Enquête Mata’ea : un terrain génétique polynésien vulnérable à l’obésité

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Diversité génétique des Polynésiens, habitudes de vie et prévalence des maladies infectieuses : 5 ans après le lancement de l’enquête Mata’ea avec 2 000 participants sur 18 îles, les premiers résultats sont là. Et ils montrent que les Polynésiens ont hérité d’un terrain génétique qui les rend plus vulnérables à l’obésité.

Publié le 10/04/2024 à 16:57 - Mise à jour le 13/04/2024 à 22:51

Diversité génétique des Polynésiens, habitudes de vie et prévalence des maladies infectieuses : 5 ans après le lancement de l’enquête Mata’ea avec 2 000 participants sur 18 îles, les premiers résultats sont là. Et ils montrent que les Polynésiens ont hérité d’un terrain génétique qui les rend plus vulnérables à l’obésité.


L’obésité, le diabète et le cancer du foie : des maladies particulièrement présentes dans un pays à la géographie fragmentée sur 118 îles. Des îles hautes et des îles basses, où les populations sont exposées à des environnements différents. « Cela a un impact sur le style de la vie de la population, sur les habitudes alimentaires… Et tout ce contexte peut influencer l’exposition et peut-être même la réaction et la susceptibilité à l’infection par les maladies infectieuses, mais également en même temps à d’autres types de pathologies et le développement, par exemple, de maladies non transmissibles » explique Van-Mai Cao Lormeau, directrice du laboratoire de recherche sur les maladies infectieuses à l’ILM.

Au rang des maladies non transmissibles, on retrouve l’obésité. La génétique étant soupçonnée d’intervenir dans le développement de cette maladie complexe, le programme Mata’ea lui a consacré tout un volet. L’analyse des prélèvements de salive, de sang et de selles ont déjà permis de confirmer une certaine prédisposition. « Nous avons pu identifier douze gènes qui seraient impliqués dans le risque d’obésité, de diabète, ainsi que dans le métabolisme du cholestérol et le niveau de lipides dans le sang » indique Lluis Quintana-Murci, directeur de l’unité de génétique évolutive humaine à l’Institut Pasteur de Paris. « On est en train maintenant de creuser nos analyses pour savoir s’il y a un fond génétique polynésien qui les rend plus vulnérables, et nos résultats préliminaires montrent que oui ».

Mais au-delà du terrain génétique, l’environnement et le mode de vie jouent bien sûr aussi un rôle dans l’obésité. « On met notre expertise en génétique humaine au service du projet Mata’ea pour essayer d’amener notre vision génétique de comment l’obésité ou le diabète pourraient avoir des causes génétiques. Et comment ces causes génétiques avec le mode de vie européen les rend plus vulnérables à des problèmes métaboliques et à des problèmes de réponses immunitaires » poursuit le chercheur.

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En parallèle, l’étude génétique doit aussi renseigner sur l’histoire du métissage des différentes populations de la Polynésie. Et les premiers résultats montrent que la structure génétique des populations polynésiennes est faite de quatre composantes génétiques. Environ 70% est d’origine polynésienne -principalement de la zone Austronésie- 20% de la diversité génétique vient du métissage avec les Européens et une partie vient encore de l’Asie de l’Est. Enfin, la quatrième composante, très minoritaire est d’origine amérindienne et on ne la trouve qu’aux Marquises.

Une diversité génétique encore peu connue selon Lluis Quintana-Murci : « En général, le monde de la génétique est trop centré sur les populations européennes. 78% de toutes ces études au monde sont faites sur des individus d’origine européenne, alors que ces derniers ne sont que 16% des habitants de la planète. Il faut être inclusif et s’intéresser à d’autres populations ».

D’ici un an, les premiers résultats devraient permettre de poser les bases d’une médecine adaptée aux individus, à la génétique et aux modes de vie des Polynésiens, soit une médecine de précision.

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