Warren Dexter : « C’est juste de développer la piste de la fiscalité sur le patrimoine »

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Le ministre de l’Economie, des Finances et du Budget était l’invité du journal de TNTV, ce jeudi soir. Hausse de la TVA sur les produits sucrés, lutte contre la cherté de la vie, réflexion sur un impôt sur le patrimoine ou encore réduction de la masse salariale du Pays, Warren Dexter est revenu sur différents sujets alors que le projet de budget est actuellement discuté à l’Assemblée. Interview.

Publié le 22/11/2024 à 9:37 - Mise à jour le 22/11/2024 à 9:42

Le ministre de l’Economie, des Finances et du Budget était l’invité du journal de TNTV, ce jeudi soir. Hausse de la TVA sur les produits sucrés, lutte contre la cherté de la vie, réflexion sur un impôt sur le patrimoine ou encore réduction de la masse salariale du Pays, Warren Dexter est revenu sur différents sujets alors que le projet de budget est actuellement discuté à l’Assemblée. Interview.

TNTV : On l’a vu dans le reportage précédant, les fabricants locaux se plaignent d’être pénalisés par la rapidité d’application de cette TVA à 16 %, à compter du 1ᵉʳ janvier, sur les produits sucrés. Ils espéraient avoir plus de temps pour pouvoir. Que leur répondez-vous ?

Warren Dexter : « C’est un sujet dont je discute avec eux depuis septembre. Ils ont eu un délai relativement raisonnable pour se mettre en conformité. Mais c’est vrai qu’à leur décharge, dans les discussions, j’avais évoqué la possibilité de différer l’application, peut-être sur février ou mars, pour leur permettre de mieux se préparer. Mais malheureusement, la construction du budget a fait que finalement, j’avais besoin que cette recette soit opérationnelle dès le 1ᵉʳ janvier. Dans les dernières discussions que j’ai eues avec les organisations patronales, je pense au MEDEF notamment, courant octobre, j’avais bien confirmé que ça entraînerait en vigueur au 1ᵉʳ janvier 2025 ».

TNTV : Le gouvernement souhaite réduire les taux de taxation sur les produits importés en provenance d’Océanie. Cette mesure a plutôt vocation à favoriser les échanges régionaux ou à lutter contre la cherté de la vie ?

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Warren Dexter : « C’est un peu les deux. C’est de faciliter les discussions pour améliorer les échanges avec les pays voisins. Effectivement, si on peut avoir un impact sur la cherté de la vie, ce serait bienvenu ».

TNTV : Les industries locales craignent que cette mesure génère une concurrence néfaste pour la production locale. Comprenez-vous leurs craintes ?

Warren Dexter : « Je les reçois régulièrement, mais je n’ai pas eu ce son de cloche. Je ne vois pas en quoi ça pourrait menacer les productions locales. Il y a certainement certains produits qui sont notamment originaires de Nouvelle-Zélande ou d’Australie où il y a la production locale. Ce que j’ai eu l’occasion de leur dire sur le sujet, c’est que la production locale est largement protégée. Il faut savoir que, par exemple, la fameuse taxe sur le sucre, qu’on appelle la taxe de consommation pour la prévention, elle est plus forte sur les produits importés que sur la production locale. C’est le premier point. Ensuite, les producteurs locaux ont droit à des exonérations fiscales sur les matières premières qui entrent dans leur processus de fabrication. Et puis, vous avez aussi cette fameuse TDL. C’est-à-dire que si on juge à un moment donné que la production locale est menacée par l’import, on bouge le levier de la TDL, de la taxe de développement local. Il y a plein de leviers qui devraient normalement permettre de les rassurer ».

TNTV : La lutte contre la cherté de la vie est un axe central de votre programme. Pourtant, on ne voit pas beaucoup de mesures qui vont en ce sens. Les représentants de l’opposition le pointent du doigt, évidemment. Mais c’est également le cas de ceux de votre majorité. Comment l’expliquez-vous ?

Warren Dexter : « Je comprends que ce soit une inquiétude également du point de vue de la majorité, puisque c’est un engagement électoral fort. Mais comme j’ai eu l’occasion de le dire plusieurs fois, le challenge est difficile. Pourquoi ? Parce que tout repose ici sur les importations. On produit très peu de choses. Cela veut dire qu’on est tributaires de tout ce qui se passe à l’international. Évidemment, ça ne veut pas dire qu’il faut rester à rien faire. Il y a des leviers. Sur la partie fiscale, il s’agit effectivement d’abaisser toute la fiscalité indirecte qui est la plus inflationniste. Après, j’ai eu l’occasion de préciser également aux élus de la majorité qu’il ne faut pas croire que toutes les mesures qui visent à lutter contre la cherté de la vie passent à l’Assemblée. Je prends l’exemple des PPN, qu’on envisage de réformer. Ça va se traduire par des restrictions de listes au travers d’arrêtés en conseil des ministres qu’eux ne verront pas. C’est un sujet qui est d’actualité, qui est même prioritaire, qu’on a amorcé ces dernières semaines et qu’on va prioriser sur l’exercice 2025 ».

TNTV : Un autre point majeur de votre programme, c’est de tendre vers une plus grande justice, vers une plus grande équité sociale. Ça pourrait passer par des projets de taxation que vous avez évoqués, mais dont nous n’avons pas forcément de nouvelles. Je pense à la taxe sur le patrimoine, à la taxe sur les investissements de spéculation, ou encore celle sur les fuites de capitaux. Sont-elles dans les tuyaux ?

Warren Dexter : « J’ai évoqué la piste d’une augmentation de la fiscalité du patrimoine, mais pour tout ce qui est fuites de capitaux, il faut être très prudent, parce que dès que vous évoquez le sujet, ça provoque des comportements anxiogènes. Et ce n’est pas bon pour l’économie. Donc je suis très précautionneux sur ce genre de sujet. En revanche, je pense que c’est vraiment juste de développer la piste de la fiscalité sur le patrimoine, qui me semble être la bonne contrepartie pour diminuer la fiscalité indirecte qui frappe de la même manière les gens aisés et les personnes qui le sont moins. La fiscalité du patrimoine peut avoir pour effet de taxer davantage les personnes, ceux qui y ont par rapport à ceux qui n’y ont pas. On a failli mettre en place une taxe sur le patrimoine, l’année dernière. C’était une surtaxe d’impôt foncier, mais qu’on a finalement dû retirer, parce qu’il fallait qu’on discute plus avant des paramètres de taxation au sein de la majorité. Je devais remettre ce dossier dans le circuit, mais j’ai été nommé depuis deux mois. Je suis sincère. Je n’ai pas eu le temps de faire aboutir ce dossier pour cette fin d’année, mais je compte bien l’initier au cours de l’année 2025 ».

TNTV : Autre point qui retient l’attention dans ce budget primitif, c’est la masse salariale. Sa maîtrise était l’un des objectifs phares du gouvernement, mais elle n’a pas été réduite, elle a même augmenté pour atteindre 35 milliards de francs. Comment l’expliquez-vous ?

Warren Dexter : « J’ai envie de dire que c’est un véritable combat, parce que les ministères demandaient des postes supplémentaires, et grâce à la pugnacité de notre ministre Vannina Crolas, on a pu contenir toutes ces demandes. En nombre de postes, ça n’a pas évolué. L’augmentation de la masse salariale, ça s’explique essentiellement par des titularisations, par des évolutions de carrière ».

TNTV : Nuihau Laurey a déclaré que vous aviez fait « le constat des choses à changer et de la réalité », alors que le président était « toujours dans la communication ». Ce décalage est également évoqué par plusieurs élus Tavini. Le budget est-il réellement soutenu par votre majorité ?

Warren Dexter : « J’ai la faiblesse de penser que oui. Les discussions avec la majorité ont commencé lundi dernier. C’est vrai qu’il y a eu des demandes ici et là, mais je n’ai pas le sentiment qu’on ne sera pas soutenu par la majorité pour ce budget. Les discussions finales doivent normalement se faire dans le courant de la journée de samedi. Mais franchement, je sens qu’on sera soutenu par notre majorité, je suis rassuré de ce côté-là ».

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