En métropole, les élections de miss ont souvent un goût suranné, avec du papier crépon au murs des petites salles de spectacle. En Polynésie, l’élection de la reine de beauté a lieu dans les jardin de la mairie de Papeete, devant les plus importantes personnalités locales et deux mille spectateurs.
Les lots de la gagnante peuvent faire rêver les jeunes filles : Vaea a gagné une voiture, elle pourra voyager gratuitement sur Air Tahiti, et se rendra à Paris avec des parures de perles noires autour du cou… Mais surtout, elle représentera les Polynésiens à Miss France. Et peut-être même à Miss Monde, comme Hinarere Taputu l’an dernier, si elle est désignée par le comité Miss France.
A 22 ans, la nouvelle Miss est titulaire d’une licence de chimie et veut devenir technicienne de laboratoire dans une parfumerie. « J’ai du mal à encaisser ce titre, c’est une surprise pour moi, je suis encore dans l’émotion » a déclaré Vaea Ferrand, qui a déjà une solide expérience dans le mannequinat.
Plusieurs centaines de personnes assistaient au spectacle à travers les grilles des jardins de la mairie, faute d’avoir pu payer leur place. « Avant, c’était pour les pauvres aussi, maintenant il faut payer 12000 francs pour s’asseoir à une table » regrette Tihoti, un quadragénaire monté sur une poubelle pour profiter du spectacle.
Ces polémiques sont à la mesure de la passion que suscite l’élection. La Miss est désormais une star qui ne pourra plus se promener à Papeete sans enchaîner les selfies avec des admirateurs.
Elle tentera de conjurer la malédiction des Miss Tahiti. Les quatre dernières ont été dauphines de Miss France (trois premières dauphines, puis une deuxième dauphine l’année dernière). Pour le comité Miss France, c’est la preuve de leur beauté. Pour beaucoup de Polynésiens, c’est une série d’échecs rageants, lié à la faible population du fenua et à l’engorgement des serveurs téléphoniques entre la Polynésie et la métropole. Mais cette fois, c’est peut-être la bonne. « Son atout, c’est peut-être sa beauté exotique mais en même temps européenne : c’est vrai que nos beautés exotiques ne font pas l’unanimité, alors peut-être que cette fois-ci la couronne de Miss France est pour nous, pourquoi pas ? » a suggéré Vaimiti Teiefitu, Miss Tahiti 2015, juste après avoir remis son diadème à Vaea Ferrand.
La toute première interview de Vaea Ferrand après son sacre