Rien de tel que de percer l’abcès pour repartir sur de bonnes bases. Les échanges de courrier entre la CPS et les professionnels de santé sur la question des arrêts maladies avec « sorties autorisées » auront au moins permis aux deux parties de reprendre une communication jusque-là quasi inexistante. C’est en tout cas ce qu’il ressort de la rencontre organisée lundi soir dans une logique d’apaisement. « Pendant très longtemps il n’y a pas eu de communication entre la CPS et les médecins, aujourd’hui il a été décidé de rétablir ce pont dans l’intérêt des patients, de la médecine et des patients » rapporte le président du conseil de l’ordre des médecins, Nedim Al Wardi. « Nous avons tous un intérêt communs qui est d’assurer la santé des Polynésiens ».
Conséquence d’une diffusion vertigineuse du Delta en Polynésie, le nombre d’arrêts de travail atteint des sommets : jusqu’à 3 000 par jour, contre 4 000 en temps normal. Devant l’envolée, la CPS s’est émue dans un courrier à l’attention des médecins libéraux. Courrier dans lequel son médecin chef du contrôle médical annonce des contrôles « intensifiés », exhortant les médecins « à respecter les dispositions conventionnelles » au risque de s’exposer à des « mesures (…) pouvant aller jusqu’au déconventionnement”. Le ton jugé « comminatoire » et « malvenu » de la lettre a été très mal reçu par le destinataire. Le Conseil de l’ordre des médecins s’est donc fendue à son tour d’une missive à l’attention de l’envoyeur. Prenant la défense des médecins déjà « soumis à de multiples pressions », le conseil a fermement dénoncé « de telles menaces, qui surviennent de surcroît dans un contexte de surmenage de certains confrères parfois eux-mêmes touchés par la maladie ».
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Au lendemain de la rencontre, le directeur de la CPS, Vincent Fabre, reconnaît quelques « maladresses » du côté de la Caisse, mais « surtout un manque de préparation et d’échanges ». « La CPS ne cherchait pas, au travers des courriers qui ont été transmis aux médecins, à les remettre en question ni à perturber une profession qui aujourd’hui est sur le front ». Il n’est donc « pas question de manquer de respect » au travail des médecins plus que jamais au centre du cyclone sanitaire. « Les médecins nous ont à juste titre rappelé qu’il peut y avoir des cas particuliers ou des éléments de contexte qui les conduisent à produire des arrêts maladie » concède le directeur, persuadé d’avoir au travers de la réunion d’hier, « gommé les incompréhensions et aujourd’hui on repart sur des bases de coopération saines et constructives ».
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Rappel des règles relatives à la prescription d’arrêts maladie, mise au point au sujet des autorisations de sortie, retours du terrain des médecins : plusieurs points ont été éclaircis. « On a pu aborder ensemble, sereinement et en totale collaboration, l’ensemble des points qui méritaient d’être éclaircis, notamment les règles qui doivent prévaloir pour produire des arrêts maladie notamment dans le cadre des cas contact » résume le directeur. Mais le point fort de la rencontre d’hier concerne surtout le rétablissement d’une convention collective des médecins, inexistante depuis 2012. Pas de doute pour le président du conseil de l’ordre, cette convention « permettra de mettre en avant le syndicat des médecins, de donner un interlocuteur à la CPS », en l’occurrence le syndicat des médecins. « La CPS n’aura plus besoin d’aller chercher tous les médecins séparément. (…) Et comme ils ne pouvaient pas le faire (…) ils prenaient des décisions unilatérales ». D’où les désaccords « récurrents, importants et profonds » entre les deux parties rapporte Nédim Al Wardi. « Le retour de la convention collective va permettre de rétablir des relations saines entre la CPS et les médecins à travers un interlocuteur unique qui sera le syndicat des médecins ».
De son côté, Patrick Galenon, membre du conseil d’administration de la CPS, salue le rétablissement de la convention collective.