De La Réunion à Tahiti : Oporo, le nouvel élan de Stéphanie McKenna

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Si elle est née à La Réunion, c'est sur une autre île que Stéphanie McKenna a décidé de poser ses valises et d'y faire sa vie. Après 10 ans de mannequinat à Londres, elle poursuit sa carrière à Tahiti, toujours dans la photographie, mais de l'autre côté de l'objectif, celui de son mari, le renommé Tim McKenna. Aujourd'hui, c'est dans la musique que Stéphanie s'épanouit. Rencontre.

Publié le 21/09/2024 à 12:14 - Mise à jour le 22/09/2024 à 12:28

Si elle est née à La Réunion, c'est sur une autre île que Stéphanie McKenna a décidé de poser ses valises et d'y faire sa vie. Après 10 ans de mannequinat à Londres, elle poursuit sa carrière à Tahiti, toujours dans la photographie, mais de l'autre côté de l'objectif, celui de son mari, le renommé Tim McKenna. Aujourd'hui, c'est dans la musique que Stéphanie s'épanouit. Rencontre.

« C’est assez riche de grandir à La Réunion. Je crois qu’il n’y a pas beaucoup d’endroits dans le monde où tu grandis entouré de toutes les ethnies. À l’école, j’avais des amis qui allaient au temple chinois, d’autres au temple tamoul… Le brassage ethnique y est apaisé », confie Stéphanie McKenna, Réunionnaise d’origine et Tahitienne de cœur.

À 18 ans, elle quitte son île natale et s’envole direction l’Hexagone où elle étudie le marketing pendant deux ans à Montpellier. C’est d’ailleurs là-bas qu’elle se met en couple avec celui qu’elle avait déjà rencontré à La Réunion et qui deviendra son mari : Tim McKenna. Stéphanie part ensuite à Londres. Elle y restera finalement une dizaine d’années et fera carrière dans le mannequinat : « J’étais la plus petite mannequin de Londres » plaisante-t-elle. « C’était l’époque de la Girl Next Door. La fille souriante, sympa et qui pourrait être ta copine, c’était moi. Je pouvais passer pour une Française comme une fille d’Arabie Saoudite, avec les cheveux longs et la peau mate ».

Tim McKenna vivant à Bordeaux et voyageant beaucoup pour son métier de photographe, elle à Londres, leur couple tient malgré la distance : « Ça m’a permis de vivre ma vie aussi et de faire les choses que j’avais envie de faire ». De son côté, le photographe franco-australien est amené à venir régulièrement à Tahiti pour les compétitions de surf à Teahupo’o. « Un jour, il m’embarque avec lui, et je découvre la Polynésie. Très vite, on se projette ici. J’avais l’impression de retrouver La Réunion d’antan. Ça devient un de nos rêves de venir vivre à Tahiti » , se rappelle Stéphanie. « On s’est dit que c’était l’environnement idéal pour faire grandir un enfant. Il y a la mer, la nature… ».

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Leur décision prise, Stéphanie et Tim se marient en France. L’occasion de célébrer leur amour avec leurs proches, mais aussi leur grand départ. En 2002, ils posent leurs valises à Tahiti et s’installent à Paea, une commune dans laquelle ils vivent encore aujourd’hui. Stéphanie travaille pendant un an dans une agence de communication, avant de finir par rejoindre son mari et de bosser à plein temps avec lui. Lui prend les photos, elle, gère tous les à-côtés, l’administratif, la logistique etc. « Tim voyageait beaucoup, et je connaissais très bien son portfolio. Très vite, je me retrouve à faire des sélections de photos. À l’époque, il y avait beaucoup de magazines, il fallait donc leur envoyer des photos régulièrement. Et Teahupo’o était très en vue. Finalement, c’était cohérent que je travaille avec lui, j’étais la plus à même de le faire ».

Un travail prenant et difficile à conjuguer avec la vie de famille, mais un défi que relèvent les McKenna : « On croit que la photographie, c’est facile, mais c’est sans arrêt réinvestir en matériel, donc en temps. On a passé beaucoup de nos week-ends à essayer de répondre à la demande pour tenir le rythme et être toujours dans la course. Le métier de photographe n’a plus rien à voir, aujourd’hui. Au départ, il fallait une grosse connaissance technique. Quand j’ai rencontré Tim, je triais ses diapos de Polynésie ! Un bon iPhone maintenant va te faire cette même qualité d’image et va te permettre cette espèce de mobilité, flexibilité. Bien-sûr, il y a encore la photo créative, artistique. Mais la photo accompagne, aujourd’hui. Elle n’est plus toute seule, elle est dans un art de communiquer, c’est un support pour faire partager un lifestyle ».

Quant au fait de travailler avec sa moitié, le challenge n’est « pas évident à relever tout le temps » , admet Stéphanie. Mais on se complétait bien, je crois, avec Tim. C’est quelqu’un qui aime photographier en retrait. Il allait se planquer, il shootait aux téléobjectifs. Moi, j’avais eu toute cette expérience dans la mode et du coup, je savais comment ça fonctionnait. J’avais un bon contact avec les filles. Il n’y avait pas de mannequins professionnels à l’époque à Tahiti, donc je les mettais en confiance. Je savais ce qu’il fallait faire pour monter un shoot. (…) C’était plutôt agréable d’être en arrière-plan, d’avoir juste les connexions avec les amis. Quand je dis les amis, c’est toutes les équipes techniques qui sont devenues des amis ».

Stéphanie s’occupe également de castings pour des boites de production : « Ce sont des aventures superbes parce que tu te plonges dans un projet cinéma. (…) C’est assez chargé sur le plan humain et émotionnel ».

À aucun moment les McKenna n’ont le mal du pays : « On aurait aimé, tous les deux, peut-être voyager plus » , reconnait-elle cependant. « J’aime profondément la Polynésie. J’aime l’équilibre qu’il y a entre la nature et la culture. Il y a encore beaucoup à apprendre, je trouve, sur la culture locale, et beaucoup à faire en termes de découverte ».

La musique comme nouvel élan

À l’aube de ses 50 ans, Stéphanie se détourne aujourd’hui quelque peu de la photographie pour se tourner vers la musique : « En 20 ans, j’ai beaucoup contribué aux projets de Tim via ses deux livres. On a travaillé ensemble pour maintenir le business qu’il a créé, lui. Ce sont ses images, c’est sa passion. Ça m’allait très bien de soutenir tout ça jusqu’alors. Mais je pense que la musique est venue parce que j’avais besoin de m’échapper de son univers à lui et de créer un univers qui était le mien, et le mien seul, d’exprimer ma créativité. La musique, c’est un premier pas ». Petite déjà, elle aimait chanter et jouer du saxophone.

« L’approche de la cinquantaine, c’est quand même, pour une femme, une étape, concède-t-elle. Tu tournes une page, ton corps change, tes attentes aussi. Il y a une espèce de bilan ». Stéphanie confie être dépassée par les réseaux sociaux et être désormais en recherche de simplicité : « Tim continue sa quête de l’image aquatique, il se révèle toujours dedans. Il est bien dans l’océan. Et il s’est mis à la vidéo. Moi, aujourd’hui, la dimension des réseaux sociaux est difficile pour moi à embrasser. J’ai envie de vivre les choses pour moi dans le moment présent et instantané, sans appareil, sans technologie. (…) Ce que j’ai envie de vivre, ce sont des moments simples, je veux avoir du temps pour aller camper. Il y a encore plein de plages de Polynésie que je n’ai pas visitées, je me rêve d’apprendre à pêcher. Une oisiveté qui est finalement toujours productive, tu pêches, tu fais ton jardin… ».

Si Stéphanie continue de travailler pour Tim, c’est de manière plus détachée : « J’essaie doucement de me donner des plages de temps qui puissent me permettre de développer quelque chose ». Elle s’est mise à jouer dans des groupes, par hasard : « Il y a six ans environ, un ami chez qui on se retrouve pour un barbecue oublie qu’il a une répétition avec son groupe de musique. On se joint à leur répétition, on s’amuse ».

Une révélation pour celle qui se met à la chanson et rejoint un groupe de jazz pendant 4 ans : « C’est vraiment libérateur. La musique est un vecteur de partage énorme. Quand on fait la bringue, on se retrouve, on chante… C’est une des choses qui m’a toujours plu ici. Il y a toujours beaucoup de bienveillance, peu importe ton niveau. Si tu le fais avec plaisir et que c’est communicatif, on t’accueille les bras ouverts ».

Aujourd’hui, Stéphanie a rejoint une formation jazz, « Oporo » – piment en tahitien – , un clin d’œil à l’île de La Réunion, réputée pour ses piquants. Elle se produit dans des bars de la capitale, un gros challenge pour elle : « La première fois, je n’en ai pas dormi pendant un mois avant le grand soir ! Mais c’était fun. Une fois que tu es sur scène, tu oublies toutes tes craintes. J’adore aussi aller écouter et découvrir les groupes. Je trouve formidable cette émulation, ça donne de la vie et ça donne une belle énergie ».

Outre ses évasions musicales, Stéphanie envisage un autre voyage prochainement, celui vers La Réunion, pour y fêter ses 50 ans.

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