Dominique Sorain : « On a besoin des fonctionnaires » en Polynésie

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Dominique Sorain, Haut-commissaire de la République en Polynésie française, était notre invité du journal dimanche soir :

Publié le 08/06/2020 à 11:39 - Mise à jour le 08/06/2020 à 11:39

Dominique Sorain, Haut-commissaire de la République en Polynésie française, était notre invité du journal dimanche soir :


Tahiti Nui Télévision : C’est un constat qui a été fait dans tous les pays qui ont appliqué le principe de confinement : après le déconfinement, les chiffres de la délinquance ont repris de plus bel. Est-ce également le cas en Polynésie ?
Dominique Sorain, Haut-commissaire de la République en Polynésie française : « En Polynésie, que ce soit en zone de police ou de gendarmerie, les chiffres ont un tout petit peu augmenté par rapport, bien-sûr, à la période de confinement où il y avait une baisse très très forte. Mais cette délinquance reste maîtrisée, ici, en Polynésie. Il y a eu notamment une baisse des cambriolages, des atteintes aux biens divers et variés. Et il y a toujours une vigilance sur les violences intra-familiales et sur les violences faites aux femmes où il y a eu un léger redémarrage.
Mais les run, c’est très important aussi, je tiens à le dire, que ce soit pour les policiers ou pour les gendarmes, et le procureur a donné des consignes très strictes, parce qu’il faut éviter le développement de ce type de comportement qui met en danger les gens dans la rue, ceux qui circulent… Cela peut après devenir des habitudes et ça, il faut le casser tout de suite, d’où l’importance de l’opération qui a été faite samedi soir. »

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Concernant la gestion de la crise sanitaire en Polynésie, vous étiez en première ligne, vous deviez prendre des décisions graves, importantes, vous avez été sollicité, pressé et critiqué… Quels ont été pour vous les moments les plus délicats dans la gestion de cette crise ?
« Les plus délicats, c’est lorsque l’épidémie, cette pandémie, s’est développée dans le monde entier, et ça nécessitait des réactions très rapides. Avec le Pays, avec le président Edouard Fritch, on a travaillé vraiment ensemble tout au long de cette crise. Il a fallu réagir très vite, et ce n’était pas forcément évident parce que sur le moment, tout le monde n’avait peut-être pas conscience de la difficulté dans laquelle on se trouvait d’où la nécessité d’interdire très rapidement les croisières le 11 mars, de passer aux mesures de confinement dès le 27 mars, aux mesures du couvre-feu, l’arrêt des liaisons inter-îles le 22 mars. Il fallait aller très vite. C’était nécessaire de le faire. C’était des décisions difficiles, mais il fallait le faire. »

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Aujourd’hui, la plus grosse inquiétude des Polynésiens est la réouverture de l’espace aérien, et l’arrivée de certains fonctionnaires de métropole, et bientôt de touristes en provenance des zones les plus infectées au monde telles que l’Europe et le continent américain. Comment rassurer la population ?
« (…) Notre obsession, pour nous, c’est de préserver la sécurité sanitaire du Pays et de ses habitants, et toutes ces évolutions vont se faire progressivement, tout d’abord. Jusqu’à la fin du mois de juin, nous avons toujours des vols de continuité territoriale. On a à peu près encore 500 personnes qui vont revenir de métropole au travers de ces vols de continuité territoriale. Ces personnes feront une quatorzaine soit dans un centre dédié soit à leur domicile.
Ensuite, du 1er au 15 juillet, ça sera des tests avant de partir, systématiquement, et 7 jours de confinement toujours dans un centre dédié ou à domicile.
Et à partir du 15 juillet, là, ce seront des tests qui seront pratiqués avant de quitter le territoire de départ et ensuite des tests qui pourront être pratiqués au retour de la personne au bout de 3-4 jours. Donc cela se fait aussi parce qu’il y a une évolution non seulement sur notre territoire parce qu’on est préservé -et il faut continuer à être préservé, mais aussi dans les territoires de départ. (…) L’épidémie est en train de se stopper en Europe, et c’est de là d’où vont venir une bonne partie de nos résidents, des étudiants, des fonctionnaires ou des touristes. De la même façon, aux États-Unis, à Hawaii, en Californie, il y a une baisse très forte de l’épidémie. Il y a qu’en Amérique du Sud où il y a toujours une augmentation, mais là il n’est pas question de rouvrir les liaisons avec l’Amérique du Sud.
Donc il faut retenir que d’abord, cela va se faire progressivement, et pendant ce temps on va pouvoir observer, et très certainement, cette décroissance de la contamination dans les territoires d’où viendront nos visiteurs quels qu’ils soient. Parce que c’est les mêmes règles qui vont être appliquées à nos résidents, étudiants, touristes, fonctionnaires. C’est la même chose. Et on a besoin, je tiens à le dire, des fonctionnaires aussi. Ce sont eux qui vont enseigner à nos enfants ici, ce sont des pilotes des hélicoptères qui font du sauvetage ou d’avions, ce sont les équipages des bateaux qui vont patrouiller pour surveiller notre zone économique, ce sont nos gendarmes qui travaillent aussi au quotidien pour notre sécurité… Je pourrai multiplier les exemples. Et ça sera fait en tout sécurité. »

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Si demain, un nouveau cas de Covid-19 était confirmé en Polynésie, serez-vous obligé de reconfiner la population ?
« Non, parce qu’on n’est plus dans la même situation. Au début, on a subi cette épidémie mondiale, c’est-à-dire qu’il y avait une propagation et des risques de propagation par rapport à un virus qui demeure toujours très mal connu. Maintenant, nous avons des dispositifs, de tests notamment. Il va falloir s’équiper en tests, c’est le travail qui est mené actuellement, d’où la réouverture progressive de notre territoire pour pouvoir très rapidement tracer les personnes qui arrivent, savoir où elles iront, où elles seront… (…) Il faut être en état de dépister aussi, d’où les tests, et ensuite d’isoler si on trouve une personne qui est contaminée, de façon à réagir le plus rapidement possible.
Et là, on a acquis l’expérience. Le système de santé polynésien, le ministre de la Santé, ont acquis l’expérience pour travailler de cette façon, et les équipes. Et les touristes seront suivis aussi. Cela a été expliqué par Nicole Bouteau, la ministre du Tourisme. Il y a aura une sorte de passeport qui sera imposé à nos visiteurs, nos touristes. Ils devront d’abord accepter les tests et signaler les problèmes de santé qu’ils pourraient avoir. C’est un travail qui va être mené également avec les hôteliers, qui seront aussi au cœur de ce dispositif, c’est nécessaire. »

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