Bertrand Piccard : « Il y a des centaines de solutions pour protéger l’environnement de manière économiquement rentable »

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Publié le 11/08/2018 à 8:14 - Mise à jour le 11/08/2018 à 8:14

La goélette Why va explorer les fonds marins de Polynésien pendant 18 mois. Pensez-vous qu’il y a assez de moyens déployés pour ce type d’expédition ?

Il faut mettre des moyens financiers dans l’exploration des océans et il faut mettre des moyens législatifs et réglementaires dans la protection des océans. Nous ne nous rendons pas compte des dégâts que nous faisons en tant qu’être humain avec la surpêche, le braconnage et tous les déchets que nous balançons dans les océans. Tout cela devrait être beaucoup plus encadré par les états.

Vous êtes justement en Polynésie pour parler de votre projet : Mille solutions durables. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Je pars de l’idée que si on fait de l’écologie qui coûte cher, et qui limite la mobilité et la vie des gens, nous allons créer beaucoup de résistance. Au contraire, il faut parler le langage des gens que nous voulons convaincre. C’est-à-dire qu’il faut parler le langage économique, financier, la création d’emplois, la croissance propre… Il y a aujourd’hui des centaines et de centaines de solutions pour protéger l’environnement de manière économiquement rentable. C’est ça qu’il faut promouvoir. J’ai décidé d’en sélectionner déjà 1000, d’en faire un portfolio et de les amener aux chefs d’états pour leur montrer ce qui est possible aujourd’hui qui va pouvoir accentuer et améliorer l’état de l’industrie, de l’économie, de la finance, de la société mais en même temps de l’environnement.

Vous demandez que les projets environnementaux soient économiquement viables. Est-ce que c’est facile aujourd’hui ?

C’est beaucoup plus facile que ce que l’on croit. Vous savez, je viens de passer quelques jours au Brando. C’est extraordinaire de voir le système d’air conditionné, le Swac, qui est fait en prenant de l’eau à 1000 mètres, qui arrive à 5 degrés, un échangeur de froid, qui permet de diffuser cette eau froide et qui permet de produire de l’air conditionné, non seulement pour beaucoup moins cher mais pour zéro pollution. On voit que le générateur qui marche à l’huile de coco, les panneaux solaires, le Swac, permettent de faire du tourisme propre et qui est beaucoup plus rentable. Maintenant, il faut populariser ça à l’échelle de ville, à l’échelle de pays. La Polynésie est un bel exemple ! C’est ça qui m’a frappé ici…

Y-a-t-il d’autres exemples que le Brando et le Swac qui ont retenu votre attention ?

Il y a dans le monde, dans des tas d’autres domaines, des possibilités d’avoir des maisons beaucoup mieux isolées, des éclairages qui consomment presque plus rien, des énergies renouvelables, un smart grid, on digitalise la consommation d’énergie, d’avoir des mobilités beaucoup plus propres. On voit que toutes ces solutions-là devraient être beaucoup plus connues et comprendre qu’elles sont rentables.

Y-a-t-il d’autres exemples que le Brando et le Swac qui ont retenu votre attention ?

Il y a dans le monde, dans des tas d’autres domaines, des possibilités d’avoir des maisons beaucoup mieux isolées, des éclairages qui consomment presque plus rien, des énergies renouvelables, un smart grid, on digitalise la consommation d’énergie, d’avoir des mobilités beaucoup plus propres. On voit que toutes ces solutions-là devraient être beaucoup plus connues et comprendre qu’elles sont rentables.
 
Vous êtes psychiatre, pilote, conférencier, explorateur et aussi président de la fondation impulse. Votre vie est loin d’être ordinaire…

Je pense que chacun peut choisir entre une vie où nous restons dans la routine et une vie où nous pouvons explorer. Explorer, pas seulement avec un avion solaire ou sous les mers. Explorer la vie, les relations humaines, la psychologie, la spiritualité… Il faut de la curiosité. Il faut de l’esprit de pionnier. Pour cela, il faut être capable de remettre en question les certitudes qu’on nous a enseignées. Sinon, nous sommes prisonniers de nos certitudes. Nous n’arrivons pas à changer d’avis, nous n’arrivons pas à nous ouvrir à l’inconnu. Finalement, c’est ça qui fait souffrir beaucoup de gens. C’est cette peur de l’inconnu. L’inconnu, ça devrait être des stimulations pour notre curiosité, pour notre créativité et pour notre performance.

C’était tout l’objet de votre conférence vendredi soir : le dépassement de soi. Pouvez-vous nous expliquer cela plus en détails ?

Vous savez, aujourd’hui, nous sommes dans une société qui est très formatée. Nous formatons la politique entre la gauche et la droite. Nous formations la religion en inculquant aux gens ce qu’il faut croire. Nous avons du politiquement correct. Finalement, nous sommes dans un carcan de certitudes qui empêchent d’avancer. Ce que je pense qui est extrêmement important si on veut être un explorateur, c’est d’être capable de prendre conscience de ce qu’on croit vraiment, de ce qu’on nous a appris, et essayer autre chose. Je ne dis pas qu’autre chose ça va toujours être mieux. Mais très souvent, aller voir autre chose dans ce qui peut être contredit dans nos dogmes et nos certitudes, ça va nous amener une ouverture qui nous permettra d’intégrer beaucoup plus d’éléments à notre compréhension. Parce que le but, ce n’est pas simplement de croire, le but c’est de comprendre. Le but, ce n’est pas de suivre tout ce qui est fait, c’est de conduire, c’est d’ouvrir des voies. Je pense que dans l’éducation des enfants, on devrait aller beaucoup plus dans la stimulation de la créativité et de la curiosité plutôt que simplement dans l’inculcation des connaissances.

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