Salve de questions orales musclées à l’assemblée

Publié le

Remaniement, rythmes scolaires, propos polémiques sur le CHPF, emprise de Temae... Les questions orales au gouvernement étaient particulièrement attendues lors de l'ouverture de la cinquième séance de la session administrative, ce jeudi.

Publié le 06/06/2024 à 12:28 - Mise à jour le 06/06/2024 à 16:45

Remaniement, rythmes scolaires, propos polémiques sur le CHPF, emprise de Temae... Les questions orales au gouvernement étaient particulièrement attendues lors de l'ouverture de la cinquième séance de la session administrative, ce jeudi.

Premier membre de l’opposition à prendre la parole, Nuihau Laurey s’adresse au gouvernement Brotherson II « sans nouveau ministre » , rappelle-t-il, puisque très légèrement remanié avec le départ d’Éliane Tevahitua de la vice-présidence, remplacée par Chantal Minarii Galenon. « Un non-choix » qui inquiète aussi bien, selon le vice-président de A here ia porinetia, les acteurs économiques que la société civile, « surtout après un bilan, disons-le sans langue de bois, léger » . Surtout, Nuihau Laurey a questionné l’attribution de portefeuilles supplémentaires à Moetai Brotherson, en plus de son mandat présidentiel. « Vous êtes un gouvernement à vous tout seul » , ironise-t-il. « Les dossiers sensibles s’amoncellent sur votre bureau et vous avez choisi d’en demander plus en vous attribuant le Logement et les Affaires foncières » , auxquels il faut ajouter l’Aménagement.

Un « florilège » de portefeuilles que le président du Pays n’a pas l’intention de conserver jusqu’à la fin de son mandat. « Je compte sur l’action de mes services (…) Je vais les conserver à mon niveau pendant 6 mois avant de les confier à quelqu’un qui a toutes les compétences requises » , rappelle-t-il.

La réforme des rythmes scolaires, une « patate chaude »

Concernant la réforme des rythmes scolaires, Édouard Fritch – également tavana de Pirae – résume le travail du ministre de l’Éducation Ronny Teriipaia à « une refilade de patate douce, et chaude aux maires de Polynésie » . « La démarche n’a consisté qu’à demander les souhaits parents et des enseignants. Jusque-là, pas de soucis (…) Là où ça ne va plus, c’est que vous ne finissez pas le travail (…) Pour la fin du parcours, vous renvoyez sans discussion et concertation le dossier à chaque maire » . Édouard Fritch voit l’individualisation des rythmes par commune évoluer plus tard en « un scenario par école » . « J’ai discuté avec les chefs d’établissements de ma commune (…) Je n’aurai pas d’autres choix que d’acquiescer et de financer les conséquences de vos décisions non concertées » , souffle-t-il. « Il faudra satisfaire ou les directeurs d’école, ou les parents d’élèves » .

– PUBLICITE –

« Je n’oserais pas comparer une réforme essentielle pour le bien de nos enfants à un vulgaire légume » , lui répond le ministre, rappelant que la réforme avait été initiée par le gouvernement Fritch et Christelle Lehartel, ministre de l’Éducation de l’ancien président du Pays. La concertation avec la communauté éducative avait bien été respectée, souligne-t-il, lors des Assises de l’éducation, les 11 et 12 mai, puis le 1er juin 2022. « Vous étiez venu faire un discours lors de la remise des conclusions de ces assises le 10 juin (…) La mémoire, tout fout le camp » , enchaîne-t-il.

« Du 21 mars 2022 au 11 décembre 2023, pas moins de 19 réunions de concertation ont eu lieu avec tous les partenaires de l’école (…) sans réponse de la part du SPC, ainsi que de quelques tavana, dont vous » , se défend-il, rappelant la consultation populaire de mars 2024 sur le sujet. « J’ai annoncé les scenarii qui remportaient l’adhésion de la majorité, mais que ces annonces devaient être consolidées par des consultations individuelles de chaque tavana et de leurs services (…) par les inspecteurs de l’Éducation nationale » , ajoute-t-il.

Ronny Teriipaia, enfin, affirme avoir pensé au périscolaire, champ de compétence des communes, en incitant le tissu associatif de la Jeunesse à proposer des activités aux écoliers. « Contrairement à vous, la plupart des tavana ont pris à bras-le-corps cette réforme et ont participé de manière constructive à l’aboutissement de ce projet sur 48 communes » , conclut-il.

Le soutien du gouvernement au CHPF renouvelé… dans les termes

Représentante du Tapura Huiraatira, Tepuaraurii Teriitahi est revenue sur les propos tenus, le 24 mai, par l’élue Sylvana Tiatoa dans l’hémicycle de Tarahoi, alors qu’elle s’interrogeait sur le bien fondé du soutien du Pays au CHPF. Des propos « inacceptables » ayant « fini d’achever les chefs de service » , estime-t-elle, insatisfaits des annonces faites après leur rencontre avec le ministre de la Santé Cédric Mercadal mardi dernier. Une partie du personnel du CHPF a décidé de porter un brassard noir ce jeudi, en guise de protestation. « Accuser l’hôpital et les médecins de ne pas soigner les Polynésiens est inacceptable » , répète-t-elle, demandant au ministre de se positionner par rapport aux propos de la représante Tavini.

« Sur ces propos, mon président et celui de l’Assemblée – par courrier – se sont exprimés, commence par répondre Cédric Mercadal, avant d’évoquer une histoire d’accident grave, que vivent les Polynésiens « tous les jours » . « En tant que ministre de la Santé, je soutiendrai toujours le corps médical public et privé, le corps médical qui m’a permis d’être devant vous et de marcher (…) C’est l’engagement de mon gouvernement et de ma majorité » , assure-t-il sous les applaudissements des élus de la majorité.

La conciliation avant la consultation populaire pour Temae

Enfin, l’élu de Moorea-Maiao Tevaipaea Hoiore a interpelé Moetai Brotherson concernant l’exercice des droits du Pays sur l’emprise réservée de Temae, où le groupe Wane – propriétaire du domaine – souhaite développer un important projet hôtelier haut de gamme, demandant la mise en place d’une « consultation populaire pour décider du rachat de l’emprise réservée par le Pays pour l’aménager comme bien commun » .

Le président du Pays a d’abord tenu à dire que son gouvernement souhaite favoriser l’accès de la population au littoral. Mais le projet hôtelier, dit-il, génèrerait « 300 emplois à l’exploitation » selon son propriétaire. « Est-ce qu’on peut concilier les besoins de la population de continuer à accéder à la plage publique, jouir de cet espace magnifique, et cette volonté de développement touristique et économique du propriétaire du terrain ? » , pose le président, qui indique avoir récemment rencontré les représentants du groupe Wane, dont les propositions « méritent qu’on engage la concertation » entre propriétaire, Fédération Tahei auti ia Moorea, et commune.

« On a quelqu’un qui propose de faire don à la Polynésie de 4,8 hectares en bord de mer à Moorea (…) Il faut l’entendre et donner à la Fédération et au propriétaire l’occasion de dialoguer. L’option de consultation populaire sera le bout du chemin, si la conciliation n’arrive pas à se faire » .

Dernières news