TNTV : Vous êtes un autonomiste de longue date, vous avez été ministre sous Gaston Tong Sang, sous Édouard Fritch. Pourquoi créer aujourd’hui un nouveau parti ?
Tearii Alpha, président du Hotuatau Firiau’i : « J’ai été ministre de Gaston Flosse, Oscar Temaru, Gaston Tong Sang et Édouard Fritch. J’ai pris mes responsabilités avec des amis, des hommes et des femmes qui sont autour de moi, qui me connaissent (…) dans cette urgence de cette mondialisation qui est déstabilisante, où il y a des enjeux de sécurité importants, nous sommes en train de vivre des moments historiques dans notre vie (…) il y a urgence de nous concentrer sur le développement. C’est par le développement que nous réussirons tous ensemble, quels que soient les courants, qu’ils soient autonomistes ou indépendantistes, à organiser notre pays vers la réussite » .
TNTV : C’est quand même un parti autonomiste, ou vous situez-vous au-dessus des partis ?
T.A : « Mes racines sont autonomistes. Mais quand on dit autonomiste, c’est qu’on n’arrive pas à travailler avec des indépendantistes. Donc il faut être dans le développement. Le développement, c’est la seule voie qui va nous sortir le Pays pour la réussite, avec une métamorphose de notre société. Il faut retrouver son ancrage traditionnel et spirituel. Et surtout, être dans l’innovation et dans l’exemplarité, réveiller toutes les initiatives privées, toutes les initiatives d’entreprise qui pourront être la locomotive de notre développement. L’unité polynésienne doit être prônée. J’ai un principe, c’est lorsqu’on a des élus qui sont élus, on travaille avec eux. C’est dans une relation paisible qu’on construit notre Pays » .
TNTV : Vous parlez d’unité, on sait que c’est la désunion qui a notamment précipité la défaite des autonomistes aux dernières élections. Est-ce que vous ne craignez pas, finalement, d’accentuer cette désunion avec un nouveau parti ?
T.A : « La population souhaite le développement. Il faut prôner des attitudes, prôner aussi une vérité dans les relations avec les élus qui sont élus et les élus qui dirigent notre Pays aujourd’hui. Je me suis levé pour prendre cette responsabilité. Je veux juste rappeler que j’ai toujours soutenu le Tapura loyalement jusqu’à la fin. Je n’ai jamais été membre du comité directeur de Tapura, mais je suis reconnaissant envers Édouard Fritch, celui qui m’a fait confiance, qui m’a propulsé dans la vie publique à diverses responsabilités » .
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TNTV : Vous défendez aussi le bilan du Tapura ?
T.A : « Je défends les bilans de Gaston Flosse, d’Oscar Temaru, de Gaston Tong Sang et d’Édouard Fritch. Parce que lorsqu’on construit un pays, il ne faut pas effacer tout ce qui a été fait avant ce qui arrive aujourd’hui. Et on construit toujours sur les fondations de nos aînés. C’est ma doctrine politique. Il faut reconnaître ce que les aînés ont laissé pour notre Pays » .
TNTV : Alors, puisque vous parlez du passé, on peut rappeler que pendant la pandémie de Covid, vous avez exprimé une position qui était différente de celle du gouvernement. Vous étiez alors vice-président. Pourtant, vous expliquiez avoir une condition particulière en matière de santé. Est-ce qu’aujourd’hui, vous assumez ces propos ou est-ce que vous les regrettez ?
T.A : « J’assume mes propos. Je regrette d’avoir été à contre-courant de ce qu’ont souhaité les pouvoirs publics. Je veux juste rappeler que j’ai payé pour cela. J’ai payé devant le tribunal. J’ai payé pour le mariage. J’ai payé électoralement. Mais je suis aujourd’hui engagé et volontaire pour pouvoir changer et changer l’unité dans notre Pays pour avancer vers le développement. Si j’ai quelque chose à laisser pour mon pays, c’est de travailler pour le développement, quels que soient les courants politiques. Évidemment, je suis autonomiste. Je pense que c’est par la voix et par le soutien de la France qu’on réussira. Mais cette volonté d’avoir un ancrage traditionnel, un ancrage spirituel, un ancrage différent des autres, il faut la reconnaître. La devise de notre mouvement, c’est à Dieu, à la terre, à l’homme. Ce qui veut dire que nous, les populations, nous avons notre part à jouer, mais il faut que notre Pays retrouve une partie de sa spiritualité » .