Tematai Le Gayic : « Nous sommes en train de rejouer le match des territoriales »

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Candidat aux élections législatives dans la première circonscription pour le Tavini Huiraatira, Tematai Le Gayic était l’invité du journal de TNTV, ce vendredi. Le député sortant s'alarme de l'importante "montée de l'extrême droite" à l'échelle nationale et souhaite poursuivre ses dossiers à Paris, notamment la sensibilisation des parlementaires français à "la protection du foncier et de l'emploi" au fenua.

Publié le 22/06/2024 à 11:19 - Mise à jour le 22/06/2024 à 11:52

Candidat aux élections législatives dans la première circonscription pour le Tavini Huiraatira, Tematai Le Gayic était l’invité du journal de TNTV, ce vendredi. Le député sortant s'alarme de l'importante "montée de l'extrême droite" à l'échelle nationale et souhaite poursuivre ses dossiers à Paris, notamment la sensibilisation des parlementaires français à "la protection du foncier et de l'emploi" au fenua.

TNTV : Comment avez vous réagi lorsque le président de la République a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale ?
Tematai Le Gayic, candidat aux élections législatives – 1ere circonscription : « C’est son droit. Maintenant, le contexte particulier français fait que nous devons en responsabilité décider de comment est-ce qu’on mène ces élections législatives. C’est un contexte où il y a une montée de l’extrême droite au niveau national (…) lorsqu’il y a une montée de l’extrême droite aussi importante à l’échelle française, nous ne pouvons pas ne pas être alarmés et combattre l’extrême droite » .

TNTV : Nouvelle élection, nouvelle campagne avec des déplacements dans les quartiers de Tahiti, de Moorea, dans les îles, des meetings tard le soir et des plateaux radio tôt le matin. Qu’est-ce qui vous donne la force de continuer ?
T.LG : « Il y a d’abord une promesse, un serment qui a été fait en 2022 auprès des Polynésiens qui nous ont fait confiance. Je les remercie d’avoir par deux fois renouvelé cette confiance, notamment l’an dernier aux élections territoriales. Mais cette petite parenthèse me permet de rappeler l’élection dans laquelle nous sommes. Nous sommes dans des élections législatives partielles avec un contexte particulier. Et quand j’entends ici et là ce qui est dit aux Polynésiens, nous ne devons pas nous tromper d’élection. Nous sommes en train de rejouer le match des territoriales lorsqu’on voit que la France est servie comme une tirelire sur laquelle nous pouvons aller demander des chèques en blanc. L’époque où la France était généreuse était l’époque où il y avait une fraternité entre le président de la République Jacques Chirac et le président de la Polynésie de l’époque Gaston Flosse à la sortie des essais nucléaires. Nous ne sommes plus dans ce même contexte. La France est dans une situation financière extrêmement difficile. Le gouvernement français ne connaît pas la Polynésie, ne connaît pas ses spécificités. Il faut bien recadrer quel est le rôle du député. Le député vote des lois nationales et contrôle l’action du gouvernement » .

TNTV : Quelles sont les principales inquiétudes des personnes que vous rencontrez sur le terrain justement en ce moment ?
T.LG : « Fort de cette explication, on a beaucoup de Polynésiens qui connaissent la différence entre les différentes élections et n’hésitent pas dans les meetings à rappeler quel est le rôle du député. Pendant les deux ans, il y a eu des acquis que nous avons réussi, en ce qui concerne la sensibilisation sur le nucléaire. Et grâce à cela, nous avons réussi à créer une première commission d’enquête sur le suivi des conséquences des essais nucléaires. Il y a un deuxième volet sur la question de la fonction publique d’État. Nous nous sommes battus contre le gouvernement Macron qui a imposé une nouvelle formule sur les pensions civiles des fonctionnaires d’État qui touche particulièrement nos retraités polynésiens, sur laquelle nous souhaitons encore nous investir pour que la pension civile des fonctionnaires polynésiens soit juste et adaptée au coût de la vie en Polynésie. Et il y a tout le volet (…) pour sensibiliser les parlementaires français sur l’importance de la protection du foncier et de l’emploi qui, aujourd’hui n’est pas acquis dans notre statut d’autonomie, qu’il faut faire évoluer, notamment sur la question de la citoyenneté. On l’appelle comme on le veut, mais le principe, c’est qu’on puisse identifier le peuple spécifique qui existe en Polynésie, quel que soit le nom qu’on lui donne, et c’est lui qui pourra jouir des acquis de protection de l’emploi et du foncier » .

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TNTV : Et si vous êtes réélu, quelles seront vos priorités à l’Assemblée nationale ? Des dossiers que vous avez déjà portés ?
T.LG : « Oui, et puis je pense qu’il faut être clair avec les Polynésiens. La dissolution de l’Assemblée nationale fait qu’on nous redonne un mandat de 5 ans, c’est-à-dire jusqu’en 2029. Sauf qu’il y a des élections présidentielles avant, qui sont en 2027, et il y a de fortes chances que le président qui sera élu en 2027 dissoudra l’Assemblée nationale afin de recomposer sa majorité. Donc il n’y a que 3 ans pour travailler, 3 ans pour reprendre les dossiers qui ont été travaillés dès 2022, durant ces deux dernières années. Et il y a une urgence qui est l’examen budgétaire en fin d’année. J’ai eu la chance d’avoir été nommé par mes collègues rapporteurs du budget outre-mer (…) avec le gouvernement polynésien, nous sommes déjà en train de discuter sur le troisième instrument financier, par exemple, ou d’autres dispositifs budgétaires que nous devons, dès l’issue des élections législatives, porter au niveau national » .

TNTV : En 2022, peu de temps après votre élection, vous avez porté le combat du Tavniw Ratira à l’Assemblée nationale pour l’accession à l’indépendance. En cas de réélection, vous allez privilégier les besoins du peuple maohi ou le combat politique du Tavini Huiraatira ?
T.LG :
« C’est la même chose. Lorsque j’ai été élu, ma première intervention était la question de la précarité étudiante. Et ensuite, je me suis beaucoup investi sur la question de l’accès à l’eau. Souvent, les patriarches à l’intérieur de l’Assemblée nationale nous disent qu’il ne faut pas courir après plusieurs chevaux (…) C’est-à-dire qu’il faut avoir des sujets de présélection, parce qu’il y a 577 députés et il faut être identifié dans un sujet particulier. Personnellement, on m’a identifié sur deux sujets, le volet institutionnel et le volet budgétaire. C’est sur ces points-là que je souhaite reconduire ma mandature. Ensuite, le volet institutionnel, comme je l’ai dit, il y a des acquis de sensibilisation sur lesquels nous nous sommes intéressés. Nous avons réussi à faire en sorte que les parlementaires français soient au fait de ce besoin d’évolution statutaire. Et ce que je regrette, dans la nouvelle plateforme autonomiste, c’est qu’ils ne souhaitent pas d’évolution statutaire alors qu’on le voit, l’évolution statutaire, quelle que soit notre vision d’une indépendance ou pas, est nécessaire parce que notre statut d’autonomie aujourd’hui bloque le développement de notre pays » .

TNTV : Tantôt, nous avons parlé d’écologie. C’est un enjeu majeur dans l’ensemble de la planète. Est-ce que vous comptez porter ce combat à l’Assemblée nationale également ?
T. LG : « Oui, on l’a déjà fait, puisque je suis intervenu pour la création d’un moratoire sur la protection des fonds marins. Et dans le programme que nous défendons, nous souhaitons avoir un fonds d’investissement identique à la péréquation qui est proposée pour qu’il y ait un lissage du prix d’électricité dans les outre-mer. Nous ne souhaitons pas que la France investisse dans du fonctionnement, comme on le voit dans divers programmes politiques. Mais nous souhaitons que la France nous accompagne dans l’investissement, et c’est le cas dans le cas de la transition écologique » .

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