JO 2024 : Le collectif Mata Ara ia Teahupoo appelle à marcher contre la future tour des juges

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Une tour "surdimensionnée" par rapport à sa fonction, des travaux qui menacent la biodiversité, et aucune étude préalable... Des habitants de la Presqu'île protestent contre la construction de la nouvelle tour des juges en prévision des JO2024. Ils marcheront ce dimanche pour tenter de se faire entendre.

Publié le 09/10/2023 à 16:10 - Mise à jour le 09/10/2023 à 17:46

Une tour "surdimensionnée" par rapport à sa fonction, des travaux qui menacent la biodiversité, et aucune étude préalable... Des habitants de la Presqu'île protestent contre la construction de la nouvelle tour des juges en prévision des JO2024. Ils marcheront ce dimanche pour tenter de se faire entendre.

Son coût avait fait parler : la nouvelle tour des juges prévue à l’occasion de l’épreuve de surf des JO2024 à Teahupoo devrait coûter 527 millions de Fcfp. Mais c’est plus l’impact environnemental que l’aspect financier qui fait frémir certains habitants de la Presqu’ile. Ils étaient réunis ce lundi. « Inquiétude, c’est le mot qui résume notre réunion d’aujourd’hui. On a envie de limiter la casse, confie Tahurai Henry, surfeur et habitant de la Presqu’île. Depuis le début, ce ne sont que des travaux destructeurs, pollueurs. Et quand on voit que les mêmes sociétés vont se charger de la construction de la tour, ça fait peur. Je ne fais pas confiance à ces sociétés ».

Depuis l’annonce du déroulement de l’épreuve en Polynésie, État et Pays mettent en avant le respect de l’environnement. « L’ambition de 2024, c’est justement de respecter cet endroit, déclarait lors d’une visite au fenua Tony Estanguet, président du comité organisateur des Jeux. On ne veut pas dénaturer cet endroit qui doit rester au plus près de ce qu’il était. Donc, nous, on veut se « caler » sur ce qui est déjà mis en place par la WSL. »

« On a envie de limiter la casse »

Tahurai Henry, surfeur et habitant de la Presqu’île

Mais la nouvelle tour, en aluminium, comportera trois étages, une salle climatisée pour les serveurs internet alimentée par un câble sous-marin, mais aussi un WC avec un système d’évacuation raccordé à une canalisation. Le collectif Mata Ara ia Teahupoo (composé de l’association de protection du fenua aihere Vai ara no Teahupoo et de plusieurs surfeurs) avance qu’aucune étude d’impact environnementale n’a été réalisée et donc aucune évaluation « des risques encourus par la biodiversité marine ni préconisation aux entreprises devant effectuer les travaux sous-marins ».

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La mise en place de cette tour nécessitera aussi 12 plots sous-marins en béton armé maintenus par des micropieux métalliques enfoncés dans le platier.

Ces informations ont été données lors d’une réunion publique le 15 septembre dernier. Censée rassurer la population, elle n’a visiblement pas eu l’effet escompté. Les habitants et les surfeurs dénoncent l’absence de concertation, l’absence de transparence et l’absence de la direction de l’Environnement dans la gestion du dossier.

« On ne voit pas l’utilité d’un changement radical pour 4 jours de compétition qui ne reviendront plus jamais à Tahiti sur le site de Teahupoo » déclare Tahurai. Néanmoins, il reconnait que l’organisation de la réunion était une bonne chose : « On a changé de gouvernement. Madame Temarii a été super de nous organiser cette réunion. Elle a quand même montré pas mal de transparence par rapport à l’ancien gouvernement. C’était sympa de sa part (…) mais on apprend encore des choses à même pas un an de la compétition. C’est aberrant. (…) Et le sujet qui fait le plus peur, c’est cette tour avec cette alimentation qui partira sur des centaines de mètres (…) C’est un tuyau en fonte et ce n’est pas un métal souple. Ça va passer en plein dans les coraux, ça va détruire les coraux même si on nous dit que non. »

La ministre des Sports Nahema Temarii déclare avoir reçu les « parties prenantes qui intègrent les chantiers ». « Maintenant qu’on a terminé ces réunions où j’ai demandé l’ensemble des éléments (…) il est question de faire la même chose et d’associer les associations (…) et de leur présenter les travaux ».

La ministre annonce qu’une deuxième réunion publique devrait se tenir. « J’ai bien compris que janvier, c’est un peu tard, donc il faut qu’on réfléchisse à tenir une seconde réunion d’ici la fin de ‘l’année pour revenir avec des éléments de réponse. Retourner les voir sans que ça n’est avancé, ça ne m’intéresse pas. Ça ne serait pas constructif ».

La ministre rappelle que le nouveau gouvernement a hérité du dossier : « Ça va fâcher certains et c’est la réalité, mais on hérite du fait que les prédécesseurs n’ont pas fait preuve de transparence. Effectivement, il aurait fallu, à un moment donné peut-être, qu’au-delà des tavana qui sont associés depuis le départ à l’ensemble des décisions, qu’on identifie des référents issus directement de la population. »

« On n’a pas de marge de manoeuvre »

Nahema Temarii, ministre des Sports

Sur l’aspect environnemental, la ministre déclare que des bureaux d’études environnementaux ont été contactés. « On a demandé à des bureaux d’étude environnementaux de nous faire des propositions pour engager une mission d’assistance à ouvrage. Ça voudrait dire qu’un bureau environnemental pourrait être déployé sur l’ensemble des chantiers qui relèvent de ma tutelle pour veiller à ce que tout soit respecté. » Elle explique également que la Diren sera bien associée, désormais, au projet.

S’ils protestent, les membres du collectif proposent aussi des solutions : utiliser la tour en bois déjà existante, avoir recours à une alimentation photovoltaïque par centrale flottante, utiliser les Wifi pour les transmissions d’images, utiliser des toilettes sèches, mais aussi réduire le nombre de personnes à bord de la plateforme.

Mais faire marche arrière serait « dangereux » selon la ministre. « En ne respectant pas les délais de livraison imposés, on remet en cause la bonne teneur des Jeux olympiques et derrière, il y a une flopée d’amendes, ça ne permet pas à l’organisation de se retourner (…) On n’a pas de marge de manœuvre. C’est-à-dire que si on fait marche arrière, on va prendre l’argent du Pays et aller financer ailleurs. »

Le collectif organise une marche ce dimanche à Teahupoo, entre la mairie et le pk0.

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