Un soin comme chez l’esthéticienne. Poema réalise une mise en beauté digne des grands soirs du Heiva. Mais pour la jeune mère de famille, cela s’apparente davantage à une thérapie.
« Il faut prendre soin de soi. Pendant les traitements, avec les chimiothérapies et la radiothérapie, on a beaucoup d’impacts au niveau du physique et du mental. Se faire chouchouter par les maquilleuses, se faire faire les ongles, se faire masser, cela fait du bien au moral et du bien à soi-même », témoigne la jeune femme atteinte d’un cancer et qui est membre de l’association Amazones Pacific. Avec la maladie, sa « vie a changé » mais, paradoxalement, elle dit y avoir pris « goût ».
Esthéticienne professionnelle, Anaïg anime un atelier bien-être pour soutenir les femmes impactées par le cancer. Elle a rejoint les rangs de l’association pour se « sentir utile ».
– PUBLICITE –
« Je sentais que ces femmes avaient besoin de retrouver leur féminité. C’est dur la période de cancer. Elles ne sont plus femmes. Je me suis dit : ‘peut être qu’avec mon savoir, je vais pouvoir les aider‘ », explique-t-elle. Et d’ajouter : « c’est un moment de partage car on ne fait pas que ça. Et elles aiment ça (…) On est là pour les soutenir, les aider ».
Tereva, coiffeur de profession, c’est lui aussi investi : « J’ai vécu cette maladie avec ma belle-mère qui est touchée. Perdre ses cheveux, c’est dur car en Polynésie, les cheveux représentent la beauté de la femme. Elles viennent me voir pour se détendre. Certaines s’endorment pendant le massage. On leur fait des soins capillaires pour revitaliser leur cuir chevelu. Elles ont besoin qu’on prenne soin d’elles ».
« C’est un petit peu un sas »
Les cancers mènent malheureusement bien souvent à une perte du lien social. Créée il y a cinq ans, l’association Amazone Pacific œuvre pour changer le regard sur la maladie. « C’est vraiment ce message que l’on veut faire passer : prenez soin de vous, allez voir les médecins et faites-vous suivre. L’important, c’est d’être vraiment bien dans son corps », souligne sa présidente, Marie-Christine Seroux.
Celle-ci invite toutes les femmes malades à se rapprocher de l’association. « On propose des soins de support. Des soins qui vont améliorer la qualité de vie du patient d’un point de vue physique, psychologique et social (…) L’association leur permet de sortir de chez elles, de s’épanouir et de rencontrer d’autres patientes (…) On permet aux femmes d’avoir un lieu hors hôpital, c’est un petit peu un sas ». Amazone Pacific dispose également d’un fonds d’accessoires comprenant des prothèses capillaires ou mammaires qu’elle met à disposition.
Véritable coordinateur des actions et initiatives autour de la maladie, l’Institut du cancer propose également des animations sportives et dansantes. D’ici 2025, la structure devrait se développer et s’équiper pour permettre de limiter les évacuations sanitaires, autre facteur d’isolement pour les malades.