Vannina Crolas : « les syndicats veulent montrer leur force de frappe »

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La ministre de la Fonction publique, de l’Emploi et du Travail, Vannina Crolas, était l’invitée du Grand Entretien de TNTV, ce mardi soir. L’occasion, notamment, de faire un point sur une semaine qui s’annonce tendue en termes de discussions avec les partenaires sociaux alors qu’une pluie de préavis de grève a été déposée. Mais aussi d’aborder d’autres sujets d’actualité comme la protection de l’emploi local ou le budget 2024. Interview.

Publié le 27/09/2023 à 8:40 - Mise à jour le 27/09/2023 à 9:45

La ministre de la Fonction publique, de l’Emploi et du Travail, Vannina Crolas, était l’invitée du Grand Entretien de TNTV, ce mardi soir. L’occasion, notamment, de faire un point sur une semaine qui s’annonce tendue en termes de discussions avec les partenaires sociaux alors qu’une pluie de préavis de grève a été déposée. Mais aussi d’aborder d’autres sujets d’actualité comme la protection de l’emploi local ou le budget 2024. Interview.

TNTV :  Une série de préavis de grève a été déposée. A l’OPT, à la Direction de la biosécurité, la Direction de l’agriculture, chez les acconiers et au Port Autonome. Comment l’expliquez-vous ? Est-ce la fin de l’état de grâce ?

Vannina Crolas : « Pas du tout. Je pense que ce sont des dysfonctionnements qui existaient déjà avant. On n’a pas de baguette magique. On ne peut pas résoudre les problèmes en à peine 4 mois. Maintenant, les services ont déjà commencé à engager des discussions ».

TNTV : Pour vous, y a-t-il un lien entre ces différents préavis ?

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Vannina Crolas : « Oui, forcément. Tous ces préavis, c’est la CSIP et RTP Polynésie qui en sont les signataires. Sauf pour l’OPT où il y aussi Otahi et CSTP/FO. Je pense que ce sont des syndicats qui veulent montrer leur force de frappe à l’approche des élections syndicales ».

TNTV : Cyril Le Gayic de la CSIP vous reproche de vouloir dégraisser l’OPT alors que, selon lui, vous avez également profité des avantages sociaux de l’établissement lorsque vous y étiez. Que lui répondez-vous ?

Vannina Crolas : « J’étais à l’OPT il y a plus de 20 ans. Il n’y avait pas autant d’avantages qu’aujourd’hui et la situation, aujourd’hui, est préoccupante. Tant au niveau financier qu’au niveau humain. Il y a des mesures à prendre de part et d’autre. L’OPT nous a fait une demande de subvention complémentaire. Il faut savoir que depuis 2019, le Pays a accordé plus de 10 milliards de subventions, tant en investissement qu’en fonctionnement. Ils nous demandent de plus en plus. On est d’accord pour y participer. Mais des efforts doivent être faits de part et d’autre. Des efforts de réduction des dépenses et d’augmentation du chiffre d’affaires. Dès ma prise de fonction, j’ai demandé à avoir un certain nombre d’éléments sur le budget de fonctionnement de l’OPT ».

TNTV : Une grève au Port Autonome pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’économie du Pays. Pensez-vous pouvoir l’éviter cette semaine ?

Vannina Crolas : « Cela dépendra du positionnement de chacun. Nous, on est là pour écouter, voir de quelle manière on peut répondre aux revendications sans pour autant déroger aux règles qui régissent la fonction publique du Pays. Et les moyens financiers dont dispose le Pays. On n’a pas un budget extensible. Il y a des limites. Maintenant, quand on est dans le cadre de la réglementation existante, il n’y a aucun souci. Par contre, quand on nous demande de passer des agents de catégorie D à A, je ne vois pas de quelle manière. Lorsqu’on nous demande de titulariser un agent alors que le principe d’accès à la fonction publique, c’est le concours…On doit engager des discussions et arriver à des solutions raisonnables, en tous les cas qui ne vont pas bloquer l’activité économique du Pays ».

TNTV : Durant la campagne, vous avez pris l’engagement de taxer les hauts salaires. Cela va-t-il se faire ?

Vannina Crolas : « Il y a une étude en cours par le ministère des Finances. Cela rentre dans un dispositif de réforme fiscale totale. Ce sont eux qui pourront vous donner tous les éléments ».

TNTV : Ce ne sera pas pour 2023…

Vannina Crolas : « Je pense qu’il y aura un démarrage dès 2023. Chaque ministre a présenté ses orientations pour 2024. On va passer en période d’arbitrage budgétaire. C’est là qu’on verra les préconisations que feront les ministres ».

TNTV : Justement, l’opposition vous reproche une impréparation de ce budget 2024. Pouvez-vous nous révéler quelques orientations de votre ministère ?

Vannina Crolas : « Le discours du président -du Pays, Ndlr- à l’ouverture de la session budgétaire a été un discours politique. C’est vraiment le débat d’orientation budgétaire qui va préciser les orientations pour cette année. Au niveau de mon ministère, trois orientations principales ont été données aux services : le changement de gouvernance. Avoir une gouvernance proche et respectueuse des fonctions des uns et des autres. Et respectueuse aussi du dialogue social. Au niveau de l’accessibilité aux services publics, on veut vraiment la développer, notamment penser aux archipels éloignés où le Pays est très peu présent. L’idée, c’est de déployer des Fare Ora qui vont être un peu la maison de tous les services au sein de chaque commune pour que la population n’ait plus à se déplacer, mais que ce soit l’administration qui se déplace. Le troisième point, c’est la mise en adéquation de notre marché de l’emploi. On a des demandeurs d’emploi qui manquent de qualifications ou celles-ci ne correspondent pas aux besoins actuels et futurs. Il est question, ici, d’anticiper les besoins et de préparer, non seulement la formation initiale, mais aussi la formation professionnelle pour pouvoir répondre à ces besoins ».

TNTV : Il y a un projet dont on parle beaucoup. Celui de la citoyenneté maohi. Il pourrait avoir un impact sur le marché du travail. Qu’est-ce que cela pourrait changer ?

Vannina Crolas : « Cela aurait un impact beaucoup plus important que les dispositions actuelles qui ont été votées en 2019, mais mises en application que depuis 2022 et qui limitent la protection de l’emploi à certains secteurs d’activités. Là où l’on a identifié plus de 10% de recrutements de l’extérieur. Pour nous, il s’agit d’étendre cette protection à tous les emplois, notamment aux emplois publics car, aujourd’hui, le secteur public n’est pas concerné par les mesures de protection. Or, c’est le plus grand employeur.  Ce que nous demandons, c’est d’étendre à la fonction publique cette protection. Les dispositions actuelles de la Constitution qui demandent qu’il n’y ait pas de discrimination, même si le statut d’autonomie prévoit des dispositions spéciales, on se rend compte, en pratique, que, finalement, ce n’est pas évident. On est obligé de spécifier cette protection à une partie des emplois ».

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