Conditions de travail au CHPF : les soignants font part de leur mal-être au ministre de la Santé

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Management malveillant, multiplication des arrêts maladie à dominance psychiatrique, volumes horaires insupportables : À l’hôpital du Taaone, les soignants n’en finissent pas d’exprimer leur détresse. Certains médecins estiment être devenus esclaves de leur Serment d’Hippocrate. Un mal-être dont ils ont pu faire état, ce jeudi, auprès du ministre de la Santé qui leur a promis « des solutions à emmener dans l’urgence ».

Publié le 26/04/2024 à 9:21 - Mise à jour le 26/04/2024 à 15:53

Management malveillant, multiplication des arrêts maladie à dominance psychiatrique, volumes horaires insupportables : À l’hôpital du Taaone, les soignants n’en finissent pas d’exprimer leur détresse. Certains médecins estiment être devenus esclaves de leur Serment d’Hippocrate. Un mal-être dont ils ont pu faire état, ce jeudi, auprès du ministre de la Santé qui leur a promis « des solutions à emmener dans l’urgence ».

La souffrance au travail : c’est ce que dénoncent des représentants du personnel du service de psychiatrie de l’hôpital du Taaone. Une souffrance due au management, et à une charge de travail qu’ils ne peuvent plus assumer, selon eux. 

« Le volume horaire est devenu insupportable », estime Frédéric Monnier, médecin anesthésiste au CHPF, « la prise en charge des urgences et le travail de nuit font que nous sommes épuisés et pas du tout entendus par la direction ».

Même constat pour sa consœur Priscilla Amaru, anesthésiste et présidente du syndicat Semar : « La permanence des soins nous oblige, et cela fait partie de nos missions, de travailler de jour, de nuit, les week-ends, les jours fériés, les fêtes, les vacances. On est en permanence à l’hôpital pour s’occuper de la population. Malheureusement, ces heures ne sont pas reconnues dans notre temps de travail. Dans une semaine moyenne, on est plutôt vers 60 heures, donc très loin des 48 heures maximales prévues par la loi. Mais on arrive à 90 ou 100 heures par semaine, au minimum une fois par mois ».

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Angela Rousseva a été employée quelques mois à l’hôpital du Taaone. Exerçant aujourd’hui en libéral, cette psychiatre reçoit en consultations plusieurs de ses anciens collègues.

« J’étais à 50 salariés suivis par mois, dont 9 médecins. Et c’est la première fois de ma vie que je vois des médecins pleurer, des médecins qui souffrent parce qu’ils se voient dans un non-respect de leur Serment d’Hippocrate », constate-t-elle. Une situation qui inquiète les partenaires sociaux représentant les salariés.

« Il y aura toujours un soutien au navire amiral de la santé »

Cédric Mercadal

« On a été saisis par nos adhérents du CHPF, donc des médecins, des cadres de santé, des infirmiers, des manipulateurs radio, des techniciens de laboratoire pour des problématiques de risques psychosociaux. Il y a une prolifération des arrêts maladie à dominante psychiatrique en lien direct avec le travail », explique Julien Uhrig, du syndicat A Tia I Mua. « Nous avons alerté plusieurs fois la direction sur des problèmes de management malveillant. Aujourd’hui, on est un peu au bout de ce que l’on peut faire avec la direction », ajoute-t-il.

A la mi-journée, les représentants des salariés ont pu s’entretenir avec le ministre de la Santé et disent avoir obtenu « une oreille attentive avec une promesse d’actions très rapides ».

« On a pu discuter de leurs difficultés et des solutions à emmener dans l’urgence pour les aider », confirme Cédric Mercadal. « J’ai toujours été investi dans le bien-être de l’hôpital et celui des soignants. Cette année, on a encore mis 1,7 milliard de francs pour soutenir l’hôpital. Ce sera voté au prochain collectif, au mois de mai. Donc, il y aura toujours un soutien au navire amiral de la santé en Polynésie française », assure encore le ministre.

D’autres rencontres entre les syndicats et le ministère auront lieu jusqu’à la fin de la semaine.

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