Ses missions sont principalement dédiées à l’hygiène et au confort des patients, mais l’aide-soignant incarne bien plus que cela. Ceux du service « long séjour » de l’hôpital de Taravao s’activent au quotidien pour prendre soin de personnes en fin de vie ou en perte d’autonomie totale, physique comme mentale. Des hommes et des femmes souvent abandonnés de tous.
Les aide-soignants deviennent alors des familles de substitution. Le jour de ce reportage, une partie de l’équipe se rend au cimetière de la commune pour l’inhumation d’un patient décédé. « On s’est occupé de lui pendant trois ans. Il n’y avait aucune famille. Il a peut-être eu une seule visite en trois ans. On a voulu être présent pour lui jusqu’à sa dernière demeure », souffle Weneki Atani, l’une des aides-soignantes du service.
Des proches du défunt font finalement une brève apparition lors de mise en terre. Une présence qui irrite les soignants. « Je suis un peu déçue. J’ai versé quelques larmes, car je me dis que c’est de son vivant qu’ils auraient dû être présents et pas aujourd’hui », déplore Weneki qui constate avec tristesse une perte du lien au sein des familles polynésiennes.
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Mais pas le temps de ruminer. Après un dernier hommage et quelques mots de soutien de la direction de l’hôpital, tous repartent aux chevets de leurs protégés. Ce service « Séjour long » est unique en Polynésie. Il accueille principalement des personnes âgées, parfois durant plusieurs années. Le plus ancien pensionnaire, aujourd’hui quadragénaire, y est hospitalisé depuis deux décennies. L’aide-soignant ne prodigue pas de soins médicaux, mais sa présence est primordiale.
« On est ceux qui sont le plus en contact avec les patients. On a nos gestes, notre façon de parler. Certains ne parlent pas français. C’est du tahitien. On essaye de traduire ce que les médecins et les infirmières disent. On les accompagne, on les soutient et on les réconforte », sourit Weneki.
De jour comme de nuit, la jeune femme et ses collègues veillent sur l’hygiène et le bien-être des patients. Un métier qui demande une bonne condition physique et une force mentale à toute épreuve. Une énergie que Weneki puise dans la foi : « ça m’aide beaucoup. Parfois, il y a des patients qui font leurs prières et je prie avec eux ». La jeune femme de 23 ans doit aussi faire avec la confrontation à la mort.
« Il fallait que je m’attende à voir des décès. Mais, aujourd’hui, ça va. Il n’y a plus cette peur de voir un mort. De s’occuper de lui et de le nettoyer. Heureusement qu’il y a des gens comme nous », dit-elle.
La directrice de l’hôpital, Marie Pierre Tefaafana, en est aussi totalement convaincue : « c’est un métier qui a nécessairement besoin d’être valorisé et d’être mis en lumière devant tout le monde. L’aide-soignante est aussi capitale qu’un médecin, qu’une infirmière, et que l’ensemble du personnel paramédical ».