Au total ce sont 79 auxiliaires de santé qui participent à ces formations, car dans les îles plus qu’ailleurs, la polyvalence et les bons réflexes sont indispensables. Tantôt infirmiers, sage femme ou médecin, ces professionnels de la santé doivent faire face à toutes les situations et les cas d’urgences : accouchement impromptu, flèche plantée dans le cou, allergie…
Et pourtant, ces agents relevant de la fonction publique s’appuient uniquement sur leur formation initiale d’auxiliaire de santé. Une formation sommaire. Ils sont les oubliés de l’administration : ces professionnels n’ont pas été intégrés par le statut de la fonction publique en 1995.
« Nous faisons surtout de la prévention, tant que possible. Il y a quand même des personnes malades chroniques, elles nous demandent d’intervenir » explique Teumere Varoa, agent de santé aux Tuamotu. Comment les soigner? « Grâce à la télémédecine, on peut demander conseil aux médecins de Tahiti »
En 1989, je suis sortie de l’école d’infirmière, on m’a mis tout de suite en poste aux Marquises. Je suis heureuse de cette remise à niveau. Je n’ai eu aucune formation depuis 27 ans. Il faut appeler, se renseigner, il y a internet. On demande conseil quand on ne sait pas, sinon on reste bloquée » raconte Suzanne Hikutini. « Notre priorité, c’est la santé primaire, prévenir le danger. Moi, j’ai un tiers de population qui a des pathologies chroniques. Le diabète domine. Il faut aimer le métier… C’est vrai qu’on a beaucoup de moments difficiles mais on ne peut pas laisser tomber. c’est un beau métier, on est au service des personnes, on a besoin de nous. »
Philippe Biarez, médecin, et responsable du comité de pilotage des formations du personnel de santé dans les îles ajoute : « Ce que nous avons voulu introduire dans cette formation, c’est de la prévention. Il est très difficile de soigner les gens dans les îles, et la meilleure des réponses, c’est de rester en bonne santé. Habiter dans les îles c’est une chance, il y a un mode de vie agréable, intéressant, mais le risque sanitaire existe. Il faut que les gens restent en bonne santé. C’est l’objet de cette formation. »
200 millions ont été dévolus au financement de ces formations. Car ce ne sont pas tellement les sessions qui coûtent cher, mais le remplacement des titulaires, pour garantir une continuité de soins aux populations les plus éloignées.
C’est le Contrat de projets Etat-Pays et l’association Partage Santé Pacifique qui ont permis à cette association de voir le jour.
Interview de Suzanne Hikutini, infirmière aux Marquises
Teumere Varoa, agent de santé aux Tuamotu