« On ne peut plus tenir comme ça » : au CHPF, les médecins anesthésistes à bout de souffle

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Les médecins anesthésistes réanimateurs du CHPF dénoncent leur volume horaire allant parfois jusqu’à 90 heures de travail par semaine. Une situation critique qui met en danger les médecins eux-mêmes, mais aussi leurs patients. Affilié à A Tia i Mua, le syndicat des anesthésistes (Semar) a déposé mercredi un préavis de grève.

Publié le 07/11/2024 à 16:08 - Mise à jour le 08/11/2024 à 8:13

Les médecins anesthésistes réanimateurs du CHPF dénoncent leur volume horaire allant parfois jusqu’à 90 heures de travail par semaine. Une situation critique qui met en danger les médecins eux-mêmes, mais aussi leurs patients. Affilié à A Tia i Mua, le syndicat des anesthésistes (Semar) a déposé mercredi un préavis de grève.

Un préavis de grève a été déposé au Centre Hospitalier de la Polynésie française (CHPF) par A ti’a i mua hier mercredi 6 novembre. Parmi les revendications, la comptabilisation du temps de travail en garde ou encore la reconnaissance du temps de travail réalisé lors d’un déplacement en astreinte de plus de 3 heures comme du temps de travail effectif : « On est sur l’organisation du temps de travail. Aujourd’hui, pour les médecins anesthésistes, on est sur un temps de travail qui dépasse la règlementation. Ils peuvent faire jusqu’à 90 heures par semaine. Cela amène à un risque personnel pour le salarié, et aussi un risque pour le patient d’erreur médicale sous l’effet de l’épuisement et autre. Cela fait des mois qu’ils tirent la sonnette d’alarme » indique Jonathan Dartin, secrétaire général adjoint d’A Tia i Mua.

Une situation que les médecins anesthésistes dénoncent depuis 2019, avec l’augmentation d’activité du CHPF, en particulier en gardes et aux urgences : « On peut faire par semaine jusqu’à 90 heures jour et nuit, en sachant que le travail de nuit est particulièrement fatigant, puisqu’on s’occupe à ce moment-là des patients les plus graves. On n’a pas le temps de récupérer. (…) Notre revendication, c’est de pouvoir comptabiliser le temps de nuit et le temps de week-end et de jours fériés. On est officiellement à 10 demi-journées, c’est-à-dire 39 heures par semaine. Le temps de garde doit être effectué, mais il n’est pas compté. Sur une fiche de paye, il est marqué 169 heures par mois. Il y a une indemnité de garde, mais ce n’est pas en tant que temps de travail que c’est donné, mais plutôt en tant qu’indemnité de nuit » explique Frédéric Monnier, médecin anesthésiste réanimateur depuis 2003 au CHPF, et vice-président du Semar (syndicat des médecins anesthésistes).

La fatigue s’accumule donc et les équipes médicales s’épuisent : « Notre vigilance baisse et ça met en danger la sécurité des patients. Et maintenant, avec la médecine moderne et l’augmentation de l’activité de garde et d’urgence au CHPF, on ne peut plus tenir comme ça. On prend souvent comme exemple le secteur aérien où les pilotes d’avions doivent se reposer légalement, les contrôleurs aériens doivent se reposer légalement aussi, ce qui indique bien que l’excès de temps de travail fait partie de la dégradation de la vigilance. C’est-à-dire que le temps de travail est lié à la sécurité des usagers ».

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« On demande à compter le temps de travail et à pouvoir récupérer au-delà d’un certain volume horaire. Quand on fait des semaines extrêmement chargées, il faut pouvoir récupérer le temps de travail excessif pour se reposer et se ressourcer pour pouvoir être à nouveau performant après » ajoute le taote.

Une situation qui n’attire pas la relève de demain. En deux ans, les 50 remplaçants recrutés pour de courtes missions au CHPF ont tous décidé de repartir. « On demande depuis longtemps une dérogation provisoire des textes actuels applicables aux médecins anesthésistes sur le modèle de ce qui avait été fait en 2009 pour les urgentistes, par exemple, en attendant une refonte éventuelle de tous les statuts des médecins hospitaliers au CHPF. Cette dérogation provisoire a été proposée, écrite, et on souhaite maintenant qu’une décision soit prise de façon à ce qu’elle soit effective. On l’espère pour le mois de décembre ».

Si aucune rencontre entre les syndicats et la direction de l’hôpital n’est encore prévue pour le moment, le secrétaire général adjoint d’A Tia i Mua reste confiant : « Cela devrait se régler rapidement dans la mesure où ce n’est qu’une question d’organisation du travail, du respect de la réglementation et du respect physiologique des équipes en place ». En revanche, si aucune rencontre n’a lieu avant le mardi 12 novembre à minuit, le préavis de grève sera effectif.

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