Jessica Chin Foo, entre les Etats-Unis et Tahiti, elle oeuvre au développement d’écosystèmes d’innovation

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Elle voit grand pour les entreprises innovantes du fenua. Jessica Chin Foo travaille entre les États-Unis et Tahiti. Elle accompagne depuis plusieurs années les acteurs de l'innovation et espère bien voir un jour les sart-ups polynésiennes briller sur le continent américain et pourquoi pas participer au CES, événement majeur du secteur de l'innovation.

Publié le 08/03/2025 à 17:15 - Mise à jour le 08/03/2025 à 17:42

Elle voit grand pour les entreprises innovantes du fenua. Jessica Chin Foo travaille entre les États-Unis et Tahiti. Elle accompagne depuis plusieurs années les acteurs de l'innovation et espère bien voir un jour les sart-ups polynésiennes briller sur le continent américain et pourquoi pas participer au CES, événement majeur du secteur de l'innovation.

Son histoire est profondément ancrée au fenua. Née aux Etats-Unis où elle habite en partie aujourd’hui, Jessica Vaitiare Chin Foo a grandi à Tahiti, pays de ses « tupuna ». « Mon arrière-grand-père maternel est venu ici vers 1900, et il a fait partie des premiers chinois ici, qui ont fondé la première association philanthropique pour la communauté chinoise. Cela a permis à la communauté chinoise d’avoir des droits, pour qu’ils n’aient pas que des numéros mais des noms, qu’ils puissent faire leurs rites etc. » Sa mère est née à Pape’ete mais termine ses études aux Etats-Unis où Jessica voit le jour. Et c’est au fenua qu’elle fait ses premiers pas. « J’étais la première américaine tahitienne de notre branche. Mais entre mes parents, ça n’a pas fonctionné donc ils se sont rentrés quand j’étais encore newborn. J’ai grandi chez ma grand-mère maternelle, avec ma mère, mon grand-père, mon tonton… »

À 17 ans, soutenue par ses grands-parents, elle profite de sa double nationalité pour se rendre au pays de l’Oncle Sam poursuivre ses études. Son diplôme en gestion économique de l’environnement et des ressources naturelles en poche, elle intègre une start-up dans l’immobilier. Là, les choses bougent rapidement. « On a changé trois fois de bureaux, j’ai changé de poste et j’ai bien vu que je voulais avoir plus de connaissances. J’ai donc arrêté mon travail pour suivre un MBA plus global. Et en même temps que je faisais mon MBA, j’ai ouvert une patente, pour faire du consulting. Je travaillais pour l’association du Small Business Administration de Sacramento dans leur programme 8(a) qui est un programme qui aide les entrepreneurs issus de minorités comme les Amérindiens, les femmes de couleur etc. »

Après l’obtention de son MBA, elle intègre la mission économique de l’ambassade de France aux Etats-Unis comme chargée de développement CleanTech.

« Ma mémé me dit toujours que je ne suis pas un poisson qui reste, je ne suis pas un nato qui reste dans la rivière« 

En 2009, elle revient brièvement travailler au fenua comme conseillère technique au ministère de l’Energie. Jessica n’oublie pas son pays. Après cette expérience, elle poursuit ses aller retours entre les iles et le continent américain. « Ma mémé me dit toujours que je ne suis pas un poisson qui reste, je ne suis pas un nato qui reste dans la rivière, plaisante-t-elle. Elle me dit tu es un saumon, tu as besoin d’aller dans la grande mer, de revenir et toujours savoir de quelle rivière tu viens. »

Au fenua ou ailleurs, partout où ses activités la portent, elle contribue à développer des écosystèmes d’innovation. « Quand je parle de l’écosystème de l’innovation, il y a plusieurs choses : des entrepreneurs, des startups, des fonds, les institutions gouvernementales et public, et des étudiants et des universités. Et après, tu as des personnes qui ont juste envie d’œuvrer dans cet écosystème, et d’être appuyées. Il y a tout un développement d’écosystème d’innovation. Depuis mon retour sur Tahiti en Juillet 2024, je fais beaucoup de marketing, opérationnel tout en restant dans le développement d’écosystème d’innovation. Ici, je soutiens une famille qui lance son projet hôtelier sur Moorea en intégrant de la technologie pour faciliter les reservations et l’expérience client.

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Accompagner les start ups polynésiennes

Depuis 2020, Jessica fait partie de la French Tech Polynésie. Elle est également mentor pour les startups de l’incubateur Prism. À l’origine d’un pavillon africain au CES cette année, Jessica espère bien voir un jour des entreprises du fenua dans ce grand événement de la tech. « Pour cette année, j’avais sollicité les membres de la French Tech Polynesie pour monter une délégation polynésienne au CES. Je pense que ce n’était pas dans les priorités. Parce que le marché américain, il faut être prêt aussi. »

L’année dernière, Jessica a monté Manos Capital dans la Silicon Valley, un fond d’investissement axé sur les startups qui développe des solutions répondant à une des 17 objectifs de développement durables. « Depuis que je suis rentrée dans le fonds, je me suis dit que j’allais être plus active. Être un pont pour la Polynésie. »

Pour elle, le fenua pourrait devenir un véritable pôle d’innovation. Mais les schémas directeurs et les visions ne suffisent pas : « il faut avoir des personnes qui vont vraiment exécuter et avoir un impact. Il faut vraiment développer un écosystème et avoir des partenaires qui vont collaborer intelligemment et le porter. On fait beaucoup de choses avec la France, mais géographiquement, pourquoi on va si loin ? (…) Nouméa, c’est à 2 heures de l’Australie. Nous, on est à 5 heures de Nouméa et de la Nouvelle Zealande. Après, il y a nos frères à Samoa. Je pense que c’est une idée. On a une culture similaire. On est des océaniens. Il y en a qui ont eu des opportunités d’aller à l’étranger, de développer des compétences et des réseaux qu’ils peuvent apporter, mettons tout le monde autour d’une table sur quelque chose qui est concret et faisons en sorte que ça aboutisse.”

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