Des congés payés, une couverture sociale, et surtout, un salaire : avec son nouveau statut d’apprentissage, le Pays sort le grand jeu pour attirer les jeunes. Et c’est sur la rémunération que le Pays met les moyens. Car un apprenti sera désormais rémunéré à hauteur de 70% du Smig (169 156 Fcfp), soit 118 409 Fcfp. Une somme prise en charge par le Pays, tout comme les charges patronales de l’ordre de 37 000 à 38 000 Fcfp pour un coût total de 156 395 fcfp par mois.
Le dispositif vise ainsi la formation en alternance de 300 apprentis en 2023, 500 en 2024, et 1 000 à termes. Un objectif ambitieux qui va représenter un coût de 1,8 milliard en année de croisière, financé sur les mesures d’aide à l’emploi, soit une enveloppe de 7,5 milliards. D’où le caractère « expérimental » du dispositif. « Nous sommes dans une bulle réglementaire, mais on va avoir besoin de faire un point dans trois ans, pour connaître le taux d’insertion effectif et s’il correspond à nos attentes » indique la ministre du Travail, Virgine Bruant. Pas question de reproduire le dernier bilan d’aide à l’emploi. Le précédent dispositif avait effectivement coûté 11,5 milliards sur quatre ans (2018-2022), dont 8 financés par la contribution de solidarité territoriale, pour un taux d’insertion inférieur à 10%.
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Cette fois-ci, le ministère vise 70 à 80% de taux d’insertion. Et pour y parvenir, 15 formations dans des secteurs en tension ont été identifiées. Une visibilité acquise notamment grâce au déblayage effectué avec les partenaires sociaux sur le tableau des activités professionnelles protégées (TAPP) 2023. Une liste qui recense désormais 151 métiers (contre 846 dans le TAPP 2022) réservés en priorité aux demandeurs d’emploi du fenua… à condition de se former pour les occuper.
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C’est là que le dispositif d’apprentissage intervient avec des formations censées être en adéquation avec les attentes du marché du travail. Réceptionniste en hôtellerie, monteur dépanneur frigoriste, conducteur de travaux de génie, et gouvernant : « C’est le Centre de formation professionnelle pour adulte (CFPA) qui sera chargé de la mise en œuvre de ces formations en alternance en entreprise. On commence cette année avec 4 projets pilotes dans les domaines du BTP, du tourisme et de la maintenance » précise Vanessa Tiaipoi, directrice du Sefi. Mais dans les formations identifiées, on trouve aussi « Licence informatique, parcours programmation application mobiles », « Master comptabilité audit » ou « Bachelor européen marketing ». Des métiers beaucoup moins « manuels » dans une voie de professionnalisation souvent reléguée au second rang. « C’est cette image très obsolète qu’on cherche à casser » commente Virginie Bruant.
Solution de financement pour les uns, main d’œuvre gratuite pour les autres : tout le monde doit y trouver son compte selon le ministère du Travail. Pour les dix premiers jeunes à bénéficier du dispositif, c’est en tout cas l’occasion de financer des études et de s’assurer une petite place au soleil. Originaire de Bora Bora, Reoatuaotahiti Amaru sait déjà quelle entreprise il va démarcher avec son contrat d’apprenti. « Le Four Season de Bora Bora. C’est la responsable des ressources humaines de l’hôtel qui m’a d’ailleurs conseillé de faire cette formation, j’ai bon espoir d’être recruté, je vais travailler dur, et ça va, j’aurais un salaire qui me suffit » confie l’apprenti réceptionniste en hôtellerie.
Pour 2023, plus de 200 candidats ont déjà été identifiés. En métropole, la voie de l’apprentissage affiche des taux d’insertion supérieurs à ceux de la formation initiale. Un modèle qui a très largement inspiré le dispositif polynésien.