Doris Ramseyer met en lumière les sans-abris de Papeete

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On n'ose pas toujours croiser leur regard. Ils sont pourtant près de 600 à la rue selon un recensement réalisé par l'association Te Torea en 2023. Passionnée par l'humain, la photographe Doris Ramseyer est allée à la rencontre des sans-abris. Elle dévoilera le 2 octobre une série de portraits. Un appel à regarder la réalité, en face.

Publié le 18/09/2024 à 16:02 - Mise à jour le 21/09/2024 à 11:16

On n'ose pas toujours croiser leur regard. Ils sont pourtant près de 600 à la rue selon un recensement réalisé par l'association Te Torea en 2023. Passionnée par l'humain, la photographe Doris Ramseyer est allée à la rencontre des sans-abris. Elle dévoilera le 2 octobre une série de portraits. Un appel à regarder la réalité, en face.

C’est en Suisse que Doris Ramseyer a fait ses études et exercé durant plusieurs années comme infirmière, avant de partir à la découverte du monde avec son compagnon. D’origine franco-suisse, elle a finalement posé ses valises il y a 13 ans au fenua, où elle a donné naissance à son fils.

Doris a aussi changé de voie professionnelle en arrivant à Tahiti. Passionnée depuis toujours par la photo, elle a décidé de faire de son passe-temps, son nouveau gagne-pain. « Ça fait 25 ans que je fais de la photo, ça a toujours été ma passion, confie-t-elle. Une passion que j’exerçais parallèlement à ma profession d’infirmière. J’avais tout le temps mon appareil photo avec moi. Et quand je suis arrivée en Polynésie, je me suis posé la question, qu’est-ce que je vais faire comme métier ? Est-ce que je reprends mon métier d’infirmière ou est-ce que j’écoute ma passion ? Et j’ai écouté mon cœur. »

L’année dernière, Doris a décidé de se lancer dans un projet particulier : celui de mettre en avant ceux que l’on ignore trop souvent, les sans-abri.

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« Je pense que j’ai toujours été attirée par les personnes en situation de précarité, elles m’ont toujours beaucoup touchée, y compris les personnes dans la rue que je côtoyais quand j’habitais Lausanne et je revenais de l’hôpital où je travaillais. Et je passais devant une soupe populaire et je me suis dit, j’ai envie de faire quelque chose avec ces personnes. Entre-temps, j’ai beaucoup voyagé, j’ai aussi vu la misère dans d’autres pays. Je suis arrivée ici et j’ai vu les personnes sans-abri et j’avais vraiment de plus en plus envie de faire quelque chose pour elles. Au début, je pensais agir en tant qu’infirmière et finalement, j’ai réalisé ce projet avec la photographie. »

L’année dernière, un hackathon solidaire pour l’insertion professionnelle des SDF est organisé. C’est à cette occasion que Doris rencontre Te Torea, une association qui accompagne les sans-abris de la capitale.

Lire aussi : Un 3e hackathon solidaire pour favoriser l’insertion professionnelle des SDF

« J’ai exposé mon projet, j’ai dit, j’ai envie de faire quelque chose, un projet artistique pour les sans-abri, en leur faveur. Et elle (la présidente, NDLR) m’a ouvert les portes de leur structure, de leurs équipes et j’ai pu les suivre un peu partout. (…) C’était important qu’ils soient là en tant que lien de confiance entre les personnes sans-abri et moi. D’y aller seule avec mon appareil, ça aurait été impossible. »

Un an après ses premières photos dans la rue et une centaine de rencontres plus tard, Doris est aujourd’hui connue des sans domicile fixe de la capitale et les rencontre sans intermédiaire. Avec certains, elle a même noué de vrais liens. « J’étais très excité par ce projet, raconte Tam’s à la rue avec son compagnon. Si les gens pouvaient nous comprendre, nous connaitre (…) Quand on vient dans la rue, il faut bien réfléchir. Je lui ai tout raconté. »

Tino pose avec Doris sur le front de mer de Papeete. Crédit : Manon Kemounbaye / TNTV
Doris montre à Tam’s et son compagnon ses derniers clichés. Crédit : TNTV

Comme Tam’s, quelques-uns se sont livrés sur leurs parcours de vie. « J’ai récolté des témoignages de ces personnes. D’abord, en réalité, j’ai écrit des articles, j’ai écrit sur leurs témoignages. Et suite à ça, le projet photo est né. Mais j’ai quand même gardé la partie témoignages ». Doris exposera à partir du 2 octobre à la brasserie Hoa, 42 portraits accompagnés de « 4 témoignages de personnes sans-abris qui décrivent leur parcours, leur réalité du quotidien ».

« Ces personnes deviennent invisibles, on passe devant, elles sont comme mangées par la ville, et moi, j’avais envie qu’on les voie, qu’on prenne le temps« 

Objectif pour la photographe : « changer les regards des gens vis-à-vis de ces personnes, de leur parcours, de leurs conditions, comprendre pourquoi ils sont là. Et se poser la question aussi : qu’est-ce qu’on pense quand on les voit ? Qu’est-ce qu’on ressent ? (…) « Ces personnes deviennent invisibles, on passe devant, elles sont comme mangées par la ville, et moi, j’avais envie qu’on les voie, qu’on prenne le temps. Là, elles sont en grand, on ne peut pas détourner le regard, alors on y va, on regarde ce qui se passe en soi, on se questionne ».

Le projet est aussi caritatif. La vente des clichés permettra de récolter des fonds en faveur d’associations pour les sans-abris.

Doris a choisi le noir et blanc pour ses portraits. Crédit : Manon Kemounbaye / TNTV

C’est en noir et blanc que les visages de ces « nomades » seront exposés. « Pour moi, le noir et blanc, ça efface les détails perturbants. On entre mieux dans la photo. C’est vecteur d’émotion. Je trouve la photo noir et blanc plus forte. J’ai choisi un grain un peu plus fort qui donne un côté brut, aussi le côté brut de la vie dans la rue. »

L’exposition a reçu le soutien du Pays et de Te Torea.

PRATIQUE

Exposition Regards des sans-abris de Papeete
Du 2 octobre au 2 novembre
Brasserie Hoa
Entrée libre
Dons au profit des associations pour les sans-abri
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