« Rappeler à notre jeunesse comment nous sommes devenus une commune » voilà l’enjeu des festivités pour Artigas Hatitio. Le maire de Rimatara souhaite que les jeunes connaissent leur histoire. Après l’annexion de l’île à la France en 1901, les habitants vivaient dans des districts dirigés par des tavana mataeinaa. Le 17 mai 1972, cette organisation politique laisse place à une autre. Le « décret portant création de communes dans le territoire de la Polynésie française » entre en vigueur. 44 communes remplacent aujourd’hui les 109 districts existants.
À Punaauia, de grands projets d’utilité publique
Plongé dans ses pensées, Roger Marama hésite, puis admet : « Le dossier dont je suis le plus fier ? L’assainissement. On était 3 à partir souvent en métropole et je pense que ça explique que les premiers fonds européens soient arrivés à Punaauia ». À 71 ans, Roger garde des souvenirs très précis de son expérience au côté de Jacques Vii à la mairie de Punaauia. Après avoir été conseiller municipal de 1977 à 1983, il est devenu premier adjoint au maire pendant 5 ans. « Nous, pour être élu en 1977, il nous fallait 600 voix. Aujourd’hui, il en faut 6 000 ». Pour faire face à cette progression démographique fulgurante, de nombreux projets ont été déployés. En 31 ans de mandature, Jacques Vii en a assuré la majorité.
Une de ses premières mesures a été de déplacer l’école maternelle Uriri Nui, située au bord de la falaise, dans un lieu sécurisé. Le conseil a par la suite ouvert deux établissements là où il n’y en avait pas. Dans cette optique de décongestion du centre-ville, l’heure de rentrée a été décalée à 8 heures. Une spécificité de Punaauia toujours en vigueur aujourd’hui. Dès leur arrivée à la marie, le conseil a également développé des moyens de sécurité. Polices, pompiers, infirmiers occupent actuellement les lieux de l’ancienne mairie.
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Selon Roger, « le plan général d’aménagement a été bien pensé. Le développement se fait surtout en montagne. Ça permet une viabilisation des terrains qui sont en hauteur. Cependant sur le développement en bord de mer on est plus réticent aux grands immeubles » avance l’ancien élu avec, en arrière-pensée, le projet City groupe qui électrice en ce moment le débat. Il estime que les habitants ne seraient pas aussi réticents si le projet était moins important et que l’accès à la plage ne serait pas remis en cause.
À l’époque, la commune séduisait déjà par son cadre de vie et son lagon. Elle s’est développée en partie grâce aux trois hôtels présents sur son sol : le Bel Air, le Mana Nui et le Tahiti Village. D’un point de vue touristique, les élus ont toujours souhaité que l’urbanisation de la commune profite aux habitants. « Moins il y a de constructions qui gêne en bord de mer, mieux on est à Punaauia » avant-t-il. S’il se réjouit que la plupart des résidences soient coté montagne, il a conscience de leur inaccessibilité pour des populations peu aisées.
En plus de cet enjeu foncier, Roger souligne le problème du stockage des déchets. Ce sera sans doute « le gros défi » auquel devra faire face la ville dans les prochaines années. Actuellement, une zone de décharge existe, mais elle est temporaire et son fonctionnement est peu respectueux de l’environnement.
Sur la gestion des déchets, la commune revient de loin. « Au début, le ramassage n’existait pas. Les gens s’en fichaient. Il fallait discipliner, donc s’il y avait des cailloux dans la poubelle, on ne ramassait pas. Puis ça s’est amélioré ». Roger est allé jusqu’à passer son permis poids lourd pour venir prêter main forte lors du ramassage des ordures. Aux côtés des employés, il a pu travailler sur l’entente et améliorer l’efficacité du service.
À Moorea-Maiao, 50 ans et « un grand bond en avant »
C’est ainsi qu’Adolphe Frogier résume les cinquante premières années vie de la commune. En tant que secrétaire général à la mairie de 1975 à 2006, il a contribué aux grands programmes d’investissement de Moorea-Maiao. « La première chose qu’on s’est dite : pour que Moorea soit valorisé, il nous faut l’électricité. Du temps de John Teariki en 1983, il a commencé à mettre en place l’électrification de Moorea. Et il a décidé que la distribution se ferait sous terre. On a gagné dans l’affaire : les cyclones sont passés et nos lignes n’ont pas été détruites ».
Si les habitants ont tous l’électricité, ce n’est pas encore le cas de l’eau potable. Le projet de potabilisation de l’eau auquel 4 milliards de Fcfp ont été alloués est toujours en cours. « Donner à boire à 7000 habitants, c’est facile. Mais à 20 000 habitants, c’est autre chose », avance Adolphe. Dans le cadre du schéma directeur de l’eau potable qui a été mis en place lorsqu’il était en poste, il reste encore 20% de l’île à potabiliser.
Du fait de son accessibilité, Moorea a connu un développement touristique important. L’île constitue le deuxième territoire d’accueil derrière Tahiti, en concentrant 20% des unités touristiques (chambres) de Polynésie. Quand Adolphe a rejoint la mairie, l’île ne comptait que de petits hôtels éparpillés autour de l’île.
Maitriser l’afflux touristique reste un défi de taille à l’échelle de toute la Polynésie. En jeu, la préservation de l’histoire des communes et de l’héritage légué par les anciens.