On croyait le projet de grève avorté. Il n’en est finalement rien. La grève chez les transporteurs terrestres est bien effective ce mardi. Sur sa page Facebook, la société Tere Tahiti annonçait lundi soir des « perturbations » sur le réseau. « Priorité sera donnée au transport scolaire ainsi qu’aux lignes régulières aux heures de pointe », assure le transporteur.
Après des négociations infructueuses, hier, avec les ministres des Transports et de l’Emploi, les syndicats représentant les chauffeurs de bus ont ainsi décidé de passer à l’action avec un grand sit-in devant l’Assemblée de Polynésie française (APF). « On s’est rencontré avec tout le monde hier soir et on a décidé de cesser notre activité aujourd’hui. La grève est suivie, il y a du monde. On est nombreux. (…) On veut faire entendre à notre gouvernement que nous avons une DSP (Délégation de Service Public, Ndlr) qui a été donnée à l’interlocuteur, et nous voulons une convention collective avec un cadre spécifique, avec la sécurité, et une revalorisation de la grille salariale. (…) On s’est vus hier avec les ministres, nous avons échangé sur la convention collective, et on a eu un autre son de cloche, comme quoi ils étaient que les médiateurs et qu’il fallait négocier avec l’interlocuteur » explique Yoan Richmond, de la Fédération des rassemblements syndicats des transports en commun en Polynésie française.
À Tipaerui, où stationne une partie des bus, notamment les scolaires : c’est le calme plat. Pas de panneaux, ni de grévistes. Le trafic n’est pas interrompu. Malgré les préavis de ces derniers jours, Xavier Chung Sao, le directeur de production de RTCT, qui emploie les deux tiers des chauffeurs, parle de « grève surprise » : « Notre service roule depuis ce matin. Il a fallu qu’on voit ce matin qui ne travaillait pas pour réajuster nos plannings. On veut rassurer les parents et la population : nos bus circulent et nous allons assurer le transport. Le transport scolaire a bien été assuré, il y a juste eu quelques retards le temps qu’on s’organise. Je dirais qu’il y a 10% de chauffeurs grévistes. (…) Des négociations ne sont pas prévues pour le moment. (…) On est étonné parce qu’on a quand même reçu des organisations syndicales lors de notre réunion avant la grève. À la sortie de la réunion, tout le monde disait que ça c’était bien passé. Et hier soir, à 21 heures, on nous informe qu’il y aura grève ».
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Tant du côté des exploitants que des syndicats, chacun se dit ouvert au dialogue, mais attend que l’autre fasse le premier pas. Les centrales syndicales ont été reçues par le président de l’Assemblée et par plusieurs membres de la commission des transports, aujourd’hui en milieu de matinée. « On a bien été reçu, il a compris notre message. Il y aura un comité de majorité cet après-midi pour débattre de points, de nos soucis, du pourquoi on est à la grève… Les employeurs qui ont une délégation de service public (DSP) ne respectent pas le continu de la convention. Il est prévu dans l’article 30 la mise en place d’une convention collective. Nous n’étions pas loin d’y aboutir, et revirement dernière minute à la direction du travail qui dit qu’il faut parler d’accord d’établissement uniquement avec le délégataire de service public. Mais on a dit non, car il y a d’autres sociétés de transports. C’est un dossier très important » affirme Cyril Legayic, porte-parole de la CSIP. « Tout se passe ici à l’Assemblée, c’est eux qui pondent les lois. Il y a eu une commission d’information récemment avec des préconisations qui sont les mêmes que nous » ajoute Yoan Richmond.
Une nouvelle fois, la majorité ne partage pas la même vision des choses à Tarahoi et avenue Pouvana’a a Oopa. « C’est une demande légitime qui ne date pas d’aujourd’hui. Lors du rapport de la mission législative qui a été effectuée tout récemment, il a été mis en exergue le fait que ce secteur d’activité n’a jamais été pris à bras-le-corps par tous les gouvernements qui se sont succédé jusqu’à présent. C’est pour ça que maintenant que nous sommes aux affaires du pays, il faut qu’on apporte une réponse catégorique et très claire à ce secteur d’activité » indique Antony Geros, président de l’APF.
La reprise des négociations est suspendue aux conclusions du comité de majorité. Et si les transporteurs se veulent rassurants, la Fédération des rassemblements syndicats des transports en commun en Polynésie française, elle, prévient : le mouvement pourrait se durcir dans les heures qui viennent.