Air Tahiti a béni ce jeudi matin l’ATR 72 loué à Air Calédonie. Avec cette location, la compagnie renforce ses capacités d’exploitation. La flotte compte désormais 12 appareils, et en aura 13 en décembre puisqu’un nouvel ATR sera réceptionné. « C’est l’aboutissement d’un projet de 4-5 mois de réflexion, de négociation. La raison essentielle de l’arrivée de ce nouvel appareil dans notre flotte et dans notre exploitation, c’est la multiplication, au cours de 2024 et 2025, des grandes visites de nos appareils » explique Edouard Wong Fat, directeur général d’Air Tahiti.
Si la compagnie maintient le cap avec un programme d’investissement de 16 milliards de Fcfp pour l’achat d’appareils neufs et d’équipements pour les pistes, son directeur ne cache pas son inquiétude sur l’état du marché domestique. Alors qu’Air Moana traverse de grosses turbulences après un an et demi d’activité, Air Tahiti, compagnie leader historique du fenua accumule elle aussi des pertes financières : « Ce que je retiens, ce sont des mots comme incertitude, turbulence, angoisse. Angoisse parce qu’une société anonyme de droit privé comme Air Tahiti peut disparaître demain à force d’accumuler les pertes. Je rappelle que la perte de 2023 d’Air Tahiti a été de 2,3 milliards. La perte courante de 2024 sera de nouveau de l’ordre de 2 milliards. Et une société de droit privé ne peut pas se permettre durablement de perdre autant d’argent. Angoisse aussi parce que derrière l’entreprise, il y a des hommes et des femmes. (…) Air Tahiti, c’est 1 600 salariés répartis dans l’ensemble des archipels« .
Et sur les 48 pistes du réseau, toutes ne permettent pas de remplir les avions. Sur un micromarché dont la taille est aussi vaste que l’Europe, les compagnies font face à de fortes contraintes opérationnelles. Avec la concurrence, les prix ont forcément été revus à la baisse. Dans ce contexte, Air Tahiti a vu ses coefficients de remplissage s’effondrer sur certaines destinations. Des taux qui restent également bas chez Air Moana. « Le marché polynésien est un marché unique au monde. C’est un micro-marché qu’on exerce avec des contraintes opérationnelles très fortes. On a 48 pistes qui ne sont pas toutes en capacité d’accueillir nos avions en pleine capacité. On est aussi très loin de tout. (…) Et on a des prix bas, c’est le reflet d’un excès d’offres par rapport à la demande. On a des coefficients au moyen de remplissage qui se sont effondrées chez Air Tahiti, et qui sont très bas chez notre confrère ».
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À noter que si Air Moana poursuit actuellement toujours ses opérations, les actionnaires semblent avoir laissé un sursis de quelques jours à la compagnie. Un conseil d’administration s’est tenu hier jeudi.