Avenir incertain et situation financière fragile pour Air Moana

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Situation critique pour Air Moana. Moins de deux ans après ses premiers vols, la compagnie aérienne pourrait ne plus décoller dans le ciel polynésien.

Publié le 18/09/2024 à 18:00 - Mise à jour le 20/09/2024 à 9:58

Situation critique pour Air Moana. Moins de deux ans après ses premiers vols, la compagnie aérienne pourrait ne plus décoller dans le ciel polynésien.


Air Moana se trouve aujourd’hui dans une position extrêmement fragile. Selon nos informations, en grande difficulté, elle nécessiterait une injection de 4 milliards de Fcfp pour assurer la poursuite de ses opérations et éviter la cessation d’activité à court termes.

Jeudi dernier, une réunion décisive se serait tenue entre le gouvernement et les bailleurs de fonds susceptibles d’apporter un soutien financier. Malgré les enjeux et les discussions engagées, l’avenir de la compagnie aérienne et de ses plus de 200 salariés semble plus que jamais incertaine.

Un appel à la solidarité

« Il y a aussi l’aspect managérial, de la gouvernance. Avant d’arriver à un mouvement social, à une crise sociale, car rappelons-le, il y a 240 employés au sein d’Air Moana, je lance un appel à la solidarité. On se serre quand même la ceinture, parce qu’il y a problème récurrent, à chaque fin du mois, on se demande si on sera payés » déplore Ataria Firiapu, responsable de la communication et gestion des relations publiques et des partenariats à Air Moana.

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« Toute compagnie risque de déposer le bilan, aucune compagnie n’est immortelle. Air Moana est dans une situation difficile qui résulte d’une guerre ouverte qui a été enclenchée, destructrice de valeurs. J’aimerais que ça s’arrête. Le gouvernement, en tout cas, depuis notre arrivée, a accompagné Air Moana. Nous les avons reçus à chaque fois qu’ils nous ont sollicité. Nous avons mis en place un certain nombre de mesures en respectant la règlementation et la loi » a déclaré Moetai Brotherson, lors de l’ouverture de la session budgétaire.

« En dépit du soutien du Pays, les banques sont réticentes à suivre. On peut les comprendre parce qu’il y a beaucoup de signaux défavorables. »

Warren Dexter, ministre de l’Économie, du Budget et des Finances

« On a encore des cartes à jouer » a ajouté de son côté Warren Dexter, ministre de l’Économie, du Budget et des Finances, sur le plateau de TNTV. « Ce que je voudrais rappeler, c’est que c’est l’un des dossiers qu’on soutient depuis qu’on est arrivé aux affaires en mai 2023. Quand on est arrivé, les avions d’Air Moana n’étaient pas éligibles à la défiscalisation, donc on a modifié la règlementation pour que ce soit le cas. Ils ont obtenu une défiscalisation pour les 3 avions qu’ils veulent acheter. En termes de dépenses fiscales, c’est 3 milliards quand même qu’on met dans ce projet-là. Ensuite, nous avons demandé à la Sofidep de mettre au capital un demi-milliard de francs pour soutenir la compagnie. En dernier lieu, quand la compagnie est revenue nous voir pour nous dire qu’elle avait toujours des difficultés, on a mandaté un cabinet d’expertise parisien pour savoir combien d’argent, il faudrait mettre pour sauvegarder l’outil durablement. Et effectivement, on nous a répondu 4 milliards. Cela aurait été évidemment un soutien abusif que le Pays mette 4 milliards, même la moitié. Donc on a estimé qu’un milliard, c’était un soutien raisonnable, et c’est la proposition qu’on a faite à Air Moana. À charge pour elle de trouver les 3 milliards restants. La grande difficulté que nous avons vue, c’est qu’en dépit du soutien du Pays, les banques sont réticentes à suivre. On peut les comprendre parce qu’il y a beaucoup de signaux défavorables. Il y a des problèmes au niveau de la gouvernance, les stratégies commerciales n’ont pas été bonnes, et en plus, ils sont mis en procédure de conciliation au tribunal de commerce, et ça, c’est la chose qu’il fallait surtout pas faire pour avoir la confiance des banques… On essaie de recoller les morceaux, mais on a encore des cartes à jouer pour sauver cet outil ».

« Le modèle économique ne permet pas pour l’instant à cette société de voler de ses propres ailes. »

Steeve Hamblin, président du MEDEF Polynésie française

Pour Steeve Hamblin, président du MEDEF Polynésie française, la concurrence est vouée à l’échec dans le secteur aérien domestique : « La problématique, c’est qu’on vient ouvrir la concurrence sur des secteurs où il n’y a pas suffisamment de place pour plusieurs opérateurs. Donc la concurrence, ça fait du bien, ça permet de faire baisser les prix des billets d’avion. Tout le monde en a profité. Mais aujourd’hui, cela vient condamner les deux sociétés, parce qu’Air Tahiti aussi a enregistré des pertes l’année dernière. Air Moana semble être soutenue par des fonds privés, aujourd’hui. Le modèle économique ne permet pas pour l’instant à cette société de voler de ses propres ailes. Donc j’aurai tendance à dire que la compétition est bien là où c’est possible. Il y a des secteurs où ce n’est pas possible. Je pense qu’il faut en tenir compte pour l’avenir ».

À ce jour, une certitude, Air Moana n’est pas assignée au tribunal. Et le ciel polynésien continuera de s’ouvrir avec l’arrivée annoncée de Motu Link. Une compagnie essentiellement dédiée au transport du fret dans les îles.

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