TNTV : Vous êtes tête de listes de Hau Maohi. Hau Maohi est un tout jeune parti. Pour commencer, comment est-ce que vous vous positionnez sur l’échiquier politique ? Vous dites vouloir l’indépendance mais pas tout de suite. Où est-ce que vous vous situez exactement ? Où est-ce que se situe Hau Maohi ?
Tauhiti Nena : « Hau Maohi est un mouvement d’union. Il y a un groupe d’indépendantistes, des groupes d’autonomistes… Il y a des priorités. Il y a des familles qui souffrent, qui n’arrivent pas à payer leurs factures, qui n’arrivent plus à se nourrir, qui n’ont même pas de logement, donc il y a des priorités. À partir de là, on s’est dit que le référendum pour l’autodétermination, on le demandera dans 15 ou 20 ans. On le mettra dans les accords de l’Elysée qu’il faudra revoir. (…) Dans 15 ou 20 ans on verra si on peut consulter la population. »
TNTV : Justement, les accords de l’Elysée, c’est très présent dans votre programme. Ce qui supposera de travailler avec l’Etat. Cela va être assez long à mettre en place. Vous voulez modifier les accords de l’Elysée…
Tauhiti Nena : « Les accords de l’Elysée ont été modifiés en 2017. En ce qui nous concerne, il y a des mesures à mettre en place, concernant le nucléaire, concernant le développement du Pays. Il est vrai que si on veut mettre en place des projets, on veut vraiment soutenir la population et autres, la première chose c’est de créer de la richesse. En ce qui concerne Hau maohi, le fait que Fare Rata devienne une banque, une assurance, que EDT soit territorialisé, que le Pays et Air Tahiti Nui investissent dans des chaines hôtelières, c’est ce qui va nous permettre d’engendrer plus d’une vingtaine de milliards, réduire le budget de fonctionnement du Pays, c’est encore 20 milliards, et à ce moment là l’Etat nous soutiendra sur tous les projets qu’on voudra mettre en place pour un réel développement du Pays. »
TNTV : Changer les accords de l’Elysée, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Vous voulez mettre en place le plan 400 cadres par an. Est-ce que vous pouvez nous expliquer en quoi ça consister concrètement ?
Tauhiti Nena : « Il faut se référer à ce qui s’est passé en Nouvelle-Calédonie avec les accords de Nouméa et ensuite avec un référendum dans 20 ans. Et bien sûr pendant ces 20 ans, un réel programme de developpement. Ce plan des 400 cadres… On a besoin de médecins. Aujourd’hui nos étudiants, il n’y en a que quelques uns, moins d’une dizaine qui réussissent le concours d’entrée. Ce plan de 400 cadres pourra nous permettre de prendre les 20 ou les 30 premiers chaque année. C’est ce qui va nous permettre de former 300 médecins en 10 ans. Concernant des ingénieurs agronomes et autres, concernant d’autres secteurs également, c’est qu’ils puissent entrer dans de hautes écoles sans concours d’entrée. »
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TNTV : Alors comment en fait pour entrer dans les hautes écoles sans concours Tauhiti Nena ?
Tauhiti Nena : « C’est faire des concours comme ils font mais on prendrait les meilleurs étudiants polynésiens. Et ils sont capables. Je prends l’exemple des médecins. Quand ils ne réussissent pas le concours, ceux qui ont les moyens passent par l’Australie, la Nouvelle-Zélande et reviennent 10 ans après. Ils sont quand même médecins. »
TNTV : On va parler logement. Vous avez également un autre projet très ambitieux, celui de faire 10 000 logements en 5 ans soit 2000 par an. Actuellement, le Pays penne à en construire quant à lui 500 par an. Comment est-ce que vous, vous comptez vous y prendre ?
Tauhiti Nena : « Cest vrai que ces 10 dernières années, c’était de 200 à 500 logements. Pour y arriver, il nous manque, on n’a pas suffisamment d’entrepreneurs, pas suffisamment de plombiers, de menuisiers. Ce sont les représentants de l’OPH qui m’ont dit que cet objectif n’est pas viable parce qu’il n’y a pas suffisamment d’entrepreneurs. Hau Maohi, pendant les 6 prochains mois, on va former des entrepreneurs, on va former des menuisiers et des plombiers. »
TNTV : On le trouve où l’argent pour financer de telles formations ?
Tauhiti Nena : « Les 9 milliards du CAE. On voit qu’il n’y a que 1% de CDI derrrière. Nous on va les centrer sur des emplois bien ciblés. On a 700 guides de plongée. Nous n’avons que 30 Polynésiens. Il faudra former 200 guides de plongée. En 6 mois on sait qu’on aura des CDI. Concernant également le 2nd degré au niveau des enseignants, on va bloquer 400 postes pour la prochaine rentrée. »