Vague bleue aux législatives : quel rapport de force d’ici les territoriales ?

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Si le Tapura dit rester la première force politique, les résultats des suffrages par partis semblent indiquer une inversion des rapports de force. Un score qui a bien-sûr profité des reports des voix des perdants du premier tour. De quoi poser malgré tout la question des prochaines échéances : celles des territoriales de 2023. Alors que présage la déferlante bleue pour ce nouveau scrutin ?

Publié le 19/06/2022 à 16:03 - Mise à jour le 20/06/2022 à 17:16

Si le Tapura dit rester la première force politique, les résultats des suffrages par partis semblent indiquer une inversion des rapports de force. Un score qui a bien-sûr profité des reports des voix des perdants du premier tour. De quoi poser malgré tout la question des prochaines échéances : celles des territoriales de 2023. Alors que présage la déferlante bleue pour ce nouveau scrutin ?

Une élection en cachant une autre, tous les regards sont maintenant tournés vers la prochaine échéance : les territoriales. Du côté des grands vainqueurs de ces législatives, le score inédit du Tavini vraisemblablement porté par un désir d’alternance du pouvoir, laisse entrevoir des ouvertures pour les territoriales. « L’idée maîtresse c’est certainement de se dire qu’il va falloir trouver un terrain d’entente avec d’autres partis. Recréer, pas à l’identique évidemment, mais recréer quelque chose approchant de ce qui avait été fait en 2004 », déclarait avec prudence sur notre plateau le député réélu, Moetai Brotherson.

Pour Edouard Fritch qui perd des relais importants à Paris, la défaite est cuisante. Le président voit difficilement comment il peut compter sur trois députés dans l’opposition pour travailler dans de bonnes conditions. « Imaginez qu’on va envoyer en métropole des députés indépendantistes qui vont être contre la majorité présidentielle. Bonjour les dégâts demain ! Nous avons installé des boucliers, nous avons pratiquement utilisé tous les fonds disponibles du Pays pour protéger cette population contre l’augmentation du coût de la vie. Il faut le dire, nous ne tiendrons jamais seuls demain. Nous aurons besoin du soutien de l’Etat. »

Si le président s’interroge sur les moyens censés financer une éventuelle indépendance, il s’inquiète davantage de l’élan indépendantiste qui semble se dégager des urnes, que du score du Tavini. Le front anti-Tapura qui a provoqué un raz de marée bleu ciel, devra notamment être pris en compte dans sa nouvelle stratégie, en perspective des élections de 2023.  « Il y a des leçons à tirer de tout cela. Et ensuite effectivement, voir comment la cartographie politique de la Polynésie va se présenter demain. S’ils vont sur cette stratégie de l’Union de tous contre un parti politique, c’est une stratégie qu’il faut que je prenne en considération et que je m’organise. C’est une remise en cause que je dois prendre en compte. Ces résultats pour nous ne sont pas très bons, ne sont même pas bons du tout. »

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« A moins que tous les anti-Tapura s’unissent en une seule liste, ce qui est assez improbable, (…) on risque d’avoir des triangulaires, par conséquent le Tapura y retrouverait un avantage »

Jean-Marc Regnault, historien chercheur

Une vague bleue de mauvais augure pour les échéances de 2023 ? Pas forcément. Si les législatives ne portent que deux candidats aux 2e tour, la configuration des territoriales est radicalement différente avec une élection à deux tours à la proportionnelle et des règles beaucoup moins contraignantes. « Sauf si tous les anti-Tapura s’unissaient en une seule liste, ce qui est assez improbable. Donc aux territoriales on risque d’avoir des triangulaires, par conséquent le Tapura y retrouverait un avantage puisqu’il arriverait vraisemblablement en tête et avec la prime majoritaire comme prévu par la loi électorale, il s’en sortirait beaucoup mieux », explique l’historien chercheur Jean-Marc Regnault.

Il faut également tenir compte d’un autre paramètre. Celui de la participation. Un score généralement nettement supérieur aux territoriales (61,51 % en 2018) qu’aux législatives (53,52% à ce deuxième tour). Et si le Tapura a moins d’un an pour élaborer une nouvelle stratégie, le front sur lequel il s’est heurté aux législatives a toutes les chances de se disloquer aux territoriales en plusieurs listes. « Même si la situation ne changeait pas, si on prenait les chiffres d’aujourd’hui en sachant que le camp adverse réuni en front anti Tapura depuis peu, va se diviser en deux ou en trois et il y aura au second tour trois ou quatre listes, par conséquent on ne peut pas du tout faire les mêmes projections. Ce sont deux élections différentes, deux systèmes politiques différents et deux visions différentes » fait remarquer l’historien chercheur. Celui-ci rappelle également que d’ici l’année prochaine, « la situation nationale, internationale et locale risque très certainement d’évoluer de telle façon que faire des projections reste très hasardeux ».

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