« Je vous souhaite une bonne grève » . C’est sur ces quelques mots éloquents que Moetai Brotherson a prématurément quitté la table des négociations de ce samedi avec la Fédération de rassemblement des agents de l’administration de Polynésie (Fraap), syndicat majoritaire de la fonction publique territoriale. Une réunion qui ressemblait à celle de la dernière chance avant que la grève ne devienne effective, mardi 14 janvier à zéro heures.
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La veille, le gouvernement avait proposé à la Fraap une 10e version de protocole d’accord pour sortir du préavis de grève et éviter un nouveau mouvement social – trois semaines après le précédent – dont l’impact sur le tourisme est particulièrement redouté par le président du Pays. Et les syndicalistes semblaient d’accord avec les modifications présentées, notamment sur leur principale revendication : la revalorisation des salaires de la catégorie D. Une donnée que la Fraap souhaite voir consolidée dans le tableau de répartition de la nouvelle grille indiciaire, indiquant de façon détaillée la répartition de l’enveloppe de 250 millions de francs censés financer ces hausses salariales.
Or, a insisté Moetai Brotherson, ce tableau ne sera pas fourni avant le 20 janvier, date de réunion d’urgence du Conseil Supérieur de la Fonction Publique (CSFP), lors duquel seront mises sur la table les quatre options du CSFP précédent, plus quatre nouvelles propositions, parmi 12 scenarii possibles. Surtout, le président du Pays dénonce « l’épée de Damoclès » qu’est la suspension du préavis de grève proposée par la Fraap jusqu’au 1er mai. « On ne peut pas prendre en otage la vie économique de ce pays » , a-t-il déclaré, plaidant pour une levée pure et simple du préavis. La suspension permettant le déclenchement de la grève à n’importe quel moment à partir de la date butoir du préavis.
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La Fraap, elle, pointe un manque de transparence du président. « Qu’il nous dise clairement, qu’il ne cache pas ce qu’il fait dans le dos des Polynésiens (…) Il faut qu’il respecte notre droit syndical de faire grève. Il a été très radical, voire méprisant dans sa manière de présenter les choses : c’est niet, aucun changement, lance Geroges Ateo, secrétaire général délégue du syndicat. Il faut qu’on puisse s’engager sur quelque chose de sûr » , conclut-il.