Hao inaugure sa compagnie du RSMA

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La 4e compagnie du RSMA de Hao a été inaugurée mercredi matin. Les Tuamotu étaient le seul archipel où il n'était pas implanté. 20 volontaires constituent la première cohorte. Ils espèrent se former dans des domaines comme l'éco-tourisme, la mécanique nautique et la restauration. La réhabilitation est en marche sur l'atoll.

Publié le 27/10/2022 à 11:22 - Mise à jour le 27/10/2022 à 13:14

La 4e compagnie du RSMA de Hao a été inaugurée mercredi matin. Les Tuamotu étaient le seul archipel où il n'était pas implanté. 20 volontaires constituent la première cohorte. Ils espèrent se former dans des domaines comme l'éco-tourisme, la mécanique nautique et la restauration. La réhabilitation est en marche sur l'atoll.


L’ouverture du RSMA à Hao était des plus attendues. La moitié de l’île a fait le déplacement pour accueillir l’importante délégation. « Emmanuel Macron l’avait promis en juillet 2021, et moins de 16 mois plus tard, c’est chose faite. Il y a maintenant une vingtaine de stagiaire du RSMA qui sont présents ici et qui s’initient aux métiers de l’éco-tourisme ou de l’agriculture dans les pays chauds. (…) La majorité des stagiaires a le sentiment qu’ils ont une deuxième chance unique à ne pas louper. Malgré la dureté de la formation militaire, 88% vont jusqu’au bout de la formation. 4 stagiaires sur 5 trouvent un emploi à l’issue, alors même qu’en rentrant au RSMA, ils avaient des difficultés à lire ou à écrire » explique Eric Spitz, haut-commissaire de la République en Polynésie française.

Et le haut-commissaire est confiant : « Il y a eu une réunion mardi pour fixer un plan de réhabilitation des terrains. Il faut savoir qu’il y a 10 zones à dépolluer. Il y en aurait déjà au moins 2, voire 4, qui se seraient dépolluées par elles-mêmes. La nature a fait son œuvre. Par ailleurs, il y a des projets d’implantation pour un meilleur accueil des touristes. Pourquoi pas du carénage pour les touristes ? Du photovoltaique également. Les élèves seront formés dans des filières pour atteindre une forme d’autosuffisance alimentaire. Il y a de la vanille qui va être plantée par les élèves. Si l’éco-tourisme se développe, ils seront formés aux métiers de la restauration et des services. On est sur le bon chemin ».

À l’occasion de l’inauguration du RSMA, la caporal chef, Vaihere Tuteamaru, originaire des Tuamotu, a reçu la médaille de bronze de la défense nationale. Une fierté pour l’enfant de Hao. (Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Cette première promotion fait la part belle au Paumotu, comme le stagiaire Ah-Yin Chong qui vient de l’île de Raraka : « Il n’y a pas beaucoup de travail là-bas, à part le coprah, la pêche… Je voulais changer. (…) J’aimerais intégrer l’armée de l’air en tant que cuistot. J’apprends un nouveau métier. C’est bien de pouvoir rester aux Tuamotu. Ici, il y a beaucoup de monde par rapport à chez moi. Quand j’aurai fini ma formation, j’espère travailler. Je suis fier pour la famille et mon île, d’avoir été retenu. Je me sens bien ici. Je veux montrer à ma famille que j’ai changé ».

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« Je suis de Hao. J’ai toujours voulu être gendarme, mais aujourd’hui, je veux intégrer la marine. Ici, la plupart des jeunes s’en vont en métropole ou ailleurs car ici, c’est dur d’avoir du travail. Ca forge le caractère, cette expérience. C’est aussi un moyen de prendre confiance en soi. Et puis c’est plus facile d’étudier avec la famille autour. Mon objectif : avoir mon permis, acquérir de nouvelles connaissances » confie encore Emmanuel, une stagiaire. je voulais venir ici pour mon fils. « Je ne voulais plus dépendre de mes grands-parents. A la sortie, là, je pourrai avoir un travail. (…) Je voulais travailler dans l’hôtellerie, mais ce n’est pas facile avec un enfant. Ici, le plus difficile, c’est de sortir. Je ne connais personne, je reste à la compagnie. Je me suis fait quelques copines. Mon objectif : trouver un travail stable » ajoute Sabrina Tiatoa, stagiaire originaire de Raiatea.

Jimmy Ebb , encadrant, originaire des Tuamotu (Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

« J’ai la casquette de chef de section. Je gère les agents de restauration et d’agriculture en région chaude. Nous sommes 9 cadres. On a 7 jeunes originaires de Hao, 14 viennent des Tuamotu. Je pense que ce sont des jeunes qui ont besoin d’être encadrés et formés. Ils sont volontaires. Ils ont passé le permis B à Arue. Je suis originaire de Raraka, donc cela me facilite la tâche avec les jeunes, au niveau du contact avec eux, du quotidien, je sais comment ils ont grandi, je connais les problèmes d’eau aux Tuamotu. C’est à nous de jouer maintenant. Rendez-vous à la sortie pour leur trouver des contrats, début mai 2023. (…) Je sais d’où viennent ces jeunes, je suis fier de les former, je suis heureux d’avoir une mission chez moi, au Tuamotu » indique Jimmy Ebb, instructeur.

« Installer une compagnie à Hao, cela a été un vrai défi. C’est un défi qui nous anime encore aujourd’hui »

Fabrice Avenel, responsable du Régiment de service militaire adapté en Polynésie

Le service militaire adapté est implanté à Hiva Oa, Tubuai et Arue. Les Tuamotu-Gambier viennent compléter l’offre. « Les jeunes qui viennent ici vont avoir une formation qui a pour vocation de les rendre autonomes dans différents domaines : pour la production de repas avec les agens polyvalents de restauration qui vont apprendre à cuisiner et à servir. Et une fois qu’ils auront terminé cette formation, ils passeront sur une autre, sur l’agriculture dans les régions chaudes. Ils produisent, et donc après ils transforment pour pouvoir ultérieurement les vendre. Ils ont obtenu un permis véhicules lourds et ils vont aussi avoir une formation pour obtenir un permis côtier. En juillet 2023, on ouvrira une filière pour la gestion d’éco lodge, et une autre dans le domaine des énergies renouvelables et de la mécanique nautique » précise Fabrice Avenel, responsable du Régiment de service militaire adapté en Polynésie. Et de poursuivre : « Installer une compagnie à Hao, cela a été un vrai défi. C’est un défi qui nous anime encore aujourd’hui. Il a fallu bien comprendre ce qu’on nous demandait. On a eu la chance de trouver des installations déjà disponibles, et un conseil municipal actif. Cela nous a facilité l’installation ».

« Les jeunes, au début, ils manquaient de confiance en eux. Mais depuis, des liens se sont crées. Ils sont volontaires, ils nous apprennent des choses. Il y a de la réciprocité. Ils vont tous repartir en ayant appris quelque chose, et on espère qu’ils mettront tout cela en pratique professionnellement et dans leurs familles. C’est positif » – Lionnel Malatier, commandant de la CFP 4 (Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

C’est l’ancienne école maternelle qui accueille les locaux provisoires : des dortoirs neufs et une salle de cours ont été emménagés. Le plus compliqué à mettre en place reste les points d’eau : « Il s’agit de trouver l’eau nécessaire sans peser sur les réserves de la population. Pour le moment, on s’appuie un peu sur le collège, mais on a développé notre propre système. A terme, il est prévu que la compagnie se dote d’un osmoseur pour faciliter la question de l’eau. Dans cette compagnie, vous avez 9 cadres. 6 volontaires techniciens. 1 professeur et une vingtaine de stagiaires. La plupart viennent des Tuamotu, mais le recrutement est large. Les jeunes qui viennent ici vont avoir une formation qui va les rendre autonomes » ajoute Fabrice Avenel.

Yseult Butcher, maire de Hao (Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Cette unité marque un tournant dans la réhabilitation de l’île : « Je trouve ça bien, parce qu’économiquement parlant, il y a tout qui va se relancer. Depuis que l’armée avait quitté Hao, il n’y avait plus rien. Et peut-être que demain, d’autres investisseurs viendront se réjouit Yseult Butcher, maire de Hao. Quand aux investisseurs du project aquacole, la tanava n’en sait pas plus : « Pour l’instant, je ne sais pas du tout. Je me consacre à mes futurs projets, j’avance. Je n’attends plus après les Chinois. D’autres investisseurs sont venus, mais pour l’instant, je ne peux rien dire. Je suis vraiment contente, et je vois que les jeunes sont heureux. Pour la population aussi, c’est positif. Hao revit. On a l’ouverture prochaine du lotissement, il va y avoir la dépollution des terrains… Le nom donné au RSMA : « Te nuku maraurau », signifie : C’est un endroit vivant, une place de village, un lieu où l’on vit en communauté« .

Il faudra attendre 2024 pour que les locaux définitifs installés sur la route de l’aéroport soient achevés. À terme, chaque année, ce sont une centaine de volontaires qui bénéficieront d’une formation professionnalisante.

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