Le Cesec prépare un rapport pour mieux lutter contre la pauvreté

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Maiana Bambridge, membre du Cesec, s’est rendue en métropole pour livrer au Conseil Economique Social et Environnemental (Cese) les premiers éléments des travaux sur la pauvreté en Polynésie française. Cette auto-saisine validée au mois de février est toujours en cours de réalisation. Mais les premiers éléments permettent de mieux appréhender les problématiques qui entourent le phénomène de pauvreté. Maiana Bambridge était l'invitée de notre journal lundi.

Publié le 21/05/2024 à 14:16 - Mise à jour le 21/05/2024 à 15:22

Maiana Bambridge, membre du Cesec, s’est rendue en métropole pour livrer au Conseil Economique Social et Environnemental (Cese) les premiers éléments des travaux sur la pauvreté en Polynésie française. Cette auto-saisine validée au mois de février est toujours en cours de réalisation. Mais les premiers éléments permettent de mieux appréhender les problématiques qui entourent le phénomène de pauvreté. Maiana Bambridge était l'invitée de notre journal lundi.

Tahiti Nui Télévision : vous œuvrez dans des associations depuis des années, vous allez sur le terrain très régulièrement, la pauvreté en Polynésie, c’est un fléau qui ne cesse d’empirer au fil des ans…
Maiana Bambridge, représentante de la Fédération des organismes socio-éducatifs au Cesec :  « Oui, effectivement, ce que nous constatons, nous qui sommes sur le terrain depuis plus de 30 ans, 35 ans pour certains, pour d’autres 40 ans, c’est que le phénomène de pauvreté s’amplifie. Il s’amplifie et nous sommes aujourd’hui accompagnés des familles, des enfants, des personnes à la rue qui sont de plus en plus nombreux et à tel point que dans nos structures d’accueil de jeunes, nous n’avons plus de place. Il y a une file d’attente et c’est insupportable pour des gens comme nous qui sont depuis plus de 30 ans sur le terrain et qui tentent de colmater les brèches de la société. » 

TNTV : La pauvreté et les inégalités en Polynésie, vous l’avez dit, sont assez prononcées. Pourtant, étonnamment, il n’y a pas d’étude statistique, de données réellement à jour sur le sujet. C’est quelque chose que vous déplorez, peut-être même qui vous empêche de travailler convenablement ?
Maiana Bambridge : « Oui, alors nous avons à disposition des chiffres qui sont ceux de l’ISPF, donc le service territorial local. Les derniers datent de 2015, donc c’est tout de même assez ancien. (…) Ce sont des chiffres qui ne sont pas tenus à jour régulièrement et nous souhaiterions, nous, les gens de terrain, pouvoir disposer de chiffres plus actuels et beaucoup plus globaux de manière régulière. Et ce que nous observons sur le terrain ne correspond pas forcément à la réalité des chiffres officiels que nous avons. »

TNTV : Votre autosaisine est intitulée « La Polynésie française, une société à deux vitesses vers un modèle social plus juste ». 17 séances au Cesec qui ont été annoncées au mois de février. Des séances au cours desquelles vous devez recevoir différents organismes et différentes associations. Où en êtes-vous aujourd’hui ? 
Maiana Bambridge : « Alors aujourd’hui, nous sommes à une 11 ou 12 séances. Nous avons reçu des personnes de très, très grande qualité de sphères différentes, de l’éducation, de fondations locales, d’associations. Il ne manque que la fiscalité que nous allons faire très bientôt. Et ensuite, nous allons pouvoir produire notre rapport dans le courant du mois de juin. Il faut le temps de rédiger, mais les invités que nous avons reçus sont d’une telle richesse et d’une telle précision, sans langue de bois, avec le constat du terrain, avec les préconisations du terrain. Nous sommes vraiment fiers de pouvoir sortir un rapport qui convienne ou pas à tous. Le problème est de constater, de dire ce qu’il y a et de faire des propositions. »  

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TNTV : Vous avez déjà des pistes de réflexion à pouvoir nous annoncer ce soir, ou il est encore trop tôt ? 
Maiana Bambridge : « Non, ce n’est pas qu’il est trop tôt. Nous avons des pistes, nous avons même des écrits, nous avons avancé dans la rédaction du rapport, sauf que, évidemment, on le réserve aux membres du Cesec plutôt, excusez-moi, qu’à vous. »

TNTV : La pauvreté au Fenua, ça fait des années qu’on en parle, ce n’est pas une nouvelle problématique. Selon vous, est-ce que les institutions, que ce soit le gouvernement, l’Assemblée ou alors le Cesec se saisissent suffisamment de cette question ? 
Maiana Bambridge : « Nous sommes les premiers, donc la troisième institution du territoire, à se saisir de la problématique de la pauvreté. La pauvreté n’était pas le mot qui nous convenait réellement, mais il fallait bien en trouver un. C’était plutôt les inégalités, les difficultés des familles, mais il fallait trouver un nom. Ce n’est pas forcément ce titre qu’il sera retenu in fine, mais il veut bien dire ce que ça veut dire. Aucune autre institution à notre connaissance, que ce soit l’assemblée qui a le pouvoir de proposer des délibérations ou des lois de Pays, qui a le pouvoir de proposer des textes sur les sujets qui lui conviennent, ni les gouvernements ne l’ont fait jusqu’à présent. » 

TNTV : Comment expliquez-vous ça, vous avez une raison en tête ? 
Maiana Bambridge :
« Un manque peut-être, je ne dirais pas de volonté parce qu’ils sont tous sur le terrain et ils connaissent tous les problématiques, mais un manque probablement de priorité. Les priorités sont ailleurs.« 

TNTV : Vous venez tout juste de rentrer dans des placements en métropole et vous repartez dans dix jours pour être auditionné. Ce sera encore en sujet en lien avec la Polynésie, mais pas celui de la pauvreté. Est-ce que vous pouvez nous sentir plus ? 
Maiana Bambridge :
« Oui, alors je serais auditionnée par la Commission nationale des adoptions, qui est une émanation d’une structure qui interroge et qui fait des propositions à l’exécutif sur l’adoption en général internationale en France métropolitaineet ils ont été alertés par le faamu en Polynésie et l’adoption telle qu’elle existe en Polynésie, et ont trouvé ce sujet d’abord extrêmement riche, intéressant, et qui sort des sentiers battus. Et comme ils ne souhaitaient pas se tromper, ils voulaient savoir quelles étaient les conditions qui amenaient les familles à donner leur enfant, à faamu ou à donner en adoption. En fait quelque part, ça rejoint aussi le sujet pour lequel je viens de rentrer de Paris, (6:17) où j’ai passé quatre jours au Césé et au Cesec, et au Commission des Outre-mer, (6:25) et à la Commission nationale, au Comité national. (6:27) Ça rejoint quelque part ce sujet et donc quand ils m’ont sollicitée, bien évidemment que j’ai répondu présent. »

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