Bora Bora, perle de cristal (meth)

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L’ice n’épargne aucune île de Polynésie française, pas même la « Perle du Pacifique », Bora Bora. En début d’année, un couple de trafiquants, bien inséré, a été appréhendé. Sur l’île de seulement 49km2, la demande a explosé ces 5 dernières années. TNTV a recueilli les témoignages de proches de consommateurs et de dealers. Mais aussi ceux des représentants de la loi. Tous attestent de la propagation de cette drogue et de ses ravages dans la société.

Publié le 14/07/2024 à 17:25 - Mise à jour le 18/07/2024 à 11:07

L’ice n’épargne aucune île de Polynésie française, pas même la « Perle du Pacifique », Bora Bora. En début d’année, un couple de trafiquants, bien inséré, a été appréhendé. Sur l’île de seulement 49km2, la demande a explosé ces 5 dernières années. TNTV a recueilli les témoignages de proches de consommateurs et de dealers. Mais aussi ceux des représentants de la loi. Tous attestent de la propagation de cette drogue et de ses ravages dans la société.


Bora Bora et son lagon aux nuances de saphirs et d’émeraudes attire les regards du monde entier. Mais ces 5 dernières années, c’est un autre cristal qui fait parler de la « perle du Pacifique » : l’ice.

Malgré le démantèlement de deux réseaux et l’ouverture de plusieurs enquêtes des forces de l’ordre, cette drogue circule toujours. Pour tenter d’endiguer le fléau, la municipalité a décidé, en décembre dernier, de se doter prochainement de deux chiens de patrouille, dont un chien « anti-stup ».

« Depuis 5 ans, il y a eu un boom sur Bora », constate, amer, Steven Geva, le chef de la brigade municipale, « sur chaque sortie pour violence, il y a de l’alcool et il y a du stupéfiant, y compris de l’ice (…) S’il y a des dépistages à faire, à chaque fois, ça matche. […] Aujourd’hui, ce n’est plus occasionnel. Toutes les classes sociales sont touchées, tout type de personnes ». « Non seulement il y a des consommateurs, mais aujourd’hui, nous avons aussi des dealers à Bora », souffle-t-il.

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Des trafiquants qui sont rapidement repérables, selon la population. Lors de notre enquête, certains noms ont été cités à plusieurs reprises. Malgré la dangerosité du produit, l’appât du gain prédomine. L’impact est désastreux. Dans les foyers, il pousse les consommateurs les plus accrocs au pire, comme à la violence ou au vol. Une situation que dénonce cette mère de famille, déterminée à sortir son fils des ténèbres.

« On ne s’attendait pas à ça, parce que c’est quelque chose qu’on voyait chez les autres, mais pas chez nous. Ces gens qui vendent de l’ice à ces jeunes, ce sont des gens qui sont beaucoup dans la société. Que ce soit à l’église, que ce soit dans les associations. Des pères de famille qui vendent ça, qui ont une vie bien rangée », dit-elle en souhaitant conserver l’anonymat.

« Je pense que dès l’école maintenant, le collège, des jeunes de 12 ou 13 ans commencent à toucher à cette merde-là. Ça me révolte. Tu en arrives même à menacer certaines personnes. Tu sais que c’est un danger pour ton enfant. Même mon mari, il est tombé des nues. Il dit parfois ‘j’ai envie de les tuer’. Pourquoi ? Parce que tu sais que ce sont des dangers ! », ajoute-t-elle.

« Je ne sais vraiment plus comment aider mon mari »

Une habitante de l’île

Cette autre femme a aussi accepté de témoigner sous couvert de l’anonymat. Car son compagnon, pourtant bien inséré dans la société, deale désormais. Du jour au lendemain, elle n’a plus reconnu le père de ses enfants. Un homme devenu violent et qui a lui-même été victime de menaces pour rembourser des doses de drogue. Ce qui l’a convaincu de parler :  la peur de mourir et la crainte d’être considérée comme complice.

« Je ne sais vraiment plus comment aider mon mari. Je ne peux pas y arriver seule, parce qu’il ne veut rien savoir. C’est vrai que, normalement, c’est à moi de le dénoncer, mais je ne veux pas. Aujourd’hui, je préfère abandonner, partir avec mes enfants pour me protéger moi-même, et pour ne pas finir dans un cercueil » confie-t-elle.

Derrière tous ces témoignages, la peur de représailles prédomine. Et une méfiance envers les agents de la police municipale se fait également ressentir.

« Je sais pourquoi je me suis engagé dans la police municipale et j’ose espérer que la totalité de mes collègues savent aussi pourquoi ils ont postulé. Nous sommes des agents assermentés. Ils savent ce qu’ils risquent s’ils s’écartent du droit chemin. Mais moi, en toute humilié, je sais que je suis quelqu’un d’intègre. J’essaie d’être juste tous les jours et je pense que les gens le savent », assène Steven Geva.

Le chef de brigade admet qu’il est difficile de filtrer les nombreuses arrivées de bateaux ou de voiliers, vecteurs principaux du trafic, selon lui. D’autant que face à la forte demande sur la petite île, les arrivées suspectes sont nombreuses, notamment depuis Raiatea et Huahine.

Sollicitée par la rédaction de TNTV, la gendarmerie n’a pas souhaité participer à ce reportage.

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