Aujourd’hui en Polynésie manger tue

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Publié le 29/06/2016 à 14:43 - Mise à jour le 29/06/2016 à 14:43

Sur les 10 pays où l’on recense le plus de personnes obèses dans le monde : 9 sont situés dans le Pacifique Sud. Et la Polynésie en fait partie.  Aujourd’hui, sur le fenua, on ne meurt plus de faim mais de trop manger. Presqu’une personne sur 2 est en surpoids. 1 sur 10 est considérée comme obèse morbide…

Les autorités sanitaires en ont fait le combat n°1 : l’obésité concentre tous les crédits de prévention. 
Car sur le fenua, ce n’est pas la faim qui tue mais la malbouffe. Les maladies liées au mode de vie sont la première cause de mortalité.
Une personne en situation d’obésité morbide affiche un indice de masse corporelle supérieur à 40… Le seuil, pour quelqu’un qui mesure 1m70, est de 117 kg. Ceux qui sont au dessus voient en moyenne leur espérance de vie diminuer de 15 ans.

Diabète, tension, maladies cardiovasculaires, et même cancers… le surpoids déclenche de nombreuses pathologies. La solution? Celle des régimes n’est que partielle…. « Quasiment chaque patient qui entame un régime reprendra du poids dans les cinq à dix ans qui suivent. Il n’y a pas non plus de médicament efficace contre la perte de poids. Dans le monde, il y a deux milliards de personnes en surpoids. S’il y avait vraiment un médicament efficace contre l’obésité, ça se saurait » explique le docteur Massimo Senni Buratti, chirurgien viscéral.

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Longtemps considérée comme une coquetterie l’opération est une technique de plus en plus utilisée.

« L’anneau existe toujours, mais il y a des techniques plus performantes. Aujourd’hui, on fait des gastrectomies sleeve. Il s’agit d’une réduction de la taille de l’estomac. On le coupe et on crée un tube gastrique : le patient est obligé de modifier son comportement alimentaire à vie. Il mangera beaucoup moins. Autre technique : le bypass gastrique. c’est un peu plus complexe. La taille de l’estomac est aussi réduite, puis il y a un montage intestinal qui crée une malabsorption. » ajoute le chirurgien. 

Orava, une patiente opérée il y a tout juste 1 an pesait 150 kg… « aujourd’hui j’en pèse 85! J’ai subi une intervention. Avant, je déposais ma fille devant l’école : elle n’aimait pas. Aujourd’hui, nous faisons plein de choses ensemble, c’est très bien » confie la jeune femme. 

Mais le système ne fonctionne sur le long terme que si les patients changent leur mode de vie et d’alimentation en profondeur.

Les professionnels de santé envisagent la création d’un centre de l’obésité pour accompagner les patients. Ils pourraient y consulter en un même lieu les cardiologues, endocrinologues, diététiciens et chirurgiens. « Il faudrait avoir un endroit où les patients seraient préparés en pré-opératoire, et pouvoir avoir les accompagner en post-opératoire.  Avoir un lien entre la  clinique et la maison. Ca permet d’avoir une synergie entre les professionnels, et de donner un point de repère aux patients. » propose Massimo Senni Buratti.

La Nouvelle Calédonie dans une situation similaire à la notre s’est dotée d’un tel centre il y a 4 ans. Elle a également mis en place des kits de dépistage et de prise en charge des patients en surcharge pondérale. 
 

Laure Philiber 
 

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