Couvre-feu en Polynésie : « Pour l’instant, nous n’en sommes pas là » indique Jacques Raynal

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Jacques Raynal, ministre de la Santé, était l'invité de notre journal télévisé lundi 2 août :

Publié le 03/08/2021 à 10:18 - Mise à jour le 03/08/2021 à 14:54

Jacques Raynal, ministre de la Santé, était l'invité de notre journal télévisé lundi 2 août :

TNTV : Le nombre de cas, mais surtout d’hospitalisations et même de décès, est en forte augmentation ces derniers jours après des mois d’accalmie. Selon vos projections, ces courbes vont-elles s’accentuer encore ou se tasser bientôt ? 
Jacques Raynal : « Il est un peu tôt pour dire qu’elles vont se tasser. C’est ce que nous espérons, bien évidemment, mais nous sommes quand même dans la crainte de voir encore augmenter le nombre de personnes qui arrivent à l’hôpital. Et c’est notre principale préoccupation à l’heure actuelle, parce que vous le savez probablement, le nombre de places en réanimation, notamment, est limité. Nous avons un hôpital qui est de très grande qualité, mais il est évident que pour ce qui concerne les services spécialisés, le nombre est habituellement calibré par rapport à la population en dehors d’une phase épidémique comme celle que nous connaissons à l’heure actuelle. »

Cela implique à nouveau une mobilisation accrue du personnel soignant ?
« Il y a d’abord, en effet, le poids du travail sur les ressources humaines. Un lit de réanimation, c’est en moyenne 3 à 4 personnes qui sont là 24 heures sur 24, bien évidemment par périodes de 8 à 12 heures. C’est donc quelque chose qui à la fin finit par peser lourd sur les personnels de réanimation, que je remercie pour leur investissement. Vous avez vu que le Président de la République les a également remerciés. Et c’est vrai que c’est le service de réanimation qui a le plus pris en charge le poids de cette épidémie. Mais il n’y a pas que le service de réanimation puisque nous avons une filière Covid en réanimation et une filière Covid pour des gens qui sont malades, mais qui ne sont pas forcément appelés à aller en réanimation. À l’heure actuelle, dans la capacité possible de notre hôpital, nous avons 53 lits qui ne sont pas de réanimation et 24 lits de réanimation. À l’heure actuelle, nous avons pratiquement atteint le seuil, le niveau, maximum. Nous avons eu 53 patients qui sont rentrés en hospitalisation le 2 août dont 9 en réanimation, ce qui fait que l’on a 42 personnes qui utilisent les 53 lits, et il reste 9 lits en réa. »

Avec ce nouveau variant, a-t-on constaté de nouveaux problèmes de santé outre les problèmes respiratoires ?
« En effet, ce Delta a plusieurs capacités différentes du premier virus que l’on appelait Alpha. Il est plus facilement contaminant, c’est-à-dire qu’il passe plus de l’un à l’autre, avec une plus grande rapidité. Il entraine également une contamination qui est trois fois plus élevée que le virus de départ. Il entraine une difficulté respiratoire importante, donc une insuffisance à respirer par inflammation des poumons qui peut persister longtemps après le service de réanimation. Et il y a d’autres complications qui sont des complications cardiaques avec une inflammation du muscle cardiaque lui-même que l’on appelle une myocardite, qui peuvent entrainer bien évidemment des séquelles très importantes quand elles n’ont pas entrainé la mort en réanimation. »

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Le président Edouard Fritch a annoncé que 90% des patients hospitalisés pour Covid ne sont pas vaccinés…
« C’est vrai, c’est exact, c’est ce que nous constatons. L’analyse des hospitalisations du 31 mai au 31 juillet derniers en France, période donc active de la circulation du Delta, a bien montré que pour les non vaccinés, 85% étaient ceux qui rentraient en hospitalisation. »

Comment expliquez-vous que l’on soit deux fois moins vacciné en Polynésie qu’en métropole ? Est-ce une méfiance envers la médecine occidentale ? 
« Non, pas à mon sens, puisque la médecine occidentale est présente sur le territoire depuis quand même longtemps. Je pense que c’est à la fois parce que nous avons une population dispersée, d’accessibilité difficile, notamment vous avez vu que pour les Tuamotu nous avons été aidés dans la vaccination par le service de l’armée de l’air, pour Rapa également. Donc cette dispersion est à la fois, peut-être, une petite protection pour limiter la diffusion du virus, mais aussi une difficulté pour les soins. Ensuite il y a, bien évidemment, toujours cette crainte du vaccin pour différentes raisons. On n’aime pas trop les piqures dans notre Pays. Mais en réalité, la population dans son ensemble, on le constate aujourd’hui, a compris que la vaccination était le point principal de la lutte contre ce virus. »

« il n’y a pas de doses périmées en vaccins à l’heure actuelle.« 

Quelles pourraient être les prochaines mesures restrictives si la situation continuait à s’aggraver ?
« On espère ne pas en arriver là, bien évidemment, parce que les mesures qui viennent d’être prises n’ont pas encore porté leurs effets. Attendons de voir dans une ou deux semaine(s) quelle est la courbe de l’évolution de l’épidémie. Il est évident que si on continuait à avoir une augmentation importante, nos capacités hospitalières étant mises en difficulté, nos capacités de prise en charge de patients étant mises en difficultés, il faudrait prendre des mesures complémentaires telles que celles que l’on a connues il y a quelque temps. On ne le souhaite pas. Mais le couvre-feu pourrait être une de ces mesures. Ça nécessite cependant une décision qui ne dépend pas du Pays, qui dépend de l’État, mais pour l’instant, nous n’en sommes pas là. Nous espérons justement ne pas en arriver là. C’est la raison pour laquelle nous appuyons fortement sur la nécessité de se faire vacciner. Vous avez vu qu’à Punaauia ce dernier week-end, les gens ont adhéré à notre proposition de vaccination, et nous reproduirons un vaccinodrome le week-end prochain à la présidence le samedi et le dimanche, et nous resterons aussi longtemps que possible, tant qu’il y aura des gens qui viendront se faire vacciner. Et nous avons suffisamment de doses, et contrairement à ce qui court un peu dans le pays, il n’y a pas de doses périmées en vaccins à l’heure actuelle. Nous avons suffisamment de doses. Les premières péremptions arriveront fin septembre, et donc on espère qu’avant fin septembre on aura utilisé toutes les doses qui sont là pour l’instant. »

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