Vous l’avez peut-être déjà vu sur Tiktok avec sa guitare Harley Benton noire et son bob griffé d’un shaka, ce signe de main popularisé par les surfeurs. Certaines de ses vidéos dépassent la centaine de milliers de vues, la plus populaire culminant à un flatteur 209 000 vues. Awakiland, Hauariki Tetoka à l’état civil, a un talent plutôt original : celui de reproduire, à l’oreille, des mélodies sur son instrument fétiche après seulement quelques écoutes. Une recette simple mais qui fonctionne : avec plus de 12 000 abonnés à son compte, le jeune homme de 17 ans a trouvé une niche sur une plateforme où le temps d’attention est ultra-court et la concurrence rude.
Originaire de Raroia dans les Tuamotu, Hauariki n’a pas tout de suite taquiné la gratte, même si son papa, animateur à la paroisse chrétienne, en a une à la maison. Ce n’est qu’au collège de Makemo, en cinquième, qu’il découvre son don. « Je voyais plein de copains qui savaient bien jouer, mais je ne jouais pas encore. Ce qui m’a débloqué, c’est un surveillant. Lui, il était trop fort. Tout de suite, je me suis dit qu’il fallait le surpasser » .
Chaque soir, son modèle joue devant les internes à la tombée de la nuit. Hauariki saute dans le train. Il se met à jouer petit à petit, et ne tarde pas à trouver un style de prédilection : les arpèges, une façon de jouer « mélodique, apaisante« , qui fera sa marque de fabrique un peu plus tard. En même temps que la souplesse de sa main se développe son oreille, plus attentive, plus fine. Il se décide à explorer des registres différents.
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« Un truc en plus »
« Au début, je faisais essentiellement des reprises de chansons que j’avais entendues au collège, comme tout le monde quoi. Ensuite, je me suis mis à reproduire des chansons plus internationales, en anglais » , explique-t-il. La première vidéo uploadée sur son compte Tiktok est une version en arpèges du tube « Stereo heart » de Gim Class Heroes ft. Adam Levine. Pas encore de mise en scène et de montage calibré pour Tiktok, mais les prémices du talent sont là.
« Je voulais juste partager ma passion, parce que j’avais un ami, il jouait aussi, et il a trouvé que j’avais un truc en plus, du coup on s’est dits ‘pourquoi pas partager au moins ce que je peux faire’ ? « . Son acolyte lui file un coup de main pour tourner ses vidéos, lui donne des conseils et s’adapte aux codes de la plateforme, où une recette originale régulièrement répétée fonctionne très bien. Ils commencent à se mettre en scène pour capter l’attention, à jouer les musiques suggérées dans les commentaires.
Motivé par le soutien de sa communauté naissante, il explore un nouveau concept avec son duo. La formule est rodée : on tombe sur awakiland en pleine rue, on lui fait écouter un morceau pour qu’il le joue, et le musicien fait le reste, façon jukebox. Tout de suite, les vues explosent : plus de 40 000 ajourd’hui.
Bien sûr, au début, Hauariki connaît les morceaux et les prépare avant chaque tournage. Mais peu à peu, à force de travail, il acquiert une bonne connaissance de sa guitare et peut suivre une mélodie à l’oreille. Les reprises lui viennent naturellement, il ne lui faut que peu de temps pour identifier une tendance et la faire sienne. Quand le phénomène Puachoux s’empare de la Polynésie, il saute sur l’occasion pour proposer une version. Sa vidéo lui apporte son plus gros buzz jusqu’ici. Mais Hauariki l’assure : il joue avant tout pour son plaisir personnel, pas pour les statistiques de son compte. Sa vidéo hommage au créateur de Dragon Ball Akira Toriyama témoigne d’une passion qui ne l’a jamais quitté, même si la préparation du bac l’a un peu éloigné des réseaux sociaux.
Les études avant la passion
« Mon activité dépend aussi du nombre de personnes qui regardent mes vidéos, ça va tellement vite. J’ai pensé à me projeter, mais ça ne dépend pas que de moi, même si je reçois beaucoup de soutien, il y a le bac à la fin de l’année ! J’essaie de me donner au maximum dans mes études, en priorité. Avant la passion, après, on verra » , glisse le jeune homme, lycéen à Papara. Le bac, un sésame incontournable qu’il veut décrocher pour ses parents, restés dans les Tuamotu.
Hauariki envisage de poursuivre ses études dans l’informatique. Quoi qu’il fasse, il se sait soutenu par les membres de sa famille, followers les plus assidus de sa page. « Ils m’encouragent dans les deux, les études et la guitare. Et puis, même si je ne sais pas exactement ce que je ferai, j’ai encore le temps » , sourit-il.