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Deux autres référendums doivent avoir lieu au Caillou les prochaines années. Le résultat de ce premier vote va-t-il avoir des conséquences sur l’économie de la Nouvelle-Calédonie ? « Le fait qu’il y ait eu un score plus étriqué que ce que l’on pensait, en Nouvelle Calédonie ; le fait que l’on soit parti pour encore deux autres référendums, puisqu’il faut 1/3 des représentants du Congrès pour décider du référendum prochain – et les Indépendantistes l’auront – cela peut créer une certaine méfiance », estime Sémir Al Wardi. On sait que la psychologie peut créer des effets sur le plan économique, et là, on est partis sur 4 ans où les choses vont se discuter. Maintenant, c’est aux Calédoniens, et à eux dans les différents camps : de bâtir ce destin commun. Et plus ils le feront, plus ils auront l’audace de créer quelque chose qui satisfasse tout le monde, plus ils sortiront de cette période-là. »
Rédaction web avec Laure Philiber