Desserte des îles : « on ne peut pas continuer à avoir le couteau sous la gorge », prévient Jean-Christophe Bouissou

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L’annonce de la suspension de la desserte aérienne de 27 destinations, en fin de semaine dernière, a été accueillie avec stupeur par les habitants des îles concernées. Annonce à laquelle est venue s’ajouter celle de l’arrêt des rotations des twin otter d’Air Archipels. Côté gouvernement, actionnaire de la compagnie à hauteur de 14% : on dit stop au chantage. "On ne peut pas prendre en otage les habitants des archipels", déclare le ministre en charge des Transports inter-insulaires. Faute d’accord, il n’exclut pas de créer une nouvelle compagnie locale.

Publié le 22/06/2020 à 17:11 - Mise à jour le 23/06/2020 à 10:09

L’annonce de la suspension de la desserte aérienne de 27 destinations, en fin de semaine dernière, a été accueillie avec stupeur par les habitants des îles concernées. Annonce à laquelle est venue s’ajouter celle de l’arrêt des rotations des twin otter d’Air Archipels. Côté gouvernement, actionnaire de la compagnie à hauteur de 14% : on dit stop au chantage. "On ne peut pas prendre en otage les habitants des archipels", déclare le ministre en charge des Transports inter-insulaires. Faute d’accord, il n’exclut pas de créer une nouvelle compagnie locale.

Alors que la reprise des vols domestiques devait être progressive, Air Tahiti a annoncé, en fin de semaine dernière, que les rotations sur 27 îles– soit plus de la moitié des destinations jusqu’alors desservies par la compagnie – étaient suspendues. Une annonce qui a surpris jusqu’au gouvernement. Quelles alternatives pour les habitants de ces archipels, qui parlent d’abandon ?

C’est « une prise en otage des populations des archipels, et deuxièmement, un chantage à l’égard du gouvernement »

Jean-Christophe Bouissou

« J’ai reçu ici-même le directeur général de la compagnie, Manate Vivish, et le président du conseil d’administration, James Estall, et nous avions prévu une reprise d’activité avec une montée en charge, au fur et à mesure des possibilités de réservation de la clientèle d’Air Tahiti. D’autant plus que nous sommes dans une perspective d’ouverture à l’international », explique Jean-Christophe Bouissou, ministre en charge des transports inter-insulaires.
Il dit avoir été particulièrement stupéfait des dernières déclarations de Manate Vivish : « Je suis étonné de la manière dont l’annonce vient d’être faite par le directeur général vendredi dernier. Et surtout, au travers d’une procédure que je caractériserais de deux manières : une prise en otage des populations des archipels, et deuxièmement, un chantage à l’égard du gouvernement. Je constate que le directeur général s’est également mis en porte à faux par rapport aux déclarations du président Edouard Fritch. »

Manate Vivish convoqué dans les 48 h par Jean-Christophe Bouissou

« Je vais convoquer le directeur général de Air Tahiti. D’abord en tant qu’actionnaire de la compagnie, et avec d’autres sociétés du Pays : la Socredo, Air Tahiti nui, et autres actionnaires représentant la Polynésie française. Je vais lui demander quelles sont ses intentions au regard du plan qui a été discuté ensemble, et au regard d’une reprise de l’activité sur l’ensemble des îles et des archipels de la Polynésie, selon certainement une baisse des fréquences des avions. Si on ne peut pas assurer trois dessertes comme auparavant : qu’on en assure au moins une ! Du moment que l’on remplit un avion à l’aller et au retour, je ne vois pas où se situent les questions de pertes posées par Manate Vivish »!

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5 milliards de Fcfp de déficit attendus à la fin de l’année

L’annonce de l’arrêt brutal d’une partie des liaisons intérieures a bien sûr été évoqué lors du pré-conseil des ministres, ce lundi matin. « J’ai exposé mon point de vue au Conseil des ministres. Et le point de vue que je développe ici est celui du gouvernement. Si Air Tahiti continue sur sa voie, à savoir d’arrêter des dessertes, y compris aux Marquises et dans certaines îles des Tuamotu desservies par Air Archipels et les Twin Otter – parce-que dans notre rencontre, il était également prévu une continuation des twin otter. Alors à ce moment-là, nous ne pouvons pas encore participer au financement de la compagnie. On n’a jamais vu une collectivité apporter des fonds publics sans contrepartie. Donc il faudra qu’il y ait une contrepartie. Elle pourrait être une augmentation du capital, dans la mesure où Air Tahiti va devoir faire face à un important déficit d’ici la fin de l’année. Libre à l’ensemble des actionnaires de procéder à cette augmentation en fonction des moyens des uns et des autres. La Polynésie apportera sa contribution pour alléger la trésorerie de la compagnie, mais en contrepartie, il nous faudra les actions au capital de la société, qui fera certainement que le Pays prendra le contrôle de la compagnie ; On ne peut pas continuer à avoir le couteau sous la gorge comme on l’a eu depuis un certain nombre de mois ! »

Faute d’accord, le gouvernement prévient : il envisage de créer une autre compagnie locale

« Si la direction générale n’est toujours pas d’accord sur les propositions qui sont faites, on n’a pas d’autre voie possible que de créer une compagnie locale où nous allons assurer ces obligations de service public. Je ferai un tour de table des partenaires potentiels : ça peut être Air Tahiti Nui. Mais auquel cas c’est un changement de stratégie commerciale qui s’effectue, aussi bien sur le plan international et aussi local. J’appelle Air Tahiti à raisonner et à discuter avec le gouvernement, conformément aux propos que nous avons tenus ensemble il n’y a pas si longtemps. »

Et Jean-Christophe Bouissou de conclure : « on met en avant le fait que l’Etat participe au soutien d’Air Tahiti au travers de prêts garantis par l’Etat. Ce sont des prêts. Le Pays n’est pas une banque. Nous ne pouvons pas remplacer l’Agence française de développement en prêtant de l’argent à une société privée.

« Le gouvernement ne peut pas participer à un tel processus qui va à l’encontre de l’intérêt général »

Jean-Christophe Bouissou

Ce sont des propos graves qui ont été tenus. Je vais demander à mon cabinet de convoquer le directeur général d’Air Tahiti, et je vais intervenir à la fois en tant qu’actionnaire, et que régulateur en matière de transport aérien. Notre politique c’est le désenclavement. Que les gens puissent se mouvoir. Les gens peuvent comprendre que l’on ne puisse pas transporter des passagers tous les jours, partout. Mais arrêter de manière subite les dessertes ? Au nom de qui ? Au nom de quel actionnaire ? Au nom d’un directeur général qui impose son point de vue ? Le gouvernement ne peut pas participer à un tel processus qui va à l’encontre de l’intérêt général ! »

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