La Polynésie française fait face aux défis particuliers d’organiser son système d’enseignement supérieur et de recherche sur un vaste espace isolé. C’est ce que constate la Chambre Territoriale des Comptes (CTC) dans son dernier rapport portant sur l’enseignement supérieur et la recherche au fenua. Les magistrats financiers locaux ont ainsi contribué à un rapport public thématique rassemblant la Cour des comptes et les Chambres régionales et territoriales des comptes, relatif à l’enseignement supérieur et la recherche dans les Outre-mer.
Actuellement, l’écosystème éducatif au fenua s’articule autour de dix sites de formation regroupant environ 4 800 étudiants, ainsi que cinq pôles de recherche principaux. L’État est compétent pour l’enseignement supérieur, sauf pour les filières non universitaires, qui relèvent du Pays. En réponse, la Polynésie développe ses propres structures pour mieux répondre aux besoins locaux, note la CTC.
Depuis le début des années 2000, l’offre de formation a évolué, avec l’introduction de sections de technicien supérieur et de classes préparatoires aux grandes écoles. Aujourd’hui, l’Université de la Polynésie française (UPF) reste au cœur de l’enseignement supérieur, accueillant 60 % des étudiants du territoire. L’identification des besoins en compétences par le Pays, en collaboration avec les acteurs de l’État, permet une adaptation continue des formations proposées pour mieux intégrer les spécificités locales.
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La démographie étudiante connaît cependant une légère baisse, ce qui rend crucial le développement de formations attractives. 3079 étudiants étaient inscrits à l’UPF en 2022 un chiffre en recul par rapport aux années précédentes, observent les magistrats financiers. Plus qu’en métropole, une part d’entre eux vient de milieux défavorisés, et la proportion de bacheliers généraux y est inférieure, des données en forme de défis pour la réussite et l’insertion professionnelle.
Un écosystème de recherche « diversifié mais éclaté »
La recherche en Polynésie s’appuie sur des thématiques adaptées aux spécificités du territoire, notamment la biodiversité, les ressources marines, et la géoscience. Cependant, la structure de recherche est éclatée, note la Chambre. Principales raisons, la dispersion géographique et des différences de fonctionnement institutionnel. En dépit de la création du consortium RESIPOL en 2019 pour faciliter la coopération, les dynamiques de recherche se heurtent encore à des obstacles structurels.
La production scientifique est « peu visible à l’échelle internationale, malgré un potentiel élevé » , note la CTC, qui estime que les conditions matérielles et les ressources financières pour la recherche sont souvent insuffisantes, freinant le développement de la recherche sur des enjeux prioritaires pour la Polynésie.
L’UPF, bien qu’offrant un cursus pluridisciplinaire, est davantage orientée vers l’enseignement que vers la recherche. Elle est responsable de plusieurs unités de recherche, mais les effectifs d’enseignants-chercheurs et de personnel d’appui sont restreints, rendant complexe le soutien de projets de recherche ambitieux. Une faible capacité de recherche pouvant nuire à l’attractivité de l’établissement pour les chercheurs, estime la Chambre.
Enfin, la CTC estime que l’UPF doit se concentrer sur une approche prévisionnelle dans sa gestion, en raison des contraintes de son statut de collectivité d’outre-mer. Le développement de projets d’infrastructure, comme les pôles Narua et Nahiti, devrait intégrer une évaluation prospective pour éviter les tensions budgétaires et améliorer les conditions d’accueil des étudiants et des chercheurs.
Les cinq recommandations de la CTC :
- Élaborer des procédures et moderniser les outils de suivi des contrats de recherche pour garantir leur suivi effectif (Université de Polynésie française ; mi-2025)
- Élaborer un contrôle interne spécifique afin de sécuriser les procédures d’achats publics (Université de Polynésie française ; mi-2025)
- Arrêter une stratégie globale des ressources humaines (Université de Polynésie française ; mi-2025)
- Formaliser l’organisation du temps de travail des enseignants et en assurer le suivi dans tous ses aspects (Université de Polynésie française ; mi-2025)
- Contrôler l’exercice des activités accessoires à partir de données automatisées relatives aux demandes et aux autorisations (Université de Polynésie française ; fin 2024)