La création d’une filière locale officielle et contrôlée pour cultiver le chanvre, pourquoi pas. Mais pour le Cesec, la ruée vers l’or vert devra attendre
L’institution se veut prudente sur le projet de loi du pays sur l’usage du cannabis et ses enjeux. Le Cesec est favorable, dans un premier temps, au cannabis thérapeutique pour des pathologies spécifiques avec des médicaments importés. « Bien sûr, nous avons été favorables. Pourquoi ? Parce que c’est un médicament. Et il faut savoir que, déjà, nous faisons venir des médicaments à base de cannabinoïdes, à base de CBD de l’extérieur, qui sont remboursés par la CPS. Mais pas la quantité sur tous les médicaments que nous voulons. Bien sûr que le Cesec est d’accord que le Pays puisse produire et arriver un jour, pourquoi pas, à sa propre production. Mais une production contrôlée, une production pas par n’importe qui, parce que c’est une plante très difficile ».
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La commission a dû se réunir six fois pour parvenir à émettre un avis au final mitigé. Les divers usages du cannabis, dont le CBD suscite toujours des interrogations. Le Cesec émet donc un avis défavorable à la culture de la plante.
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En commission, les représentants ont aussi émis des craintes quant à un usage inapproprié des produits du CBD. « C’est normal que ça fasse du mal, parce qu’il n’y a aucun texte qui est fait. Je pense qu’il vaut mieux réfléchir pour bien cadrer les choses. Si on ne réfléchit pas pour cadrer les choses, ce n’est pas normal. »
Le cannabis, un sujet à la fois sociétal, sanitaire et économique dont le Cesec a décortiqué chaque point du projet de loi. L’institution craint un mauvais usage des produits.
Les représentants de la société civile ne souhaitent pas que l’accès au CBD banalise la consommation du cannabis.
Le syndicat polynésien du chanvre regrette cet avis plutôt défavorable dans l’ensemble. « La France, lorsqu’elle a renouvelé sa règlementation sur le champ industriel, elle a tenté d’interdire la vente de fleurs brutes, notamment pour l’extraction du CBD. Le conseil d’État avait été saisi par les professionnels du secteur et il s’est prononcé un an plus tard le 29 décembre 2022 en disant que l’interdiction absolue sur la fleur de chanvre limitée à 0.3% n’était pas justifiée parce que le risque de santé publique n’était pas clairement démontré. »
Selon le Cesec, il est prématuré de vouloir structurer une culture du chanvre en l’état actuel des études menées sur les teneurs de la plante et leur stabilité. Les travaux menés par l’IILM n’ont pas encore abouti.