Une journée pas ordinaire pour la Polynésie

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Publié le 03/10/2016 à 16:30 - Mise à jour le 03/10/2016 à 16:30

Devant la commission des Nations unies chargée des questions de décolonisation, Edouard Fritch défend sa vision de la Polynésie : libre, autonome et développée, en harmonie avec la France.  Un pays qui n’aurait pas besoin d’être décolonisé. Edouard Fritch rappelle que les Polynésiens ont un niveau de vie plutôt confortable. Selon lui, les difficultés du Fenua ne sont pas liées à la France. 

Ce colonialisme n’a rien d’imaginaire, pour Oscar Temaru, qui parle aussitôt après Edouard Fritch. Il souligne le soutien populaire à son combat à travers les signatures de pétitions, et rappelle ce qu’il considère que la France a parfois décidé seule du sort de la Polynésie.

Les pétitionnaires vont ensuite se succéder pour peindre un tableau plus sombre de la Polynésie, qui souffre de problème sociaux, linguistiques, environnementaux, et surtout nucléaires. Les intervenants vont se concentrer sur cette question, à l’image de Père Auguste. « La Polynésie il y eu 193 tirs, ce qui équivaut à une puissance nucléaire de 800 fois la bombe de Hiroshima. (…) La Polynésie est une poubelle nucléaire. »

La France n’entendra pas ces réflexions : son ambassadeur, comme chaque année, boude la séance. Beaucoup d’intervenants dépassent les trois minutes, et leur micro est coupé. Sébastien Quenot, venu de Corse, aura moins de chance encore : il est considéré hors sujet, et ne peut pas poursuivre son intervention.

A la sortie, Edouard Fritch regrette que la Polynésie soit venue mener un « combat de quartier » sans intérêt pour les Nations-Unies. « On vient déblatérer sur les problèmes sociaux, relationnels, (…) ce n’est pas un endroit où l’on vient laver le linge sale. Ca se lave chez nous. » Le Président souhaite même désinscrire de nouveau la Polynésie de la liste des Pays à décoloniser.

Ce qui pour Moetai Brotherson est une « grossière erreur à la fois stratégique et tactique. (…) c’est un peu comme si vous allez chez les pompiers et leur dire que leur boulot ce n’est pas d’éteindre les feux (…). »

Cette journée à l’ONU laisse une impression mitigée. L’enjeu semble bien dérisoire face au conflit en Syrie, quotidiennement traité aux Nations-Unies. Et pas sûr que les interventions d’aujourd’hui changent quoi que ce soit à la résolution qui sera votée en décembre.
 

Rédaction Web avec notre envoyé spécial à l’ONU, Mike Leyral

Le reportage de notre envoyé spécial Mike Leyral

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