La crucifixion du Christ ou le jeûne sont des thèmes traditionnels pour les prédications du vendredi pascal. Méthamphétamine, trafic international et dégâts physiques de l’ice sont en revanche des sujets plus originaux à l’heure du culte, surtout lorsqu’à la chaire, le directeur de la police a pris la place du pasteur. Dans la guerre menée contre l’ice, tous les moyens sont bons.
« J’estime qu’il n’y a pas de monopole pour lutter contre l’ice, indique le commissaire Mario Banner. Je suis moi-même catholique et je ne vois pas ce qui peut être choquant de venir dans un temple ou une église parler de l’ice. C’est un excellent vecteur de communication. Je sens bien l’aspect familial des choses et que les parents qui sont là aujourd’hui, compte tenu des réalités qui leur ont été exposées, je pense qu’ils seront plus à même de discuter avec les enfants au foyer. »
Devant des fidèles attentifs, Mario Banner explique la réalité de l’ice en Polynésie, de la quête de l’argent facile aux dégâts dans le cercle familial. Un discours sans tabou demandé par l’Église, consciente de sa méconnaissance du sujet.
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« Une fois de plus, je m’aperçois que, à part peut-être regarder ce qui se passe dans les journaux quand on parle de l’ice, ils ont une méconnaissance complète de ce phénomène », déplore le directeur de la Sécurité publique.
Au discours succèdent les échanges. La crainte de susciter des vocations en discutant des gains des trafiquants est ainsi abordée, tout comme les moyens d’empêcher ses proches de sombrer dans la spirale de l’addiction. À l’issue du culte, la leçon est bien retenue.
« L’ice, ça m’inquiète beaucoup, souffle Chantal, une fidèle de la paroisse de Arue. Ça rapporte peut-être beaucoup d’argent, mais la santé des enfants, la santé des personnes qui vont prendre ça, eh ben c’est autrement… »
Cette rencontre ne restera pas sans suite. Les diacres vont désormais réunir les jeunes de la paroisse pour leur prêcher la bonne parole.