Ils sont acteurs, experts ou témoins de cette période de l’histoire : au total, 64 personnes ont déjà été auditionnées par les 31 députés de la commission. Mais pour aller plus loin sur les conséquences du CEP, c’est tout naturellement qu’ils poursuivent leurs auditions au fenua.
« Pour nous, il était absolument inconcevable de poursuivre nos travaux de la commission d’enquête parlementaire sans venir sur place, affirme Didier Le Gac, député et président de la commission d’enquête sur le nucléaire. Et on n’est pas déçus puisque le contact est différent lorsque nous sommes ici dans le territoire, dans le pays avec les acteurs juste en face de nous. »
Un déplacement qui n’avait pas pu se faire l’année dernière avec la mise en place de la commission, en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale. Un acte manqué certes, mais qui aura permis aux membres de cette commission de s’aguerrir sur ce sujet sensible. « J’ai bien senti que les membres de la Commission étaient beaucoup plus fins, précis dans leurs questions et plus attentifs dans leur écoute face à nos réponses parce qu’ils s’acculturent au sujet. Donc, je pense que ce temps perdu ne l’a pas été« , estime le professeur Renaud Meltz, historien.
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Aujourd’hui les membres de la commission souhaitent maintenir le rythme des auditions. Une course contre la montre pour produire des conclusions avant une éventuelle nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. « Madame la rapporteure devra remettre son rapport avec le 14 juin donc il n’est pas possible qu’il y ait une dissolution avant, assure Didier Le Gac. De ce côté-là je tiens vraiment à rassurer tous ceux qui se posent des questions. Cette fois, la commission ira bien jusqu’au bout. »
Un rapport qui pourrait remettre en question la loi Morin. « On voit bien que la loi Morin a été à la fois une avancée sur un plan symbolique et a, en fait, généré presque plus de frustrations et de problèmes qu’elle n’en a réglé, estime Renaud Meltz. Donc une loi qui est peut-être mal conçue au départ est difficile à amender. Elle a déjà connu de nombreux amendements en termes de décrets. Parfois, il vaut mieux défaire complétement et recommencer. »
Si ces conclusions dépendent de certaines auditions, les associations de victimes des essais nucléaires sont optimistes sur certaines révélations. Pour Léna Normand, vice-présidente de l’association 193, « l’important à retenir, c’est que durant ces auditions, les scientifiques eux-mêmes ont déclaré sous serment que ce 1 millisievert n’était qu’un seuil de gestion, un seuil administratif pour départager. Ça justifie pleinement la suppression de ce seuil dosimétrique. »
Pour recueillir de nouveaux témoignages, la délégation partira dès demain sur les anciens sites du CEP de Moruroa et Hao.
Si vous-même souhaitez témoigner face à cette commission, il est possible de vous faire connaitre par mail avant le 27 mars, à l’adresse suivante : [email protected]