Plus de 200 grévistes de la FRAAP ont convergé ce matin vers l’assemblée de Polynésie. Si le dialogue est rompu depuis vendredi dernier avec le président du Pays, les représentants de la fonction publique territoriale se sont tourné vers le président de l’assemblée, Antony Géros. Un interlocuteur qui a rapidement donné son accord pour les recevoir : « Je l’ai déjà rencontré plusieurs fois, et cela a toujours été dans des conditions très cordiales, avec un état d’esprit d’ouverture » indique Jean-Paul Urima, secrétaire général de la FRAAP
Une heure de réunion aura permis à la délégation d’exposer ses revendications. À la sortie, le leader le FRAAP était visiblement satisfait : « Cela s’est très bien passé. (…) Antony Géros a été très sensible à nos explications, à nos interrogations, du comment, du pourquoi… Il nous a assuré qu’il tiendrait un comité de majorité cet après-midi pour soumettre la question à l’attention des élus du Pays. (…) J’espère qu’il (Moetai Brotherson, Ndlr) prend tout cela au sérieux. Si ce n’est pas le cas, là, franchement, il y a un péril en la demeure. (…) La situation est assez grave, quand même. Il attend quoi, que tout s’arrête dans ce Pays ? Ce que nous recherchons, c’est de pouvoir engager des négociations et c’est le premier point de notre préavis de grève ».
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Le comité de majorité est censé recueillir les avis sur les principaux points de blocages : « Il y a beaucoup d’idées reçues sur ce mouvement de grève. On dit que c’est la grève des pompiers, mais c’est faux. C’est la grève de la fonction publique polynésienne. On dit que tout ne tourne qu’autour de ce point d’indice, mais je rappelle qu’il y a 18 points de revendication et dans ces 18 points de revendication, il y a aussi le droit des fonctionnaires à se soigner décemment, à pouvoir faire en sorte que leurs enfants puissent se soigner décemment. On a aussi une demande légitime de mettre en place l’équivalent d’un comité d’entreprise, non pas pour enrichir les fonctionnaires, mais pour qu’ils puissent aussi bénéficier par exemple d’un accès plus facile à la culture ou des choses comme ça. Des choses évidentes qui existent partout ailleurs, dans les EPIC, dans les EPA, dans les boîtes privées, mais que les fonctionnaires n’ont pas » explique Jean-Gabriel Rousseau, représentant de la FRAAP à la Direction des Transports Terrestes.
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Pour ce leader syndical, l’espoir du retour au dialogue avec le gouvernement est essentiel pour sortir de l’impasse : « J’ai constaté que le ministre de la fonction publique était une personne très ouverte, très constructive. Mon ministre de tutelle, il est aussi une personne accessible. Je trouve étonnant que le président, qui est le reflet de cette majorité, ne le soit pas. J’espère qu’il reviendra négocier avec nous. C’est vraiment le président qui doit ouvrir le dialogue sur ce point-là, je ne vois pas qui d’autre. Donc jusqu’ici, comme c’était bloqué, on n’a pas eu d’autre choix que de se tourner vers le président de l’Assemblée, cette fois, qui, lui, a fait l’objet d’une écoute attentive. (…) Je crois que le message a été clair depuis le début, on essaie de nous impressionner, de nous intimider en nous traitant d’enfants gâtés, en menaçant les pompiers de représailles par une autorité étrangère. Là, je crois que vraiment, je m’adresse à tous les syndicats en leur disant attention les amis, notre droit de grève qui est fondamentalement reconnu par la constitution est menacé. Donc je pense qu’il appartient à chacun de se mobiliser et de se fédérer autour de ce mouvement pour faire valoir nos droits ».
Et d’ajouter : « L’objet de tout conflit, l’objet du droit de grève, c’est de négocier avec son patron, en l’occurrence là, c’est le président de la Polynésie, pour qu’il puisse entendre la détresse de ses fonctionnaires. On est conscient que ce n’est peut-être pas tous les fonctionnaires qui sont dans la détresse, mais une bonne partie en tout cas. (…) Il faut savoir une chose, c’est que la FRAAP n’est absolument pas affiliée à quelque parti politique que ce soit. Nous avons une attitude neutre. Ce qui compte, c’est l’intérêt des fonctionnaires en général. Donc moi, je vois dans ce mouvement l’expression d’une population. La fonction publique polynésienne, c’est 9 900 agents, en termes généraux. Plus particulièrement, 5 500 pour la fonction publique territoriale. Quand on voit que cette fonction publique territoriale gagne -en gros- 40% en moins que les autres services publics du Pays, je me dis qu’il y a quand même un sacré problème, quoi, et un gros sentiment d’injustice ».
En fin d’après-midi, Tematai Le Gayic, représentant à l’APF, annonçait que le comité de majorité soutenait l’action du gouvernement et invitait « la FRAAP, en responsabilité, à rejoindre la table des négociations pour finaliser la sortie de grève ». Une conclusion qui ne devrait pas réjouir les représentants de la fonction publique territoriale.