Sans surprise, le Syndicat pour la Promotion des Communes de Polynésie française est favorable au report du transfert des compétences aux municipalités, qu’il s’agisse de la distribution d’eau potable, de l’assainissement et de la gestion des déchets.
La question lui a été soumise le 20 décembre dernier par la Délégation au Développement des Communes, un service du Pays. Ce sont les sénateurs Lana Tetuanui et Teva Rohfritsch qui défendront ce projet de nouveau report au Palais du Luxembourg.
Et pour cause, aujourd’hui, seules 12 communes sur 48 fournissent de l’eau potable à leurs administrés. Majoritairement celles de la zone urbaine de Tahiti. Cela représente 63 % de la population du fenua.
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Le Code Général des Collectivités Territoriales, le CGCT, est entré en vigueur il y a 10 ans. Et depuis cette décennie, les communes polynésiennes bénéficiaient d’une dérogation pour se mettre en conformité. Mais l’éloignement, l’isolement et la diversité des îles ne leur permettent toujours pas de respecter cet engagement.
« Nous avons 14 forages ici, à Maupiti. On n’arrive pas à trouver de l’eau. J’imagine que la nappe phréatique dans le sol de Maupiti n’est pas suffisamment conséquente pour pouvoir distribuer de l’eau 24 heures sur 24 », explique, à titre d’exemple, Woullingson Raufauore, le tavana de l’île.
« Quelles solutions ? Je n’ai pas envie de creuser un 15ᵉ trou, parce que ça nous coûte très cher. Je suis en discussion avec les services de l’Etat pour avancer sur ce projet-là. La dernière solution, c’est l’osmoseur, le dessalinisateur. Je n’ai pas envie d’aller jusque-là, parce que c’est la population qui devra supporter les frais sur la facture d’eau à la fin du mois », ajoute-t-il.
Car pour les maires, le nerf de la guerre, c’est l’argent. Mettre en œuvre ces obligations impose des investissements colossaux, sur des années, qu’il faudra répercuter sur la facture des administrés. A Mahina, la mise en place de l’assainissement reste à faire. Le projet est évalué à 3 milliards de francs.
« On a un schéma directeur d’assainissement. On a mesuré l’impact sur toutes les familles (…) C’est un impact budgétaire et financier sur chaque maison, sur chaque famille. Il faut mesurer. Et la particularité de Mahina, c’est qu’on est enclavé avec le Tahara’a qui se dresse entre nous et les autres communes de l’agglomération de Papeete », souligne le maire Damas Teuira.
Favorable au principe d’un nouveau report de 10 ans sur le transfert de ces compétences, le SPCPF rappelle qu’il est indispensable de mesurer les dépenses d’investissement que les communes doivent mobiliser pour créer ou abonder les outils de financement nécessaires pour mener à bien ces chantiers.