Affaire JPK : « la seule vérité qui compte, c’est celle que la justice va dire »

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27 ans après la disparition de Jean Pascal Couraud, dit JPK, ses proches continuent d'espérer la tenue d'un procès, alors que cinq personnes sont toujours mises en examen. "Les juges, en général, font leur métier. Mais encore faut-il maintenant qu'on leur donne les moyens" , glisse le frère du journaliste, Philippe Couraud.

Publié le 17/12/2024 à 16:19 - Mise à jour le 17/12/2024 à 18:22

27 ans après la disparition de Jean Pascal Couraud, dit JPK, ses proches continuent d'espérer la tenue d'un procès, alors que cinq personnes sont toujours mises en examen. "Les juges, en général, font leur métier. Mais encore faut-il maintenant qu'on leur donne les moyens" , glisse le frère du journaliste, Philippe Couraud.

Ce mardi, 27 ans après la disparition de Jean-Pascal Couraud (JPK) – ancien rédacteur en chef des Nouvelles de Tahiti connu pour ses enquêtes sur la sphère politique et particulièrement pour son opposition à Gaston Flosse – , son frère Philippe Couraud s’est adressé à la presse à l’hôtel Le Tahiti de Arue, comme il le fait chaque année. Le temps n’a pas altéré sa conviction que son frère a été tué dans la nuit du 15 au 16 décembre 1997.

C’est en effet par un dépôt de plainte pour assassinat et complicité, suite aux déclarations de l’ancien agent du Groupement d’intervention de Polynésie (GIP) Vetea Guilloux incriminant deux de ses collègues, qu’une enquête avait été ouverte en décembre 2004, marquant un nouveau départ pour l’affaire JPK. Vingt ans plus tard et après que Laurent Mayer a quitté ses fonctions de juges d’instruction en août dernier, l’enquête a été confiée à une septième juge, Mathilde Panicci.

Cinq personnes ont été mises en examen pour enlèvement, séquestration et meurtre. La famille du disparu constituée partie civile n’en démord pas : elle souhaite que ces derniers soient traduits en justice et que Gaston Flosse, aujourd’hui âgé de 93 ans, soit auditionné. « Nous, ce qu’on attend, c’est ce qu’on a dit, c’est un procès, martèle Philippe Couraud. Ça ne va pas nous empêcher, nous, d’avoir des certitudes et des convictions. Et là, maintenant, de les énoncer parce que 20 ans, ça suffit. On doit porter ça tout seul. On doit faire comme si c’était un gros mystère. Ça n’en n’est pas un » , assure-t-il.

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« On doit faire comme si c’était un gros mystère.
Ça n’en n’est pas un. »

Philippe Couraud (Crédit : Nicolas Pérez / TNTV)

Selon ses proches et les avocats Me William Bourdon et James Lau, JPK détenait des informations sensibles sur le Vieux Lion et le président de la République d’alors Jacques Chirac. Selon eux, c’est pour ce motif que le journaliste aurait été emmené sur un bateau de la flotille administrative, où il aurait été torturé et assassiné par des agents du GIP. La thèse d’un suicide du journaliste a d’abord été évoquée, avant que les enquêteurs ne suspectent Francis Stein et son ex-femme d’être impliqués dans sa disparition. A ce stade, toutes les personnes mises en examen dans ce dossier demeurent présumées innocentes.

Pour Me James Lau, la priorité est de « donner les moyens » à la nouvelle juge d’instruction, et d’établir la vérité sur les faits. « Dans un procès, chacun dira qu’on a la sienne. À un moment donné, la seule vérité qui compte, c’est celle que la justice va dire, lance-t-il. On sait bien ce qui s’est passé. Il faut arrêter de se voiler la face, de se cacher derrière son petit doigt. C’est la réalité des choses » , ajoute-t-il.

Pour l’avocat des parties civiles James Lau, « la vérité, la seule qui compte, c’est celle que la justice va dire » (Crédit : Heimanu Manutahi / TNTV)

Le conseil, qui exprime ses doutes quant à la capacité de Mathilde Panicci à mener à bien ce dossier complexe sans soutien logistique renforcé, sollicite le recrutement d’un assistant juridique pour épauler cette dernière. « Pour pouvoir faire le règlement de cette affaire, savoir s’il y a d’autres actes à effectuer, il faut que quelqu’un mette de l’ordre dans le dossier, insiste-t-il. Quand on a rencontré le juge qui a pris en charge temporairement le dossier – Laurent Mayer, ndlr – , il nous a dit qu’il y avait encore des cartons qui n’étaient pas cotés. C’est pour vous dire ».

« C’est lourd de porter tout ça et de croiser des gens dans la rue, de dire ‘on ne sait pas, on ne peut pas‘ , poursuit Philippe Couraud. Évidemment, ça doit être jugé, ça doit faire l’objet d’un débat contradictoire (…) les juges, en général, font leur métier. Mais encore faut-il maintenant qu’on leur donne les moyens » , conclut-il.

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