4e assises des sages-femmes : le poids de l’éloignement des jeunes mamans

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La 4e édition des assises des sages-femmes en Polynésie a ouvert ses portes mercredi à la mairie de Pirae. Un temps d’échanges sur les particularités en Polynésie. Avec des structures hospitalières centralisées sur les îles les plus peuplées et des traditions bien ancrées dans la société, les futures mamans polynésiennes doivent faire face à une anxiété supplémentaire qui peut aller jusqu’à la dépression.

Publié le 21/03/2024 à 10:16 - Mise à jour le 22/03/2024 à 12:51

La 4e édition des assises des sages-femmes en Polynésie a ouvert ses portes mercredi à la mairie de Pirae. Un temps d’échanges sur les particularités en Polynésie. Avec des structures hospitalières centralisées sur les îles les plus peuplées et des traditions bien ancrées dans la société, les futures mamans polynésiennes doivent faire face à une anxiété supplémentaire qui peut aller jusqu’à la dépression.


Environ 200 sages-femmes du public et du privé prodiguent quotidiennement leurs soins et conseils aux futures mamans sur l’ensemble de la Polynésie. Mais à l’heure où tradition et modernité tentent de se conjuguer, ces praticiennes sont aussi un référent qui rassure. Pour Matha Williams, présidente du conseil de l’ordre des sages-femmes en Polynésie, « le grand défi, c’est cette médecine occidentale, les études, la science, qui ne font pas du tout écho sur une population qui est ancrée dans la confiance absolue envers son soignant, qui ne veut pas tout comprendre, mais par contre qui veut être tout simplement heureux ou alors qui ne va jamais exprimer ses émotions que par un haussement de sourcils ».

La grossesse est une période de grands changements propice aux incertitudes et à l’anxiété. Surtout lorsque les futures mères originaires des archipels les plus éloignés doivent quitter leurs foyers pour accoucher à Tahiti : « À l’heure actuelle, c’est la dépression et le suicide qui sont les premières causes de mortalité chez les mères, et on n’est pas épargnés. C’est dû à quoi ? À l’isolement social, familial. De fait, comme elles habitent géographiquement loin, il y a une vraie rupture, un vrai isolement. Elles sont en quelque sorte déracinées à un moment où elles ont tellement besoin de toute la famille. »


Des familles à Tahiti qui ne sont pas toujours disponibles ou bienveillantes, car elles sont elles-mêmes exposées à des difficultés du quotidien.

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Mais les structures d’accueil sont souvent saturées. Pour June, des structures dédiées doivent être étudiées : « On perd de plus en plus les valeurs familiales et elles, elles sont un peu réticentes à aller dans leur propre famille, constate June Blin-Kelly, sage-femme au CHPF. Souvent, elles sont exploitées, il n’y a plus une très bonne entente avec les familles de Tahiti parce que chacun a son mode de vie, ses valeurs. Les futures mamans sont donc réticentes et elles demandent souvent un hébergement. »

Mais les structures d’accueil sont souvent saturées. Pour June, des structures dédiées doivent être étudiées : « Je parlais éventuellement, c’est un rêve, de faire une maison d’accueil pour ces patientes, basée sur plusieurs critères qui permettront à ces femmes et peut-être aussi à leur famille de pouvoir venir à Tahiti. »

Selon le conseil de l’ordre des sages-femmes du fenua, 1 femme sur 4 serait atteinte d’anxiété voire de dépression à la suite d’un accouchement.

Les assises des sage-femmes se tiennent encore ce jeudi à la mairie de Pirae.

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