Forces de l’ordre : « l’exigence déontologique doit être encore supérieure » , selon Solène Belaouar

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Invitée de notre journal ce mercredi, la procureure de la République Solène Belaouar est revenue sur les récentes affaires ayant écorné l'image de la police nationale. "Il n'y a pas de profession, pas de territoire qui soit à l'abri de la corruption ou de comportements déviants. Mais dans les deux situations, dès que les faits ont été connus, les personnes ont été interpellées" , rappelle-t-elle.

Publié le 13/02/2025 à 11:16 - Mise à jour le 13/02/2025 à 11:16

Invitée de notre journal ce mercredi, la procureure de la République Solène Belaouar est revenue sur les récentes affaires ayant écorné l'image de la police nationale. "Il n'y a pas de profession, pas de territoire qui soit à l'abri de la corruption ou de comportements déviants. Mais dans les deux situations, dès que les faits ont été connus, les personnes ont été interpellées" , rappelle-t-elle.

TNTV l’a révélé (hier), un policier de la DTPN a été mis en examen. Il est soupçonné d’avoir volé un tripo clandestin où sa compagne avait ses habitudes. Une procédure est en cours, c’est un nouveau dossier qui interroge sur la probité des agents de la police. Comment est-ce que la justice assure de l’intégrité de ses agents ?
Solène Belaouar, procureure de la République en Polynésie française :
« Oui, je comprends les interrogations qui peuvent être soulevées suite à cette mise en examen, alors qu’il y a eu d’autres faits qui ont donné lieu à d’autres mises en examen, il y a seulement quelques semaines. Je voudrais souligner dans les deux situations la réactivité des autorités. Il n’y a pas de profession, pas de territoire qui soit à l’abri de la corruption ou de comportements déviants. Mais dans les deux situations, dès que les faits ont été connus, les personnes ont été interpellées. Il y a eu des ouvertures d’informations judiciaires, des mises en examen et des réactions très rapides, du Haut-commissaire et du directeur territorial de la police nationale. C’est une vigilance qu’il faut maintenir, qui s’exprime aussi par cette réactivité, présente dès la formation des agents et qui doit être appelée régulièrement tout au cours de leur carrière » .

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TNTV : On parle ici des agents de police, mais il y a également des dérives constatées dans les prisons. On parle d’introduction de drogue, de téléphone, de consommation d’ice dans une cellule avec un détenu. Il y a de quoi alimenter la défiance de la population.
S.B :
« Je suis très attentive à ces sujets-là. Il y a eu d’ailleurs des surveillants pénitentiaires qui ont été déjà condamnés pour des faits de corruption. Je le rappelle à l’occasion de leur prestation de serment, quand ils prennent leur fonction. Votre reportage évoquait le Conseil d’évaluation des établissements pénitentiaires. Il y a aussi, tout au long de leur carrière, des formations continues pour les mettre en garde contre le risque de corruption. Ce risque est particulier dans notre territoire en raison de l’exiguïté des liens entre les personnes qui est très forte. C’est pour cela que l’exigence déontologique doit être encore supérieure aux exigences déontologiques habituelles » .

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TNTV : À Papeari, Tatutu a permis de réduire la population carcérale de Nuutania. Quels effets négatifs observe-t-on sur la santé mentale et sur le comportement des détenus dans de mauvaises conditions en prison, de détention ?
S.B :
« La détention, la prison, c’est la privation de liberté. Ça ne peut pas être le lieu de maltraitance ou de mauvais traitement parce que la prison, c’est une peine. Mais l’objectif de la peine, c’est aussi la réinsertion. À l’évidence, les conditions de détention sont directement liées à cet objectif de réinsertion. Je ne peux pas, en tant que procureur de la République, vous répondre précisément sur l’impact psychologique. Mais il est évident que si on veut réinsérer quelqu’un, on se doit de lui permettre de purger sa peine dans des conditions décentes«  .

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TNTV : Parlons cannabis maintenant. De nouveaux textes viennent préciser la loi du pays sur l’usage, l’importation et la culture du cannabis thérapeutique. Il y a des interrogations tout de même autour du contrôle. Comment éviter les dérives ?
S.B :
« Ce qui est interdit, c’est l’usage illicite de stupéfiants, c’est puni par la loi, ainsi que les différents trafics. Il y aura évidemment un défi important à partir du moment où on ouvre la porte vers tel ou tel usage illicite de stupéfiants dans un cadre réglementaire et légal bien défini. Se pose la question du contrôle. Ça concerne les forces de sécurité intérieure, ça concerne la douane, ça concerne aussi les autorités du Pays en ce que la loi doit être particulièrement claire et précise. Je mets en garde tout le monde sur le fait qu’il faudra s’inscrire toujours dans le respect de la loi et notamment l’acquisition de produits sur internet, ou dans des points de vente non légaux, qui peuvent conduire à se trouver en infraction« .

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TNTV : La Chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris a ordonné la levée de la saisie pénale de plus de 11 millions de francs prélevés sur le compte bancaire d’Oscar Temaru.
S.B :
« Je ne peux pas, en ma qualité de Procureure de la République, lui répondre ou commenter cette décision qui est intervenue à Paris et porte sur une affaire qui était menée à Papeete bien avant mon arrivée » .

TNTV et la presse nationale sont revenus à plusieurs reprises sur des tensions entre les magistrats, notamment du siège et du parquet. Il y a eu plusieurs missions d’inspection. Ces tensions aujourd’hui sont-elles apaisées ?
S.B : « Il y a eu de nombreux commentaires sur cette situation ces derniers mois et je ne souhaite pas y contribuer davantage ou y donner davantage d’écho. Ce que je souhaite, je l’ai dit lors de l’audience solennelle de rentrée, c’est que nous écrivions tous ensemble, la communauté judiciaire, une nouvelle page dans l’histoire de ce tribunal et de ce parquet. Je pense que nous allons vers du renouveau. Il y a eu depuis quelques mois un nouveau procureur général, depuis quelques jours une nouvelle première présidente, des arrivées. Aujourd’hui, cela crée une forme de renouveau et il faut garder à l’esprit ce pour quoi nous travaillons, à savoir l’intérêt du justiciable et le fait de rendre une justice de qualité dans ce territoire » .

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