« Un cycle s’achève pour ATN » , annonce Moetai Brotherson

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De retour de Singapour où il a multiplié les rencontres avec de potentiels porteurs de projets touristiques et investisseurs étrangers, Moetai Brotherson est revenu dans notre journal sur la situation préoccupante d'Air Moana et les changements à venir chez Air Tahiti Nui. Le président du Pays estime qu'"un cycle s'achève" pour la compagnie au tiare, dont le PDG Michel Monvoisin serait sur le départ.

Publié le 03/04/2024 à 11:10 - Mise à jour le 03/04/2024 à 11:43

De retour de Singapour où il a multiplié les rencontres avec de potentiels porteurs de projets touristiques et investisseurs étrangers, Moetai Brotherson est revenu dans notre journal sur la situation préoccupante d'Air Moana et les changements à venir chez Air Tahiti Nui. Le président du Pays estime qu'"un cycle s'achève" pour la compagnie au tiare, dont le PDG Michel Monvoisin serait sur le départ.

TNTV : Le déplacement à Singapour était-il une priorité ?
Moetai Brotherson :
« C’était un déplacement nécessaire, sur invitation du gouvernement de Singapour. Ça nous a permis d’échanger avec eux sur leur façon d’opérer, sur cette administration qui est un modèle d’efficience dans le monde entier. On a rencontré des acteurs privés qui sont intéressés pour venir investir chez nous. On a pu se rendre au siège de Google pour continuer d’avancer sur ce dossier de câbles » .

Lire aussi – À Singapour, Moetai Brotherson en discussion avec Google pour les futurs câbles

TNTV : Le Pays a-t-il pris en charge une partie du séjour ?
Moetai Brotherson :
« Oui, la partie non institutionnelle, c’est-à-dire la partie rencontre avec les investisseurs privés. C’est une mission classique, comme celles qu’organise le Pays régulièrement. C’est le gouvernement de Singapour qui a payé sur la partie institutionnelle » .

TNTV : Google a confirmé l’installation de câbles transpacifiques. A-t-on une idée des retombées économiques que cela pourrait représenter ?
Moetai Brotherson
: « Les retombées dépendront de ce que l’on en fait. Google nous apporte une opportunité extraordinaire de multiplier par 50 le débit à l’international. C’est une opportunité de sécuriser les connexions. On a vu avec les dysfonctionnements d’Honotua que l’on n’est pas à l’abri. Une fois que ces 5 câbles seront tirés, on sera dans une situation de redondance au-delà de ce qui est nécessaire. Ça constitue un facteur d’attractivité : des sociétés qui ne viendraient pas s’installer chez nous aujourd’hui du fait de la faiblesse du débit et de la non-garantie de ce débit sont maintenant intéressées (…) J’ai reçu des appels de grandes sociétés dans le domaine de l’informatique, mais pas que, dans le cinéma etc, qui veulent commencer des discussions » .

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TNTV : N’y aurait-il pas un enjeu de surveillance ? La zone Indopacifique est le théâtre d’une lutte d’influences entre grandes puissances.
Moetai Brotherson
: « Je n’irai pas sur le terrain de la surveillance, en revanche, il y a un enjeu de souveraineté. Aujourd’hui, la plupart des câbles sous-marins dans le Pacifique passe par la zone Nord, près de la Chine, avec les enjeux politiques que cela peut emporter. C’est une nécessité, à la fois pour les nations européennes et pour les États-Unis, de disposer d’un maillage dans le Pacifique Sud » .

TNTV : Singapour est une potentielle porte d’entrée vers l’Asie, une niche de potentiels porteurs de projets touristiques et investisseurs. Êtes-vous confiants après ce voyage ?
Moetai Brotherson :
« Oui. Ceux que j’ai rencontrés m’ont confirmé leur intention de participer aux prochains appels à projets que nous lancerons sur les sites touristiques remarquables qui dépendent du Pays. On a rencontré les plus grands groupes de Singapour qui nous ont remis le même message » .

Lire aussi – Singapour, une porte d’entrée vers l’Asie « à ne pas négliger » estime Moetai Brotherson

TNTV : Ces acteurs comptent-ils sur la défiscalisation ?
Moetai Brotherson :
« Pas du tout » .

TNTV : C’est le Pays qui va mettre à disposition des terres pour les projets hôteliers ?
Moetai Brotherson :
« Oui, ce n’est pas un schéma délirant. C’est ce qui a été fait par le gouvernement précédent sur le Village Tahitien, avec des baux emphytéotiques. C’est le même principe, on met à disposition des terres qui appartiennent au Pays sur des durées très longues, et les investisseurs font leurs investissements » .

TNTV : Avez-vous déjà identifié des zones ?
Moetai Brotherson :
« Elles sont connues. Il y a potentiellement celle du Village Tahitien, en fonction des discussions avec ceux qui sont déjà lauréats des 4 lots qui ont été attribués. Il y a la zone de Tiahura, où était situé l’ancien Club Med, dont une partie est maîtrisée par le Pays. Il y a l’ancien Hana Iti et le site de l’ancien Sofitel à Huahine, il y a l’atoll de Anuanuraro et d’autres sites… La liste est longue » .

TNTV : Comment l’État perçoit-il votre démarche ? Vous avez la compétence internationale, mais quel est le regard de l’État dessus ?
Moetai Brotherson :
« Je n’ai pas de problèmes là-dessus. Nous étions accompagnés sur la partie institutionnelle à notre demande par l’ambassadrice de France à Singapour. Elle n’était pas là sur les rendez-vous privés. C’est un déplacement dont j’ai parlé lors de ma première rencontre avec le président Macron, qui m’a félicité pour l’initiative » .

TNTV : Revenons au fenua. La loi fiscale adoptée par votre majorité en décembre dernier a été annulée par le Conseil d’État. Quelles seront les conséquences pour les patentes, les personnes qui auraient bénéficié d’un trop perçu ou au contraire ?
Moetai Brotherson
: « J’ai entendu tout et n’importe quoi : 4 milliards de francs, 1,7 milliard… On se serait crus au marché de Rungis (…) La réalité est éloignée de ces joutes politiciennes. Nous avons re-présenté rapidement quasiment le même projet de loi de Pays. Nous allons amender à la marge ce projet de loi fiscale pour tenir compte de certaines remarques qui nous ont semblé pertinentes (…) L’impact est minimal » .

TNTV : Entendez-vous les partenaires sociaux, puisqu’il semble que le dialogue peine à se faire ?
Moetai Brotherson
: « Je les entends et j’ai reconnu ce défaut qui a prévalu dans la conception de cette première loi fiscale. J’ai donné l’instruction à tous les ministres, pour cette année, d’opérer dans la concertation. C’est une exigence que j’ai posée. Il y a un calendrier des concertations qui ont été présentées par tous les ministres, chacun dans sa thématique. On a commencé par des journées de prospectives économiques pour mettre autour de la table tous les acteurs. Il y a d’autres consultations prévues jusqu’à la période qui va précéder l’élaboration du budget 2025. C’est valable à la fois pour la réforme fiscale et celle des comptes sociaux » .

TNTV : Sur la réforme de la PSG, il y aurait du retard sur le planning de travaux prévu et annoncé par le minsitre de la santé sur notre plateau. Les partenaires sociaux s’en inquiètent.
Moetai Brotherson :
« Ils ont attendu 10 ans sans rien faire. Le calendrier que l’on a proposé est raisonnable » .

TNTV : Comme l’a révélé Tahiti Infos (hier matin), Air Moana rencontre des difficultés financières. Selon nos informations, la compagnie a obtenu la défiscalisation locale pour son nouvel appareil. On parle d’un investissement de 3 milliards de francs. Le Pays a-t-il prévu de monter au créneau pour soutenir la compagnie ?
Moetai Brotherson :
« Le Pays n’a fait que ça depuis que l’on est arrivé. Je rappelle qu’à notre arrivée, la défiscalisation était fermée pour les ATR, que nous avons remis cette possibilité. Nous avons augmenté le plafond d’intervention de la Sofidep, nous avons rétabli le contact entre Air Moana et les banques. Au terme de l’Appel à manifestation d’intérêt (AMI), nous avons accordé la défiscalisation sur l’acquisition de nouveaux appareils par Air Moana. Je crois que le Pays est allé au bout de ce qu’il peut faire » .

Lire aussi – La défiscalisation accordée à Air Moana pour agrandir sa flotte

TNTV : Concernant Air Tahiti Nui, le dernier rapport de la CTC pointe le manque de cohérence entre la politique du Pays, notamment l’objectif des 600 000 touristes, et les capacités d’ATN. Entendez-vous cette critique ?
Moetai Brotherson :
« Le rapport porte principalement sur la période qui précède notre arrivée. La remarque sur les 600 000 touristes, je l’entends, mais je ne la partage pas. Pour moi, ce nouvel objectif est une opportunité à saisir pour ATN et pour nos compagnies locales. On a le droit de ne pas être d’accord » .

TNTV : On parle d’un éventuel changement de PDG. Est-ce une coïncidence ?
Moetai Brotherson :
« Non, il y a des cycles. À mon sens, un cycle s’achève pour ATN. Il y a une nécessité de réinventer la compagnie. C’est ce que nous allons faire » .

TNTV : Doit-on s’attendre au départ de Michel Monvoisin (PDG d’ATN, NDLR) ?
Moetai Brotherson
: « Vous le saurez bientôt » .

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