Richard Tuheiava : « Le seul point sur lequel nous devons nous entendre, c’est la souveraineté de Maohi Nui »

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L’ancien élu Tavini et actuel directeur de cabinet d’Antony Géros, Richard Tuheiava, était l’invité du journal de TNTV, vendredi soir, pour évoquer la tenue prochaine de la 4e commission des Nations Unies. Dix ans après la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser, il estime que le parti indépendantiste est aujourd’hui en position de force pour négocier avec le gouvernement central. Et malgré les divergences visibles entre le président Moetai Brotherson et certains cadres de sa majorité, il assure que les deux camps travaillent à un même objectif : l’accession à la pleine souveraineté. Interview.

Publié le 30/09/2023 à 9:48 - Mise à jour le 30/09/2023 à 9:55

L’ancien élu Tavini et actuel directeur de cabinet d’Antony Géros, Richard Tuheiava, était l’invité du journal de TNTV, vendredi soir, pour évoquer la tenue prochaine de la 4e commission des Nations Unies. Dix ans après la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser, il estime que le parti indépendantiste est aujourd’hui en position de force pour négocier avec le gouvernement central. Et malgré les divergences visibles entre le président Moetai Brotherson et certains cadres de sa majorité, il assure que les deux camps travaillent à un même objectif : l’accession à la pleine souveraineté. Interview.

TNTV : Cela fait dix ans que la France boycotte la 4e commission à l’ONU. Aujourd’hui, le Tavini est au pouvoir. Pensez-vous que cela va changer les choses ?

Richard Tuheiava : « En réalité, ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que la 4e commission ne fait que reprendre le travail du Comité des 24, au mois de juin. C’est donc un processus annuel.  Elle se réunira aussi dans l’Assemblée générale plénière, en décembre. Cela se passe comme cela tous les ans ».

TNTV : Mais que va changer le fait que le Tavini dirige aujourd’hui le Pays ?

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Richard Tuheiava : « Cela va changer énormément de choses. Pendant dix ans, il y a eu une traversée du désert, à partir de la réinscription. Le jour même de la réinscription, le gouvernement avait ‘shifté’ et c’est le gouvernement de monsieur Flosse qui est entré au pouvoir. Cette traversée du désert a permis au Tavini d’observer la manière dont l’ONU décolonise sous l’angle d’une minorité. Aujourd’hui, la France, notre puissance administrante, a adopté une posture de la chaise vide parce qu’elle prétendait que nous n’avions pas la majorité, que nous n’étions pas représentatifs, chose différente cette année. Il va y avoir, non pas du spectacle, mais quelque chose de nouveau à l’ONU cette année puisque c’est le parti Tavini qui est au pouvoir ».

TNTV : Cette année, 44 pétitionnaires font le déplacement à l’ONU. Moetai Brotherson avait déclaré qu’il espérait que certains des pétitionnaires iraient au-delà du simple discours partisan du Tavini. Partagez-vous ce souhait ?

Richard Tuheiava : « Je n’ai pas plus de commentaires à faire. Le Président a sa posture. Il a une mission institutionnelle à accomplir pour le Pays. C’est le chef de l’exécutif. Il doit prendre ses décisions et on les respecte. Après, lorsque nous sommes en déplacement à l’ONU, nous n’avons pas à discuter de tel ou tel point prioritairement. Le seul point sur lequel nous devons nous entendre, c’est la souveraineté de Maohi Nui, l’accession à l’indépendance, dans un cadre structuré et rassurant, qui permet aux uns et aux autres de s’exprimer, y compris nos amis autonomistes. Mais avec un cadre qui rassure la population pendant le temps de préparation au référendum ».

TNTV : Avez-vous de nouvelles revendications cette année ?

Richard Tuheiava : « Ce sont globalement les mêmes avec, peut-être, quelques mises à jour. L’Eglise Protestante Maohi, qui tient aussi à garder sa neutralité politique, quoi qu’on en dise, s’exprimera en premier et parlera d’indépendance mais aussi de positionnements par rapport à l’axe indopacifique ou d’autres problématiques. Encore une fois, il n’y aura pas de thématique précise qui viendra en supplanter une autre. On est là-bas pour militer pour l’accession de notre pays à l’indépendance ».

TNTV : Les dissensions sont de plus en plus visibles au sein du Tavini, notamment à l’Assemblée. Vous avez travaillé avec Moetai Brotherson et Antony Géros. Selon vous, leurs visions politiques respectives sont-elles conciliables ?

Richard Tuheiava : « Elles sont totalement complémentaires. Ce sont de personnes qui ont de grandes qualités et de grandes compétences. Les temps ont changé. On a muri et grandi. On fait face à des responsabilités différentes. Le monde qui nous entoure a changé et c’est vrai, qu’aujourd’hui, on n’est pas obligé d’être d’accord sur tout, mais ce qui nous réunit, au Tavini, c’est la volonté, non pas d’imposer quelque chose à la population, mais qu’elle prenne conscience que ce n’est pas parce que l’on n’a pas que l’on n’est pas. L’identité ne dépend pas de la possession. On est libre et on va la chercher ».

TNTV : Toujours à l’Assemblée, le cap économique du gouvernement ne semble pas clair aussi bien pour l’opposition que pour certains membres de la majorité. Pensez-vous que le gouvernement est trop lent pour mettre en œuvre son programme ?

Richard Tuheiava : « Je ne vais pas dire ça. Je ne suis plus élu à l’Assemblée. Je suis directeur de cabinet. Je gère cette institution en binôme avec mon élu, le président Antony Géros. C’est vrai que j’entends certaines attentes. Je crois aussi que nos élus ont cette jeunesse et cette fougue et, peut-être, parfois, cette impatience. Deux impatients ne peuvent pas produire quelque chose de bon. Il faut 2 sages, en tout cas 2 personnes qui apprennent à attendre. Le gouvernement est jeune et les élus sont jeunes. Nous avons 34 nouveaux élus sur 38 au sein de la majorité. C’est normal. Ce qui est sûr, c’est que les urnes ont parlé et qu’il ne faut pas, à terme, que le peuple s’impatiente ».

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