Gaz de Tahiti : retour sur 50 ans d’histoire

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Deux concurrents, deux histoires : alors que ManaGaz a reçu sa première livraison de butane la semaine dernière à Hitiaa et doit encore écrire la sienne, la société Gaz de Tahiti, elle, célèbre ses 50 ans. Une aventure commencée lorsqu'un aviateur, Laurent Le Bihan, décide de concurrencer le pétrole avec une énergie déjà exploitée ailleurs.

Publié le 04/10/2024 à 16:00 - Mise à jour le 07/10/2024 à 12:13

Deux concurrents, deux histoires : alors que ManaGaz a reçu sa première livraison de butane la semaine dernière à Hitiaa et doit encore écrire la sienne, la société Gaz de Tahiti, elle, célèbre ses 50 ans. Une aventure commencée lorsqu'un aviateur, Laurent Le Bihan, décide de concurrencer le pétrole avec une énergie déjà exploitée ailleurs.

C’est en mission dans un Papeete d’un autre temps, en 1936, que Laurent Le Bihan pose son hydravion. L’aviateur remarque que les foyers tahitiens utilisent quasi exclusivement du pétrole en source d’énergie, alors que la métropole a sauté dans le train des bouteilles de gaz. Passée la Seconde Guerre mondiale, Laurent a une idée en tête : revenir en Polynésie française, et mettre sur pied le système d’importation de gaz qu’il a mûri depuis une dizaine d’années.

C’est chose faite en 1948. Laurent est de retour au fenua, et avec lui, les premières bouteilles de gaz importé. Issu de la Terre de feu, le gaz est mis en bouteille : celles de 50 kilos viennent des États-Unis, et celles de 13 kilos du Canada. Les grosses bouteilles, une fois renversées, servent à remplir les plus petites, grâce à un système de pompe à mains.

Fille de l’entrepreneur, Hélène Le Bihan se souvient du début de l’aventure. « Au tout début, (Laurent) faisait du porte-à-porte avec des réchauds plats, à deux ou un bec, avec la bouteille, le détendeur, le tuyau. Et il posait ça chez les particuliers, raconte-t-elle. Il disait : ‘bon, ben, vous essayez, vous voyez, et je reviendrai d’ici une semaine. Neuf fois sur dix, les personnes ne voulaient jamais plus retourner au pétrole » .

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Petite particularité : les bouteilles de gaz se vidaient le samedi après-midi et le dimanche, quand les ouvriers ne travaillaient pas. « Bien souvent, on voyait arriver quelqu’un avec une bouteille vide. ‘Eh, mamie, tu peux pomper ?’ Ma mère se levait, on allait avec la bouteille de gaz et on commençait à pomper. Quelquefois, on demandait même au client de nous aider » , poursuit Hélène.

Vers la fin des années 60, le développement est tel qu’un premier dépôt de gaz est envisagé à la Baie Phaëton, à Taravao, loin des dépôts de produits pétroliers. Mais les autorités de l’époque s’y opposent, et le projet se concrétise finalement à Fare Ute, à Papeete.

Affaire de famille

« Au départ, c’était trois grands cylindres. Et puis, pour terminer l’affaire, mon beau-frère est venu voir mon père, avec courtoisie. Il a dit, écoutez, M. Le Bihan, j’ai l’intention de vous concurrencer » , se souvient Hélène. Mais Laurent voit les choses autrement. « Mon père a dit, ce n’est pas la peine de me concurrencer, parce que je n’ai personne derrière pour prendre la relève. Donc, il est préférable que tu me rachètes l’affaire » . Ainsi naît de cette transaction entre Laurent Le Bihan et Victor Siu, en 1974, la marque Gaz de Tahiti.

L’affaire prend un nouvel essor, tout en restant aux mains de la famille. Petit-fils de Laurent Le Bihan et fils de Victor Siu, Georges Siu – actuel PDG de Gaz de Tahiti – interrompt ses études et contribue à la construction d’un nouveau terminal de gaz sur la zone récifale de Papeete, à Motu Uta. « Quand nous avons repris l’affaire, nous vivions la première crise de pétrole en 1973, qui a provoqué des ruptures d’approvisionnement entre l’Australie et la Polynésie. Nous avons tout de suite vu que le dépôt de l’époque, n’était pas suffisant pour les besoins de la population, se remémore-t-il. Nous avons immédiatement réfléchi à construire un nouveau dépôt de gaz » . Avec les autorités administratives et le port autonome, il localise le terrain fameux terrain pour son terminal, attribué au départ à EDT pour une nouvelle centrale électrique.

Un terminal qui fait partie intégrante du paysage de Papeete aujourd’hui. Un nouveau chapitre de l’histoire du gaz à Tahiti vient toutefois de s’ouvrir avec ManaGaz. De l’autre côte de l’île, le paysage de Hitiaa, lui, abrite discrètement les cuves de 45 mètres du groupe Moux, nouvel acteur du marché du gaz avec sa branche Mana ito.

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