Après avoir rencontré les présidents Edouard Fritch et Gaston Tong Sang, Vaimua Muliava a été reçu vendredi par Sylvana Puhetini, première vice-présidente de l’Assemblée de Polynésie. Avec plusieurs portefeuilles à sa charge dont ceux de la transformation numérique, de l’urbanisme et du logement, le secrétaire général du parti « L’éveil Océanien », profite également de cette visite officielle pour s’inspirer de ce qui se fait au fenua en terme de logement social. Il était l’invité de notre journal :
C’est me Digital Festival Tahiti qui vous amène au fenua. Qu’y avez-vous découvert d’intéressant qui pourrait être utilisé en Nouvelle-Calédonie ?
« Ce festival est un peu le pendant du Diginova en Nouvelle-Calédonie. On a affaire à un nouvel océan, qui ne se trouve plus en face de nous, mais qui nous immerge finalement, c’est le monde du numérique. Je me suis déplacé ici pour supporter aussi la délégation calédonienne et leur montrer le soutien qui a un vrai portage politique sur ce domaine-là, et en même temps, créer des liens avec mon homologue ici, madame la ministre Frogier parce que nous partageons deux choses : notre océanité car l’océan Pacifique c’est quand même un tiers de la surface de la planète et notre héritage français. L’idée, c’est aussi de tisser des liens et puis de donner de la corporalité finalement à la francophonie, dans un espace essentiellement anglophone également. Il me semble que nous sommes à un carrefour où nous devons nous rassembler. D’abord sur notre insularité car nous sommes aussi Français, et qu’il faut également affirmer cette présence dans le Pacifique. La vie insulaire a toujours été un challenge. Nos ancêtres, les anciens navigateurs du Pacifique, c’était déjà difficile pour eux. Ils l’ont relevé. Ils ont réussi à survivre parce qu’ils ont réussi à tisser des liens d’île en île. Et la preuve la plus tangible, c’est l’histoire de ce fameux Tahu’a Tupaia de Raiatea qui conduit, qui n’accompagne pas mais finalement conduit le capitaine Cook dans son troisième voyage dans le Pacifique à travers toutes ces îles et l’introduit à Tonga, et à la fin de sa course, à Aotearoa. »
Pour maintenir ces relations avec nos pays, le numérique est aussi un des moyens de communiquer. Y’a-t-il une grande différence que vous avez pu remarquer entre ce qui se fait en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie ?
« Je pense qu’effectivement, il doit y avoir une différence. Mais le numérique, c’est l’égalité de communication, c’est la nouvelle pirogue d’aujourd’hui. Et il est essentiel qu’il y ait une synergie entre nos pays, et que finalement, au lieu de courir tout le temps vers la métropole, se tourner d’abord entre nous, et bâtir ce qu’on peut faire ensemble et se relier au monde, parce qu’il est de plus en plus globalisé. Et dans un monde qui est de plus en plus abstrait, il est important d’affirmer nos identités particulières au sein d’un socle commun qui nous ramène à notre francité et à notre européanité, et au monde. »
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Vous êtes aussi en charge de l’urbanisme et du logement. Vous avez eu l’occasion de rencontrer le ministre Jean-Christophe Bouissou qui a la tutelle de l’urbanisme et du logement. De quoi avez-vous parlé ?
« Au-delà du digital, il est vrai que j’ai d’autres secteurs dans mon périmètre. (…) Je suis allé voir le ministre Bouissou pour voir un peu comment il aborde les problèmes dans son écosystème insulaire de la Polynésie avec un éclatement, puisque c’est un archipel de plusieurs îles, et comment il a dressé un diagnostic des problèmes qu’il rencontre ici en Polynésie, et finalement les solutions qu’il a trouvées. J’ai rencontré un homme d’une grande technicité. Il a partagé avec bienveillance avec moi ce vendredi matin. Il me semble que nous sommes à un moment où il faut que nous échangions dans nos façons de faire. Une bonne idée, elle est bonne d’où qu’elle vienne, qu’elle soit de Polynésie française, de Nouvelle-Calédonie ou peut-être le petit Poucet de Wallis-et-Futuna peut aussi nous insuffler quelques perspectives nouvelles dans quelque secteur qu’il soit. »
Le référendum sur l’indépendance en Nouvelle-Calédonie aura lieu l’année prochaine. On parle du 30 août ou du 6 septembre 2020. Comment le choix va-t-il se décider ?
« (…) Peu importe quand le référendum se tiendra, de toute manière, le pouvoir appartient au peuple. C’est le peuple qui décidera. (…) Les réponses parfois à nos problèmes intrinsèques dans notre territoire se trouvent peut-être ici, peut-être à Wallis-et-Futuna ou même ailleurs, chez nos frères Maoris, par exemple, ou à Hawaii. Il faut sortir de la consanguinité mentale qui nous empêche et nous asphyxie l’esprit pour développer des solutions innovantes. Et c’est ce que j’aime dans le numérique, c’est qu’il n’y a pas de frontière ni physique ni à l’esprit. »