TNTV : Vous terminez votre deuxième mandat à la tête de l’UPF. Quelle est votre plus grande fierté ?
Patrick Capolsini, président sortant de l’UPF : « On a beaucoup transformé notre établissement. On l’a transformé physiquement, et on l’a transformé dans la manière d’enseigner, dans les matières qui sont enseignées. On l’a transformé dans notre recherche. Et on a encore de très beaux projets de transformation pour les prochaines années » .
TNTV : Avant de détailler cette transformation, votre mandat a également été marqué par la période de Covid.
P.C : « Ça n’a été facile pour personne. On a dû réagir sur le moment. On a fait vraiment de notre mieux et ça nous a beaucoup appris. Aujourd’hui, on est vraiment rentrés dans les possibilités de travailler avec des visioconférences, alors qu’on n’était pas encore vraiment dans le game à ce moment-là, de faire plus de cours à distance, d’avoir des plateformes d’enseignement à distance, etc. Ça nous a forcé à évoluer. Ça a été dur. On a évolué très rapidement » .
TNTV : Vous avez mis un point d’honneur à offrir une offre de formation adaptée aux besoins de la société et à l’avenir des étudiants. C’est un défi relevé aujourd’hui ?
P.C : « Oui, c’est un défi qui est grandement élevé, mais qui doit continuer parce qu’il faut s’adapter en permanence. Très régulièrement, on remet à jour notre carte de formation. On a proposé des classes préparatoires pour préparer des écoles d’ingénieurs, par exemple, qui étaient vraiment un besoin important. Il n’y aura jamais d’école d’ingénieurs en Polynésie, donc c’est important de préparer nos étudiants à aller sur ces filières. On a mis en place des DUT, des diplômes universitaires de technologie, qui ont été transformés en BUT, donc en diplôme en trois ans. Là aussi, on a suivi le mouvement, ce sont des diplômes qui sont très professionnels. On a lancé deux nouvelles licences cette année : une licence science pour l’ingénieur aussi, toujours avec cette idée de former nos jeunes à aller décrocher des diplômes d’ingénieurs. Et puis, une licence sur les grandes transitions, sur tout ce qui est économie durable, durabilité, soutenabilité, les grands enjeux des prochaines années. C’est une licence qui est pluridisciplinaire et qui est extrêmement importante. Je précise qu’avec cette université, il y a en tout et pour tout, en France, deux universités qui proposent ce type de licence. Et on est parmi ces deux-là, on en est très fiers » .
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TNTV : Des efforts réalisés, mais quelques points noirs qui subsistent. Une population étudiante en léger recul, un taux de poursuite dans l’enseignement supérieur inférieur à celui de l’hexagone, comme l’a révélé le dernier rapport de la Cour des comptes, et aussi un taux de réussite faible, notamment en début de cycle. Vous avez déjà déclaré que les jeunes s’inscrivent par défaut. Y a-t-il toujours aujourd’hui un problème d’orientation ?
P.C : « Alors, je ne sais pas si c’est de l’orientation, mais effectivement, il y en a un certain nombre de jeunes qui, très clairement, ont un bon bac. Il n’y a pas de problème, mais ce n’est pas un bac qui les prépare à des études de type universitaire, des études longues, des études assez théoriques pour certaines d’entre elles, donc ils ne sont pas préparés à cela. Et ils arrivent quand même chez nous, donc on les prend en charge. Aujourd’hui, on a vraiment mis en place des systèmes. Il y a un diplôme d’université qui s’appelle Pareo, qui prend en charge ces jeunes, qui les aide à fabriquer leurs projets professionnels, à mieux rédiger, à mieux écrire, à mieux s’exprimer, etc. Et ensuite, on essaie de réinjecter ces jeunes dans des circuits de genre BTS, par exemple. Quand un jeune arrive chez nous avec un baccalauréat qui, de prime abord, ne lui donne aucune chance de réussite chez nous, si pendant un an, on le fait travailler, on le fait progresser, qu’il sort de là avec un vrai projet professionnel et qu’il est en capacité de réintégrer un BTS, pour moi, c’est une réussite, même si dans nos statistiques, c’est un échec » .
TNTV : Dans quel domaine l’UPF est-elle en pointe aujourd’hui ?
P.C : On a de très belles équipes sur tout ce qui est biodiversité marine, terrestre, tout ce milieu. Aquaculture, sur la perle, sur la perliculture, y compris avec des informaticiens. On a aussi de très jolis projets en sciences humaines. On a développé un partenariat avec le CNRS, le Centre National de la Recherche Scientifique, on a signé un accord avec le PDG du CNRS. Aujourd’hui, on est vraiment sur des choses très intéressantes. On a mis en place un laboratoire UPF-CNRS qui s’appelle la Maison des Sciences de l’Homme du Pacifique, qui s’intéresse vraiment aux questions de sciences humaines et sociales. Dans ce cadre-là, on vient de décrocher, et je félicite mes collègues Jacques Vernodon et toute l’équipe de Langues polynésiennes, un très gros projet financé de l’ordre 3 millions d’euros (350 millions de francs) sur les langues polynésiennes et les langues océaniennes. Ce n’est pas seulement les langues polynésiennes, mais c’est tout le bassin océanique, par exemple. Ça, c’est un très joli projet de recherche avec des étudiants qui vont faire des thèses, etc., sur ces sujets-là » .
TNTV : Quel message souhaitez-vous transmettre à votre successeur et aussi aux étudiants ?
P.C : « On a un très beau slogan qui dit ‘L’université est une chance, saisissez-la’ . Donc, ça, c’est vraiment le message pour les étudiants. Vous avez la chance d’avoir une université sur place avec de très bons profs, les mêmes cours qu’en métropole, aussi bons que les autres, des conditions de travail qui sont exceptionnelles. Venez voir le campus, c’est un vrai plaisir de travailler là-dedans. Vous avez une belle université, saisissez-vous de cette chance-là. Ne regardez pas forcément ailleurs, on vous offre plein de choses. Dans le cadre du projet Narua, qui va se développer sur les 8 prochaines années, on va vous offrir plein de choses. Je reviens d’Australie, de Nouvelle-Zélande, de Hawaï, on est en train de fabriquer des doubles diplômes avec ces universités (…) plein de choses se présentent et l’équipe qui vient saura prendre ça en main, j’en suis sûr » .